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« La poésie est une religion sans espoir. » Jean Cocteau, Journal d'un inconnu. Commentez cette citation.

Publié le 24/02/2010

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Comme les religions, la poésie tend à l'universel par la communion des âmes et des esprits. Pourtant, contrairement à elles, la poésie n'annonce pas une vie éternelle et meilleure, mais un monde fini.

Peu nombreux sont les artistes qui peuvent se targuer d'être, à l'instar de Jean Cocteau (1889-1963), d'une géniale polyvalence. Parmi ses nombreux talents (il fut cinéaste, peintre, dessinateur, écrivain...), la poésie est celui qu'il va le plus exploiter vers la fin de son activité artistique, en parallèle avec une réflexion autobiographique intense. Il nous invite ici à considérer cette métaphore comparative qui caractérise cet aphorisme extrait de son Journal d'un inconnu : « La poésie est une religion sans espoir «.

De prime abord, celui-ci peut sembler saugrenu. La poésie apparaît en effet comme un art, certes très ancien (antiquité grecque), du langage mais profondément différent des religions. Les poètes s'attachent à exprimer avec lyrisme leurs sentiments généraux ou particuliers sur des sujets très variés. Les formes de la poésie sont également nombreuses et variées. Ce sont donc, placés sous l'égide de la liberté du poète, à des idées et des sentiments que nous avons à faire en poésie.

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« réalité sensible n'est, au regard de Platon, qu'une simple copie impropre d'une réalité plus haute (le monde desIdées), alors l'artiste fait une copie de ce « simulacre » de vérité, alimentant donc encore plus le dévoiement de lavérité en réalités toujours plus indignes.

Nous voyons là, par le biais de deux pensées opposées, la nature ambiguëdu poète.

Inspiration divine du créateur ou simple travail aliénant de copieur ? II) La solitude du poète Au-delà de cette polémique récurrente et irrésolue du statut du poète, Cocteau nous replace dans une négativité.Si la poésie est une « religion », celle-ci est sans espoir, nous dit-il... La parole du poète est-elle donc désespérée ? Pourquoi donc ? De quoi se désespère-t-elle ? La suite de son aphorisme nous met sur la voie : « Le poète s'y épuise en sachant que le chef-d'œuvre n'est, après tout, qu'un numéro de chien savant sur une terre peu solide. » Ce que veut nous faire entendre Cocteau, c'est que le poète est entièrement et éternellement mû par le désird'accomplir un chef-d'œuvre.

Mais à la manière de Sisyphe (roi mythique de la Grèce antique qui fut puni de sonarrogance par les dieux.

Ces derniers le condamnèrent à réitérer éternellement une tâche absurde et sans fin), lepoète « s'y épuise ».

Cette attitude fait résonner la célèbre œuvre poétique de Nietzsche ( Ainsi parlait Zarathoustra ), dans laquelle il nous donne à voir la négation qu'oppose la foule à la parole sacrée métaphorique et sage du prophète Zarathoustra).

Nietzsche opère ici une analogie entre le devenir de la parole de l'auteur et celledu prophète : éternellement incomprise par les hommes car de nature divine ! Dès lors l'image choisie par Nietzscheest celle du sage-poète-prophète isolé, seul, incompris de tous.

En cherchant le divin, le poète ne fait que semarginaliser d'avantage de la parole populaire. Cocteau va même plus loin dans le nihilisme puisqu'il admet la vanité et la stérilité de l'entreprise du poète : simple« numéro de chien sur une terre peu solide ».

Il nous rappelle ainsi que toute parole, si esthétique et profonde soit-elle, « glisse » sur un monde opaque et relatif, instable.

C'est l'ironie, si chère à Socrate, qui gouverne cette penséede Cocteau.

La poésie ne permet pas au poète d'accomplir son dessein, dire le monde, mais accentueprogressivement son sentiment d'être seul et vaniteux dans ses jeux verbaux. Conclusion Cocteau nous fait ici entendre une pensée cynique, dans laquelle le statut sacré du poète est nié dansl'expérience du doute et de la solitude de l'artiste face au monde. Mais cela ne nous fait pas oublier que le poète reste la figure emblématique de l'être engagé, au plus près dumonde et dans son observation critique, et qu'il est bien, comme le pensaient Heidegger ou Nietzsche,« dévoileur de vérité ».. »

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