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TALLEMANT DES RÉAUX Gédéon

Publié le 15/10/2018

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TALLEMANT DES RÉAUX Gédéon (1619-1690). L’histoire littéraire tend à oublier Tallemant des Réaux, faute de parvenir à le classer. Conteur d’anecdotes parfois douteuses, honnête échotier, mémorialiste ou historien irremplaçable : la postérité s’entend mal à le définir. Pourtant les Historiettes sont abondamment citées dans la plupart des ouvrages se référant au XVIIe siècle, mais rarement traitées comme un ensemble. D’ailleurs, une longue période de silence, puis d’autocensure, fit que la première édition vraiment complète des Historiettes ne vit le jour qu’en 1960, grâce à Antoine Adam.

 

Le jeune Gédéon Tallemant voit le jour à La Rochelle dans une famille de banquiers huguenots. Il fait ses études à Bordeaux, puis du droit à Paris, où son père, dont la fortune ne cesse de croître, s’installe en 1634. Il ne s'intéresse guère aux affaires et mène la vie agréable d’un jeune homme aisé qui a du goût pour les arts. Il savait, dit-on, le latin, le grec, l’espagnol, l’italien. En 1638, il entreprend un voyage à Rome avec l’abbé de Retz. De retour à Paris, il poursuit sa vie nonchalante et curieuse. 

« entrepris une édition.

Ses Historiettes furent d'abord enterrées dans la bibliothèque de ses héritiers.

On com­ mence seule ment vers 1820 à parler de ce manuscrit composé entre 1657 et 1659 et comportant dans les mar­ ges des ajouts postérieurs.

La première édition, prudente et incomplète, ne paraît qu'en 1834-1835.

Bien des pas­ sages ont été supprimés, et elle fait pourtant scandale tant elle rem et en question les idées reçues sur le xv ne siècle.

Certains critiques y virent même un faux ou l'ouvrage d'une «imagination déréglée».

L'œuvre se présente sous forme d'une série de« mini­ biographies » de long ueur variable selon les personnages en cause, chacune d'elles n'ex cluant ni les renvois, ni les redites, ni les détours .

Tallemant mêle l'important et l'anecdotique, l'essentiel et l'accessoire- autant qu'on puisse en juger à partir de ce qui de me ure un brouillon nourri de nombreux ajouts.

En tête de l'ouvrage, Talle­ mant présente ainsi son projet : «J'appelle ce recueilles Hi storiettes parce que ce ne sont que petits Mémoires qui n'ont aucune liaison les uns avec les autres .

J'y observe seulement, en quelque sorte, la s uitte du temps, pour ne point faire de confusion [ ...

].

Je prétens dire le bien et le mal sans diss imuler la vérité, et sans me servir de ce qu'on trouve dans les histoire s et les mémoires imprimez».

Il ne dissimule rien, en effet, et on comprend qu'il ait pu choquer des historiens du xrxe siècle ou des espri ts sérieux qui y cherchaient - en vain -des syn­ thèses ou une organisation traditionnelle de l'informa ­ tion .

L'historiette consacrée à Louis XIII commence, par exemple, de la façon suivante : Louis Xlii fut marié encore enfant.

En s'allant coucher le soir de ses noces, il dit : Gar e, je m'en vais bien luy pisser dans le corps.

En effet, on dit qu'il n'y fit que de l'eau toute cla ire.

Ce qui n'em pêche pas Talle mant , ailleurs, de risquer des développements psychologiques gé néraux, ou des jug ements comme celui-ci p orté sur Henri IV : Il n'estoit ny trop libera l ny t rop reconnaissant.

Il ne louoit jamais les autres et se vantait comme un Gascon.

En recompense, on n'a jamais veu un prince plus humain ny qu i aimast plus son pe up le.

Les Historiettes souffrirent longtemps de leur mau­ vaise réputation ainsi que des éditions partielles, qui metta ient en valeur les portra its les plus galants.

A.

Adam réhabilitera Tallemant des Réaux en prouvant q ue son travail ne se limita pas -contrairement à ce que l'on crut longtemps - à une mise en ordre d'anecdo­ tes, de confidences ou de ragots.

Non négligeables, les témoignages directs ont été complétés (ou confirmés) par d'autres sources, formant une documentation écrite très complète; Tallemant a lu non seulement les historiens de son temps, mais aussi les textes inédits qui permettaient d 'in terroger leurs sources : libelle s, feuilles volantes, Mémoires, ouvrages circulant discrètement ou maintenus dan s l'omb re à cause de leur précision et de leur absence de respect pour 1' ordre existant.

En dépit de quelques erreurs inévitables, on peut considérer les Historiettes comme l'ouvrage d'un historien digne de foi et comme un témoignage d'une rare véracité sur les soixante pre­ mières années du xvif siècle.

On prend toujours beaucoup de plaisir et d'intérêt à lire l'œuvre de Tallemant.

L 'extrême richesse de ses informations et son absence de plan systématique per­ mettent une découverte de l'œuvre au gré de chacun : il y a beaucoup à butiner da n s l es Historiettes.

[Vo ir aussi M ÉMOIRES].

BIBLIOGRAPHIE Textes.

- De nombreux extraits des Historiettes ont contribué à faire à cet ouvrage la réputation d'un recueil semi-galant .

Le dernier choix en date est paru chez Ball and en 1986.

On compte deux éditions sérieuses, celle d'A ntoine Adam étant la seule comp l ète : Historiettes, éd.

documentaire établie par Georges Mongrédien, Pari s, 1932 -1934; les Historiettes, te~te intégral, établi et commenté par A.

Adam et G.

Delessault.

Paris.

Galli­ ma rd, Bibl.

de la P léiade, 1960.

La tragédie d'Œdip ~ a été éditée par Nelson Fiordaliso, Pescara, Libreria dell'Università, 1970.

A consu lter.

- Mary Beatrice Schwab, Patte ms in :rhe Structu ­ ral Elements of the «Historiettes», thèse, Univ.

of Kentucky , 1970, Diss.

Abstracts Intern., vol.

XXXII; W.V.

Wortley, Talle­ mant des Réaux, The Hague, Mouton, 1969.

Enfin; on peut se référer aux deux ouvrages d'Émile Magne, la JoyeU.se Jeunesse de Tallemant des Réa=.

Paris, 1921, et la Fin troublée de Talle- mant des Réaux, Paris, 1922.

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