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Renoir : entre fluidité et théâtralité

Publié le 05/12/2019

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l'impression de théâtralité, impression que nous tenterons de cerner à travers l'étude de la notion de « scène* » appliquée . au film et à travers l'analyse du jeu des acteurs.

 

Nous employons à dessein le terme de « scène » dans son acception théâtrale. Nous l'avons déjà dit, Renoir était un enthousiaste du théâtre. Par ailleurs, le cinéma était, à l'époque, encore mal dégagé du « modèle » théâtral, dont le prestige était toujours vivace. Quoi d'étonnant, dès lors, que certains codes théâtraux imprègnent le film de Renoir?

 

Le jeu d'oppositions et d'analogies entre les personnages, le jeu des couples qui se font et se défont évoquent d'emblée l'univers du théâtre. Mais il y a plus : Renoir tend à traiter certaines séquences* comme de véritables « scènes )) de théâtre. Il s'agit ici d'une question de point de vue*,, de situation de la caméra par rapport aux personnages.

 

Les moments « forts » du récit et les moments de pause sont en effet le plus souvent filmés en. caméra fixe, fronta-lement, selon un dispositif qui rappelle celui du théâtre : la caméra est située à la place du spectateur de théâtre, les acteurs jouant pour la caméra. C'est le cas, par exemple, du dialogue entre Mme Dufour et Henriette, assises sous le cerisier ; de la scène de délaçage. du corset ou de la conversation du groupe des femmes et des canotiers, assis en ligne sur l'herbe. Le cadrage* et la composition de certains plans*, traités en « tableaux )), en accentuent la théâtralité. D'ailleurs, d'une façon générale, le

Au cinéma, fluidité et naturel procèdent en grande partie des mouvements d'appareil et du montage*. D'une part, du montage « dans le plan », c'est-à-dire de la façon dont sont mises en scène simultanément plusieurs actions à l'intérieur d'un même plan*. D'autre part, du montage dans son acception courante d'assemblage de plans, la notion de raccord devenant ici primordiale.

 

Le plan-séquence (tournage d'une séquence* en un seul plan) est la technique qui reproduit le mieux le naturel des actions, dans la mesure où aucun effet de montage ne « fabrique » le réel. Mais, dans le cinéma français, il faut attendre la Nouvelle Vague (années 60) et son esthétique du naturel pour en voir systématiser l'utilisation.

Montage dans le plan

 

Les effets de montage dans le plan, dans le film de Renoir, sont très fréquents. Ils permettent, grâce au jeu de profondeur

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« de champ*, de« me ttre en scène » simul tanément plusieurs élémen ts -per sonna ges ou obje ts.

Ils mul tiplient ainsi les foyers d'ac tion, créa nt une impression de dynamisme et sug­ gér ant la diversité « natur elle >> des événements.

Lor sque Mme Dufour et Rod olphe, par exem ple, pas­ sent en yole au premier plan, l'autr e yole glisse en arrièr e­ plan, le mo uvement des deux yoles compensant la fix ité de la camér a.

Autr e exemple significatif : le plan*, en camér a fixe, où appar aissent en premier plan les cordes des escarpole ttes se balançant doucement en sens contr aire.

Au second.

plan, Henriette, son père, les deux canotiers, pu1s Anatole.

Anat ole et Dufour sor tent les pre­ mi ers du champ*, bientôt suivis par les trois autres qui s'éloignent en courant.

Là enc ore, la diversité des mouv e­ men ts anime le plan et lui confèr e un grand naturel.

Mon tage-ass ernblage de plans : nes raccor ds La fluidi té du mon tage*, au sens usuel d'« assembl age de plans », tient aux racco rds, c'es t-à-d ire à la façon dont on passe d'un plan à un autre.

Mis à part les quelq ues fon­ dus*, le mo ntage dans Partie de campagne se fait en coupe franche, sans transi tion.

Mais l'impression de dis­ conti nuité que donne la coupe fr anche est compens ée par le jeu des raccords qui assur ent une continu ité entr e un plan et l'a utre : ra ccor d sur le rega rd, ra ccord dans le mou­ ve ment.

Le raccor d sur le reg ard se fait chaque fois que le rega rd d'un person nage appelle un contre cham p*.

C'es t le cas de Rodo lphe contemplant Henriette sur la ba lançoir e, à ceci près que l'ordre est inversé (on voit d'abor d Henr iette, puis Rodol phe à la fenêtr e).

Quant au raccord dans le mou ­ ve ment , on en trouve un bel exe mple lorsq ue les cano tiers me ttent au point leur stratég ie de conquête.

Premier plan : ils entrent en cour ant dans le champ, au fond, de face, puis sor tent du champ, en prem ier plan, sur la droite .

Plan sui­ va nt : par un raccor d dans le mo uvement, la camér a les réc upère en plan rappr oché*, marchant et discu tant.

Le ra ccor d su ppri me l'effet de « bond » d'un plan à l'au tre et so uligne le natur el des mouvements.

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