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Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus Beaumarchais

Publié le 15/09/2015

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beaumarchais

«O Femme! femme! femme! créature faible et décevante!... Nul animal créé ne peut manquer à son destin; le tien est-il donc de tromper?... Après m’avoir obstinément refusé quand je l’en pressais devant sa maîtresse; à l’instant qu’elle me donne sa parole; au milieu même de la cérémonie... Il riait en lisant, le perfide! et moi comme un benêt!... Non Monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas... vous ne l’aurez pas. Parce que vous êtes un grand Seigneur, vous vous croyez un grand génie!... Noblesse, fortune, un rang, des places; tout cela rend si fier! Qu’avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu’on en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espa-gnes; et vous voulez jouter... »

beaumarchais

« 212 1 Noblesse un grand Seigneur, vous vous croyez un grand génie! •..

Noblesse, fortune, un rang, des places; tout cela rend si fier! Qu'avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus.

Du reste homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espa­ gnes; et vous voulez jouter ...

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Ces quelques lignes font apparaître le conflit qui opposait depuis longtemps la bourgeoisie et la no­ blesse.

Beaumarchais, qui commença dans la vie comme horloger, et sous le nom de Pierre-Augustin Caron, exprime par la bouche de Figaro les griefs de la bourgeoisie.

Cette classe se voit brimée dans son ascen­ sion par les privilèges des nobles.

Elle se heurte à une hiérarchie fondée sur des actions plus ou moins glorieu­ ses qui remontent parfois aux Croisades.

Avec obstina­ tion, elle réclame une transformation de la société qui fixerait le rang de chacun en fonction de son seul mé­ rite.

De ce fait, les écrivains soutenant cette thèse vont mettre en évidence le fait qu'il y a souvent un écart important entre la situation qu'occupent les nobles et leur valeur à la fois intellectuelle et morale.

Les idées exprimées par Figaro ne sont donc pas neu­ ves.

On avait déjà pu les rencontrer chez Marivaux, Chamfort, Rétif de La Bretonne, Saint-Evremond et même chez Molière.

Elles doivent surtout leur force au brillant de la formulation.

Le mariage de Figaro, dont la première eut lieu quatre ans avant le début de la Révolution française, dut ce­ pendant une part de son succès au fait qu'il s'y expri­ mait avec humour, mais aussi avec force, ce que tout le monde avait envie d'entendre.. »

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