Le Voleur de bicyclette 1948 Vittorio De Sica (1901-1974)

Le néo-réalisme

Alors que le Rome ville ouverte de Rossellini inaugurait en 1945 le néo-réalisme italien, c'est à De Sica et à son Voleur de bicy­clette que l'on doit la diffusion dans le public de cette nouvelle forme de cinéma. Dès 1948, il triompha dans le monde entier.

Basant son film sur un fait divers — quoi de plus anodin que le vol d'une bicyclette? — De Sica a voulu et réussi à donner l'impression qu'il montrait une tranche de vie prise sur le vif. Pour créer cette illusion du reportage neutre, il s'est refusé les effets sophistiqués, les plans et les cadrages savants. Il nous donne ce sentiment de «montrer la réalité« : foules omniprésentes, dialo­gues d'une sobriété toute quotidienne, récit mettant en évidence les actes simples qui «font« réalistes.

Quant aux acteurs, ce sont des non-professionnels : Lamberto Maggiorani, le personnage principal, a joué, dit-on, son propre rôle, étant lui-même chômeur dans la vie. De Sica refusa l'offre d'un producteur américain qui voulait lui imposer Gary Grant comme vedette! Et il fut même question un temps de confier le rôle à Jean Gabin : avec de tels monstres sacrés, le film n'aurait sans doute pas atteint la valeur de fresque sociale qu'il revêt avec des acteurs venus de la rue...