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"Tout mariage est une rencontre dramatique entre la nature et la culture, entre l'alliance et la parenté." Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, Commentez cette citation. ?

Publié le 13/04/2009

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mariage

Lévi-Strauss (Claude ) ■    Anthropologue né en 1908 à Bruxelles. Son approche des sociétés humaines est structuraliste, en ce qu'il s'attache à déchiffrer des structures invariantes du comportement social. ■    Il tient l'interdit de l'inceste comme l'acte culturel décisif qui fonde la vie sociale, dans la mesure où il témoigne de la règle de l'échange à l'œuvre dans toute société (échange des femmes entre les groupes).

Le mariage est la traduction culturelle de la sexualité, mais il est aussi l'expression d'un dépassement des rapports de parenté : en excluant l'inceste, les hommes choisissent une femme en dehors de leurs liens naturels (famille), privilégiant ainsi l'alliance, acte culturel par excellence, avec son cortège d'échanges symboliques. La famille n'est pas une invention de la nature mais de la culture. Ce n'est pas la seule nécessité qui conduit les êtres humains à vouloir vivre ensemble. D'autres facteurs comme le désir et la conscience jouent un rôle important et donnent à l'alliance une dimension culturelle qui dépasse l'ordre naturel.

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« du bonheur.

Le mariage en tant que fidélité ou souci de l'autre et un attachement, une appropriation qui est contrela nature de l'homme et contre son bien propre : « « Un insecte recherche un fleur […] soin analogue à celui aveclequel l'homme choisit pour la satisfaction de l'instinct sexuel une femme d'une nature déterminée adaptée à lasienne, et qu'il recherche si ardemment que souvent pour atteindre son but, et au mépris de tout bon sens, ilsacrifie le bonheur de sa vie par un mariage insensé, par des intrigues qui lui coûtent fortune, honneur et vie, mêmepar des crimes comme l'adultère et le viol, - tout cela uniquement pour servir l'espèce de la manière la plusappropriée et conformément à la volonté partout souveraine de la nature, même si c'est au détriment de l'individu.Partout en effet l'instinct agit comme d'après le concept d'une fin, alors que ce concept n'est pas du tout donné.

Lanature l'implante là où l'individu qui agit serait incapable de comprendre son but ou répugnerait à la poursuivre.

[…]Aussi, comme pour tout instinct, la vérité prend ici la forme de l'illusion, afin d'agir sur la volonté.

[…] Il s'imaginealors qu'il consacre tous ses efforts et tous ses sacrifices à son plaisir personnel, alors que tout cela n'a lieu quepour conserver le type normal et de l'espèce, ou même pour amener à l'existence une individualité tout à faitdéterminée, qui ne peut naître que de ces parents-là ».

Il s'agit alors comme il le dit d'un « mirage voluptueux »,nous ne tombons amoureux que par le jeu des instincts en vue de la perpétuation de l'espèce.

Autrement dit,l'amour est cet ensemble de comportements psychologiques et physico-moteurs dus aux développement dephéromones.

L'amour est alors une ruse de la nature afin que l'espèce continue à se perpétuer.

Et de ce point nouspourrions ajouter qu'il est contraire au bon fonctionnement de l'espèce de tomber amoureux et de se contenter d'unseul partenaire : du point de vue de l'espèce ce n'est pas rationnel.

Dans ce cas, le mariage est un enferment denotre nature : une prison sociale.b) Le personnage de Dom Juan de Molière comprend tout à fait cet aspect antisocial de sa conduite vis-à-vis des femmes notamment dans son refus du mariage.

Il est alors comme cet être naturel qui agit selon sa nature.

Et lanature n'a pas voulu la liaison éternelle d'un homme et d'une femme auquel cas, la reproduction sexuée ne seraitpossible qu'avec un seul partenaire.

Or en tant que l'homme est un animal et qu'il doit pourvoir à la diversité dumatériel génétique, il lui est alors quasi impératif comme les autres espèces de multiplier les rencontres génétiques.Il ne propose alors qu'une transgression du mariage : « DOM JUAN: Quoi? tu veux qu'on se lie à demeurer au premierobjet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne? La belle chose devouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sajeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux! Non, non: la constance n'est bonne quepour des ridicules; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première ne doitpoint dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos cours.

Pour moi, la beauté me ravitpartout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne.

J'ai beau être engagé,l'amour que j'ai pour une belle n'engage point mon âme à faire injustice aux autres; je conserve des yeux pour voir lemérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige.

Quoi qu'il en soit, je nepuis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable; et dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dixmille, je les donnerais tous.

Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisirde l'amour est dans le changement.

On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d'unejeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait, à combattre par des transports, par des larmeset des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petitesrésistances qu'elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur et la mener doucement où nousavons envie de la faire venir.

Mais lorsqu'on en est maître une fois, il n'y a plus rien à dire ni rien à souhaiter; tout lebeau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour, si quelque objet nouveau nevient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d'une conquête à faire.

Enfin il n'est riende si doux que de triompher de la résistance d'une belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, quivolent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits.

Il n'est rien quipuisse arrêter l'impétuosité de mes désirs: je me sens un cœur à aimer toute la terre; et comme Alexandre, jesouhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses ».

Transition : Ainsi le mariage s'il est une institution social peut se percevoir comme contre-nature.

Pourtant, n'est-ce pas tropréducteur de considérer le mariage comme tranché entre nature et culture, c'est-à-dire comme contre-nature etentièrement social ? Ce jeu ne peut-il pas être autre que dramatique ? III – La valeur éthique du mariage comme conjonction du nature et du culturel a) S'il convient effectivement de dépasser l'analyse de Schopenhauer faisant du mariage, comme Dom Juan, unevaleur contre-naturelle, il convient bien de voir que contrairement aussi à Lévi-Strauss, on peut concevoir lemariage comme cette liaison éthique qui n'implique aucunement la liaison dramatique entre la nature et la culturemais bien ce lien spiritualisé du mariage.

Ainsi Hegel dans ses Principes de la Philosophie du droit montre bien que l'on se saurait réduire simplement le mariage à la contingence des sentiments.

En effet, on peut concevoir le mariage comme ce moment spirituel fondé sur une réciprocité affective.

Il s'agit de l'amour conscient de soi et nonplus du simple désir.

Le mariage ne se comprend pas alors comme une simple relation biologique animal : une simplerelation sexuelle.

La question déterminante du mariage n'est pas la simple survie de l'espèce sous la forme de lareproduction et de patrimoine génétique.

La relation est aussi culturelle et c'est pourquoi Hegel considère le mariagecomme une relation éthique.b) Le mariage est donc un lien éthique comme le développe Hegel dans ses Principes de la philosophie du droit §161-169.

Ce lien éthique est le fondement et ciment de la famille qui est le prémisse de la société.

Le mariage estun libre engagement.

L'attrait réciproque entre deux individualités ou la convenance des parents arrangeant unmariage n'est pas suffisante pour produire ce lien éthique intrinsèque et légitimant du mariage.

Tous ces aspects. »

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