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Thucydide

Publié le 18/04/2012

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thucydide

(gr. Thoukudidês, v. 465-395 av. J.-C.) Historien et homme politique grec. Nommé stratège d'Athènes, il est vaincu par une armée spartiate et doit s'exiler en Thrace. Il y rédige l'Histoire de la guerre du Péloponnèse, récit inachevé du conflit qu'il venait de vivre. Utilisant un style sobre et dense, Thucydide applique pour la première fois la méthode critique, en exposant consciencieusement les faits. Il démonte pour cela le processus chronologique des événements pour justifier telle bataille ou tel traité de paix. Sa description des personnages est si réaliste que des hommes d'Etat comme Périclès, Cléon et Alcibiade nous semblent aujourd'hui très proches. Considéré comme le premier historien au sens moderne du terme, et comme le premier auteur de prose grec, Thucydide a eu une influence essentielle dans l'évolution de l'historiographie moderne.

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: ~ 1 1 1fais il n'a pu vraiment mesurer l'importance du conflit, en déterminer les contours et les phases, peser la portée des événements décisifs qu'une fois la guerre achevée ou du moins lorsque prenaient corps dans la réalité les conséquences entrevues.

L'histoire de Thucydide a la superbe rigueur des prévisions après coup.

Devant l'inéluctable problème de la genèse d'une œuvre née au contact des événements, il faut admettre au moins que les vues de l'auteur se sont précisées non seule­ ment avec le cours des choses, mais aussi à mesure qu'il avançait lui-même dans le cours de son exposé, et qu'ainsi il a dû revenir à maintes reprises sur l'œuvre déjà élaborée, comme on le sent surtout au début de l'ouvrage, tandis que le dernier livre n'est encore qu'une ébauche.

Œuvre singulière par là comme par l'attitude d'impassible lucidité de l'auteur, attitude érigée d'emblée en méthode consciente ct qui définit pour nous l'attitude proprement historique, mais que rien n'annonce dans l'œuvre des prédécesseurs, dont aucun de ses successeurs n'a su retrouver la sérénité souveraine, et qui marque à vrai dire l'un des grands moments de la pensée humaine.

Au moment même où Hippocrate, rejetant les formules de la magic et de la superstition, applique au corps humain et à ses maladies l'observation méthodique des symptômes, des remèdes et des effets, Thucydide applique aux événements politiques, aux grands maux sociaux ct moraux, aux conflits de puissance d'où naissent les guerres, l'implacable diagnostic qui s'interdit légende, poésie, déclamation, pour éclairer de la seule ct sévère lumière de l'intelligence l'enchaînement naturel des phénomènes historiques.

:'\on plus embellir comme Homère, non plus conter comme Hérodote, mais seulement comprendre et faire comprendre; tirer de chaque é\·éncmcnt la su bstancc qui en fait nourriture de la pensée et permet à l'esprit à travers analogies et différences de retrouver les lois générales utilisables en d'autres temps et d'autres conditions; tel est le but de Thucydide.

Tel est le ressort de cet effort si neuf de composition pour reconstituer le tissu confus des faits en un texte perméable à l'intelligence, où sont distinguées des phases et surtout analysées des causes, où l'on discerne pour la première fois aux origines de la guerre le jeu des occasions, des prétextes, des causes immé­ diates et des causes profondes.

De là ces discours, vraisemblables plutôt qu'authentiques de l'aveu même d'un auteur si exigeant sur l'exactitude des faits, mais destinés à commenter et à éclairer ce texte en même temps qu'ils esquissent des figures dominantes ct font la part des volontés humaines dans le cours des événements.

De là cc souci d'une langue retrempée à neuf, où les termes essentiels sont définis, et cette tension de la pensée qui modèle la phrase, utilisant les ressources de la rhétorique ou les bousculant savamment pour faire des rappels, des opposi­ tions, des ruptures d'équilibre autant de moyens de pénétration de l'intelligence.

C'est ainsi que l'Histoire de la Guerre du Péloponnèse en ses trois phases, deux guerres encadrant une fausse paix, et ses grands épisodes, peste cl' Athènes, prise de Sphactérie, sac de ~Iélos, et surtout, coup de dé où Athènes joue son empire, la désastreuse expédition de Sicile, cette histoire écrite presque au jour le jour s'est aussitôt cristallisée dans sa forme immuable, ct demeure tout à la fois inaltérable témoignage, méthode de pensée, monument d'un généreux amour pour la patrie vaincue, mais aussi, comme l'a conçu Thucydide, leçon de toujours, lecture aussitôt retrouvée de nos grands capitaines, réservant à quiconque la reprend aux jours de crise, le saisissement d'une sorte de perpétuelle actualité.

PIERRE GUILLO~ .-lrzcierz .\lembre de l'Ecole d'Athènes Recteur de l'Académie .\! orztpe!! ier ---------. »

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