Étudiez les choix de Stephen Frears dans son adaptation du roman

« 13 2 plan contr e Bastide, un montage alterné présente la victim e, Cécile sortant des profon­ deurs du couvent, et les libertins figurant le couple maudit du film noir.

L'esthétique participe à la création d'une atmosphère étouffante : le resserrement de l'espace, le surcadrage le motif de la grille rappelé réguliè rement au couvent, dans la chapelle, dans le parc du château -, les gros plans avec faible profondeur de champ, la progres­ sion de l'ombre sur la lum ière contribuent à donner cette sensation de piège.

Frears varie les prises de vue : les visages vus de face sont ensuite saisis de prof il, trois quarts dos, rendant perceptible le danger des liaisons.

Des acteur s venus du théâtre Étape signifiante de l'adaptation, le choix des acteurs est commencé par Ch.

Hampton qui retient Glenn Close et John Malkovich pour leur formation théâ­ trale.

Les deux acteurs sont marqués par leurs précédents rôles : la première vient de tourner Liaison fatale d'Adrian Lyne (1987), où elle incarne une femme intellig ente et énergique ; Je second est connu comme acteur de composition.

Star hollywoo­ dienne, Michelle Pfeiffer doit choisir entre jouer la Marquise pour Milos Forman ou la Présidente chez Frears.

Ce dernier reconna ît qu' il préfère travailler avec des acteurs américains pour affirmer « la modernité du ton >>.

Rendant flou l'arrière -plan, il se concentre sur les visages.

Ill.

Déba ts autour de choix esthétiques Le débu t et la fin Dans l'esprit du roman épistolaire, le générique montrant une enveloppe tenue par des mains de femme, qui se tran sforme en lettre ouverte, s'impose par son effic acité.

Début et fin sont proposés par 1' équipe de travail.

L'ouv erture montrant les deux libertins à leur toilette en montage alterné est une initia tive du costumier James Hutchinson : elle met en lumiè re le jeu des apparences et la théâtralité des complices.

Le dénoue­ ment de Laclos étant commandé par la morale de l'époque, la fin fait l'objet de plu­ sieurs recherches.

Frears tente d'introduire la Révolution en imaginant la Marquise guillotin ée.

Une fois tournée, la scène paraît grandguignolesque.

C'est Glenn Close qui a l'idée de la scène de démaquillage, plus poignante et renforç ant J'unité du film.

La dimension Frears refuse de s'inspir er des toiles de Boucher (1703-1770) : c'est dire que la présence du corps n'est pas pour lui l'essentiel.

Il met en parallèle les deux scènes de perversion : Valmont écrivant sur Émilie transformée en pupit re ; Valmont servant d' écritoire à Cécile.

La scène d' amour entre la Présidente et Valmont, filmée en plans rapprochés, reste discrète.

La chute de Cécile, racontée dans Je roman par les deux protagonistes, pose problème.

D'abord tournée comme un viol, la scène est jugée trop réaliste et inconvenante par Frears, qui n'en retient que les prémisses.

De Laclos, Christopher Hampton retient surtout le jeu de l'intellig ence et des stratégies, la céré bralit é des libertins.

Incarné par des acteurs matures, à la dramatur­ gie puissante, le couple prend un relief saisissant.

Frears met en scène les relations comple xes du pouvoir et de la séduction, accentuant Je caractère sombre de cette fin de siècle.. »