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Nous sommes faits de la même étoffe que les songes et notre petite vie, un somme la parachève. Shakespeare, La Tempête. Commentez cette citation.

Publié le 17/01/2022

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► Moins universellement célèbre que Roméo et Juliette ou Hamlet, La Tempête constitue cependant l’un des sommets de l’œuvre shakespearienne.

Créée en 1611, c’est-à-dire pratiquement au terme de la carrière de son auteur, cette pièce, après les grands drames de la rupture et du déchirement, marque le temps de la sérénité et de la réconciliation. A la scène 1 de l’acte IV, le personnage principal, Prospéra, y déclare : « We are stuff as dreams are made on; and our little life is rounded with a sleep. »

Ces propos sont traduits, dans l’édition de la Pléiade, par: «Nous sommes faits de la même étoffe que les songes et notre petite vie, un somme la parachève. »

► On a voulu voir, et peut-être à juste titre, dans La Tempête comme le testament poétique de Shakespeare. L’histoire nous y est en effet contée d’un magicien, Prospéra, qui décide de renoncer à ses enchantements, de briser sa baguette et de noyer le livre où sont consignées les formules de son art.

« Cependant, dans la pièce, Prospéra s'assigne, avant d'abandonner ses pouvoirs, une dernière tâche: faire de l'île où il vit une sorte de monde fantastique où l'illusion et la réalité, inextricablement, se mêlent, la­ byrinthe initiatique où, d'artifice en enchantement, la voie de la sagesse est tracée pour les bons comme pour les méchants.

Dans cette île impossible, reflet des contrées utopiques que la Renaissance s'est plu à imaginer, la magie ai­ dant, la vie se révèle comme l'envers d'un rêve plus large dans lequel elle se perd: « [.

..

] our little life is rounded with a sleep.

» Mais cette équivalence de l'existence et du songe, pour Shakespeare, dépasse de beaucoup les limites étroites du domaine de Prospéra.

Toutes ses pièces disent l'in­ certitude d'un âge où rationnel et irrationnel ne se distinguent pas toujours clairement et où la nuit peut faire surgir les plus terrifiants des fantômes ou les plus malicieuses des fées.

Dans ces conditions, réel et imagi­ naire ne s'opposent plus mais se confondent.

La somme des images que nous préférons refouler dans le som­ meil et tenir pour insignifiantes se révèle comme la part la plus profonde et la plus inéluctable de nous-même, le tissu dont nous sommes faits, le milieu auquel nous sommes condamnés .

.,...

Shakespeare n'est bien entendu ni le premier ni le seul à affirmer cette équivalence de la vie et du rêve.

Eschyle (525-456 av.

J.-C.) dans Prométhée enchaîné parle de « la débile impuissance qui enchaîne comme dans un rêve l'aveugle race humaine».

Le grand drama­ turge espagnol Calderon affirme, pour reprendre le titre de l'une de ses pièces, que La Vie est un songe (1635).

Plus près de nous, Nerval déclare, dès la pre-. »

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