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« L'intelligence est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie. » Henri Bergson, L'Évolution créatrice. Commentez cette citation.

Publié le 18/09/2009

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Contrairement à l'intuition, l'intelligence sèche et aride n'aide pas l'homme à comprendre les mystères des origines de la vie et de son évolution.

             Cette citation tirée de l’Evolution créatrice (1907), prend place au chapitre II notamment dans la sous-division portant sur les fonction primordiale de l’intelligence. Au sein de cet ouvrage Bergson s’interroge notamment sur notre compréhension du réel et de la vie. Comme le laisse transparaître son introduction, l’évolution nous montre que l’intelligence s’est développée jusqu’à l’homme comme une faculté de comprendre, annexe de la faculté d’agir, permettant ainsi une adaptation plus rapide et plus souple. Ainsi est-elle destinée à assurer l'insertion parfaite de notre corps dans son milieu, à se représenter les rapports des choses extérieures entre elles, enfin à penser la matière. Or n’est véritablement à son aise et chez elle qu’avec les objets inertes et les systèmes clos (1ère partie). Elle sépare le réel et découpe la durée. De là résulte alors que notre pensée, sous sa forme purement logique, est incapable de se représenter la vraie nature de la vie, la signification profonde du mouvement évolutif. En ce sens, l’intelligence est incapable de comprendre la vie. Cette incompréhension est naturelle. Dans ce cas, il ne faut pas blâmer l’intelligence mais bien saisir son rôle spécifique dans la conscience (2nd partie) et comprendre alors quelle fonction psychique permet l’attention à la vie (3ème partie).

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« II – La vie, la durée et naturalité de la « déficience » (?) de l'intelligence a) L'intelligence n'est pas modelée sur la vie c'est pour cela qu'elle ne réussit pas à la comprendre.

Au contraire,l'instinct lui a une origine commune avec la vie en tant que mouvement de l'évolution.

L'instinct est la continuité dela vie agissant de manière inconsciente en l'homme ou l'animal.

C'est donc vers l'intériorité que doit se saisir cetteattention à la vie : « C'est sur la forme même de la vie, au contraire, qu'est moulé l'instinct.

Tandis que l'intelligencetraite toutes choses mécaniquement, l'instinct procède, si l'on peut parler ainsi, organiquement.

Si la conscience quisommeille en lui se réveillait, s'il s'intériorisait en connaissance au lieu de s'extérioriser en action, si nous savionsl'interroger et s'il pouvait répondre, il nous livrerait les secrets les plus intimes de la vie.

Car il ne fait que continuerle travail par lequel la vie organise la matière, à tel point que nous ne saurions dire, comme on l'a montré biensouvent, où l'organisation finit et où l'instinct commence.

Quand le petit poulet brise sa coquille d'un coup de bec, ilagit par instinct, et pourtant il se borne à suivre le mouvement qui l'a porté à travers la vie embryonnaire.Inversement, au cours de la vie embryonnaire elle-même (surtout lorsque l'embryon vit librement sous forme delarve) bien des démarches s'accomplissent qu'il faut rapporter à l'instinct.

Les plus essentiels d'entre les instinctsprimaires sont donc réellement des processus vitaux ».b) Si l'intelligence est bien caractérisée par son incompréhension à la vie, il faut bien voir que celle-ci est naturelle.La naturalité de la déficience de l'intelligence est lui donc intrinsèque et essentielle.

Et c'est bien parce qu'elle doitavoir une prise sur l'action que l'intelligence entretient ce rapport avec la vie.

Cependant, cela ne signifie pas quel'intelligence et la vie soient dans un rapport d'exclusion.

L'intelligence n'est pas sans rapport avec la vie.

Elle aaccès à un aspect de la vie qui est l'action.

C'est pourquoi elle est essentiellement pragmatique et qu'elle négligetoute une partie de la vie : « L'aspect de la vie qui est accessible à notre intelligence, comme d'ailleurs aux sensque notre intelligence prolonge, est celui qui donne prise à notre action.

Il faut, pour que nous puissions modifier unobjet, que nous l'apercevions divisible et discontinu.

