La passion selon Louis Malle

Ondoyante et diverse, l’œuvre du réalisateur Louis Malle, mort le 23 novembre 1995,

n ’a cessé pendant quarante ans de surprendre et de susciter les réactions les plus contrastées. Du documentaire à la fiction, du classicisme à l’expérimentation, de la polémique au consensus, le cinéaste, en France comme aux États-Unis, a toujours refusé de se laisser enfermer dans une catégorie.

Il a dirigé les plus grandes stars et des inconnus, fait œuvre d’esthète et de citoyen engagé, récolté Palme d’or fie Monde du silence) et Lions d’or (Atlantic City, Au revoir les enfants), mais aussi sarcasmes et quolibets, pour avoir choqué la morale de son temps (les Amants, le Souffle au cœur). Amoureux du cinéma comme de la vie, il n’a cessé d’en explorer les profondeurs.

LIBERTÉ ET FIDÉLITÉ

Je ne trouverai jamais une idéologie, un système politique qui me donnent satisfaction. Mais j’ai une conviction intime: je ne serai jamais pour l’ordre établi. Malraux a écrit ” Tout homme actif et pessimiste à la fois est ou deviendra fasciste, sauf s’il a une fidélité derrière lui. \"Je suis actif et pessimiste, mais je sais aussi à quoi je suis fidèle : c’est ce matin de janvier 1944 où j’ai vu le jeune garçon juif qui était dans ma classe se lever à l’entrée des gestapistes et nous serrer la main l’un après l’autre en nous regardant dans les yeux.\"

Cité dans Louis Malle par Louis Malle, de Jacques Mallecot (Edition de l’Athanor, 1978).