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Les Quatre cents coups: L’adolescence ne laisse un bon souvenir qu’aux adultes ayant mauvaise mémoire. François Truffaut

Publié le 19/03/2020

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«S’il y avait une thèse dans notre film, ce serait celle-ci : l’adolescence ne laisse un bon souvenir qu’aux adultes ayant mauvaise mémoire. A l’intérieur de cet âge difficile, la treizième année est celle de la poisse : découverte de l’injustice, premières curiosités sexuelles non satisfaites, désir trop précoce d’indépendance sociale et souvent désaffection familiale. Le décalage épouvantable entre l’univers des adolescents et celui des adultes est admirablement exprimé par cette phrase de Cocteau dans Les Enfants terribles : ‘La peine de mort n’existant pas dans les écoles, on renvoya Dargelos.’ Ainsi, lorsque j’avais treize ans, j’étais extrêmement impatient de devenir un adulte, afin de pouvoir commettre toutes sortes de fautes, ‘impunément’. Il me semblait que la vie d’un enfant ne fût. constituée que de ‘délits’ et celle d’un adulte que d’‘accidents’. Je jetais à l’égout les morceaux d’une assiette cassée alors qu’aujourd’hui je puis amuser mon entourage en racontant comment je suis entré en voiture dans un arbre. »

«Notre propos, dès le départ, fut de tracer le portrait d’un enfant qui ne serait ni un enfant malheureux ni un enfant gâté mais simplement un adolescent. »

«Tout ce que je peux dire, c’est que rien n’est inventé. Ce qui n’est pas arrivé à moi personnellement est arrivé à des gens que je connais, à des garçons de mon âge et même à des gens dont j’ai lu l’histoire dans les journaux. Rien ne vient de la fiction pure, mais ce n’est pas un film autobiographique complètement. »

(Télé-Ciné, n° 83, juillet 1959)

« 28 / ADOLESCENCE (et cinéma) • 3 est admirablement exprimé.par cette phrase de Cocteau dans Les Enfants terribles: 'La peine de mort n'existant · pas dans les écoles, on renvoya Dargelos.' Ainsi, lors­ que j'avais treize ans, j'étais extrêmement impatient de devenir un adulte, afin de pouvoir commettre toutes sortes de fautes, 'impunément'.

Il me semblait que la vie d'un enfant ne fût.

const,tuée que de 'délits' et celle d'un adulte que d"accidents'.

Je jetais à l'égout les morceaux d'une assiette cassée alors qu'aujourd'hui je puis amuser mon entourage en racontant comment je suis entré en voiture dans un arbre.

» ► Dans ce même article, Truffaut précise que son person­ nage, Antoine Doinel, n'est ni un enfant gâté ni un enfant maltraité; en tout état de cause, il« n'est pas traité du tout»: on le commande, on dispose de sa personne, à l'école comme à la maison, sans respecter le moins du monde ses goûts personnels.

Antoine Doinel est supposé avoir été gravement privé de soins affectifs jusqu'au seuil de l'adoles­ cence; il vit à la maison dans le mutisme et la terreur.

Où Truffaut a-t-il puisé son inspiration? Dans un autre entretien, il s'explique plus hardiment et invoque sa pro­ pre expérience : «Tout ce que je peux dire, c'est que rien n'est inventé.

Ce qui n'est pas arrivé à moi personnellement est arrivé à des gens que je connais, à des garçons de mon âge et même à des gens dont j'ai lu l'histoire dans les jour­ naux.

Rien ne vient de la fiction pure, mais ce n'est pas un film autobiographique complètement.

» (Télé-Ciné, n° 83, juillet 1959) Et Truffaut d'accumuler les informaéions, d'un entretien à l'autre, attestant la profonde parenté qui unit Antoine Doinel et lui-même.

Ainsi emprunte-t-il à son expérience familiale de nombreux faits qui s'appliquent à l'existence d'Antoine: disputes conjugales, solitude de l'enfant uni­ que, mensonges inventés par l'adolescent et destinés à couvrir l'école buissonnière ou les fugues.

Un entretien accordé par Truffaut à Radio-Canada, en décembre 1971, met directement en cause, cette fois, la conduite de sa mère:. »

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