Du point de vue de la science positive, un progrès incomparablefut réalisé le jour où l'on résolut en cellules les tissus organisés ».c) Si l'intelligence ne développe pas d'intérêt à la vie, ou ne réussit pas à la comprendre c'est que son usage estessentiellement pragmatique, dirigée vers l'action ce qui suppose alors de sélectionner le réel et de transformer.

Ellene cherche pas à comprendre la vie mais simplement à l'utiliser c'est pourquoi elle transforme le vivant eninorganique à travers des systèmes clos afin de pouvoir les contrôler et d'y imprimer sa marque : « Ainsi, toutes lesforces élémentaires de l'intelligence tendent à transformer la matière en instrument d'action, c'est-à-dire, au sensétymologique du mot, en organe.

La vie, non contente de produire des organismes, voudrait leur donner commeappendice la matière inorganique elle-même, convertie en un immense organe par l'industrie de l'être vivant.

Telleest la tâche qu'elle assigne d'abord à l'intelligence.

C'est pourquoi l'intelligence se comporte invariablement encorecomme si elle était fascinée par la contemplation de la matière inerte.

Elle est la vie regardant au dehors,s'extériorisant par rapport à elle-même, adoptant en principe, pour les diriger en fait, les démarches de la natureinorganisée.

De là son étonnement quand elle se tourne vers le vivant et se trouve en face de l'organisation.

Quoiqu'elle fasse alors, elle résout l'organisé en inorganisé, car elle ne saurait, sans renverser sa direction naturelle etsans se tordre sur elle-même, penser la continuité vraie, la mobilité réelle, la compénétration réciproque et, pourtout dire, cette évolution créatrice qui est la vie ».

Transition : Ainsi l'intelligence marque son incompréhension à la vie dans son impossibilité de saisir la durée et le mouvementcontinue.

Cependant, cette incompréhension est naturelle et l'on ne doit chercher à la combler.

C'est plutôt versune autre faculté qu'il faut se tourner en vue de faire attention à la vie.

III – Valeur de l'intuition a) On pourrait effectivement penser qu'il faudrait essayer de se séparer de l'emprise de l'entendement del'intelligence et de l'entendement sur notre compréhension du réel.

Cependant, cette incompréhension de la vie pourl'intelligence lui est naturelle.

On ne peut rien faire pour l'atténuer, ni même essayer de transformer l'intelligence.

Iln'y a guère que la figure de l'artiste qui soit chez Bergson en dehors de cette hégémonie de l'intelligence ; Il est le seul en effet, à être capable de voir la vie dans son mouvement et sa continuité.

L'artiste est bien celui dont leregard et la perception ne sont pas dictés par l'intelligence dans son découpage du réel.

Il voit au-delà del'intelligence : « Qu'un effort de ce genre n'est pas impossible, c'est ce que démontre déjà l'existence, chezl'homme, d'une faculté esthétique à côté de la perception normale.

Notre œil aperçoit les traits de l'être vivant, maisjuxtaposés les uns aux autres et non pas organisés entre eux.

L'intention de la vie, le mouvement simple qui court àtravers les lignes, qui les lie les unes aux autres et leur donne une signification, lui échappe.

C'est cette intentionque l'artiste vise à ressaisir en se replaçant à l'intérieur de l'objet par une espèce de sympathie, en abaissant, parun effort d'intuition, la barrière que l'espace interpose entre lui et le modèle.

Il est vrai que cette intuitionesthétique, comme d'ailleurs la perception extérieure, n'atteint que l'individuel.

Mais on peut concevoir unerecherche orientée dans le même sens que l'art et qui prendrait pour objet la vie en général, de même que lascience physique, en suivant jusqu'au bout la direction marquée par la perception extérieure, prolonge en loisgénérales les faits individuels.

Sans doute, cette philosophie n'obtiendra jamais de son objet une connaissancecomparable à celle que la science a du sien ».b) Si l'intelligence est la faculté de découper le réel en des systèmes clos afin de les mesurer, de les étudier, de lesclassifier et de les saisir, l'intuition quant à elle est chez Bergson cette faculté qui est autre que l'intelligence.

Elle nous introduit à la vie et la durée.

Elle saisit les système ouvert, c'est-à-dire la vie même.

Elle est l'attention à la. »

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