ANTIQUAIRES ET ANTIQUITÉS

« alimente financièrement un marché de niveau international d'une importance économique cer­ taine, encore que difficile à chiffrer compte tenu de l'extrême discrétion dont il s'entoure.

Plus proche de nous ce •• marché de l'art '' fait vivre de nombreuses professions allant du sympathique brocanteur de campagne au restaurateur haute­ ment spécialisé en passant par le commissaire­ priseur, l'expert ou l'éditeur de revues d'art.

La notion d'antiquité La marchandise d'antiquité est, dans son ensemble , composée de ce que l'on appelle tradi­ tionnellement les « arts décoratifs " et elle suit par conséquent les grandes subdivisions de l'histoire générale de l'art dont elle constitue une branche mineure.

Pratiquement toute grande civilisation est pro­ ductrice d'antiquités.

Mais pour nous, Européens, ce sont bien évidemment nos propres antiquités qui occupent la place prépondérante.

Cependant dans la mesure où l'Occident européen a été une civilisation expansionniste et colonisatrice, nos arts décoratifs ont rencontré ceux d'autres peuples et de mutuelles influences bénéfiques se sont exer­ cées.

L'exemple chinois est à cet égard surprenant.

Ce sont les Portugais, grands voyageurs, qui les premiers rapportèrent en Europe les objets d'art, les porcelaines et les soieries d'un raffinement pré­ cieux fabriqués en Chine.

Tout au long des XVII" et XVIII• siècles ce goût ira en s'amplifiant.

Vol­ taire en célèbrera la mode : •• J'ai vu ce salon magnifique Moitié Turc et moitié Chinois Où le goût moderne et /'antique Sans se nuire ont suivi leurs lois " Mais ces influences sont l'occasion de nouvelles créations , de progrès, d'inventions.

Qui plus est, au cours de son évolution historique, l'Europe a appris à porter un autre regard sur des mondes qui lui apparaissaient, à l'origine, dénués de tout inté­ rêt.

L'art nègre n'a conquis sa place véritable qu'au xx· siècle; quant aux antiquités de la civili­ sation arabe ce n'est que depuis les affaires pétro­ lières qu'elles font, selon l'expression consacrée, la cote.

A vrai dire une définition rigoureuse de la notion d'antiquité n'est pas aisée.

Car dans les objets ayant plus de cent ans d'âge et assimilés, seuls ceux qui ont un caractère •• artistique " sont appréciés.

A tel point que des galeries parisiennes exposent parfois des œuvres ayant plus de cent ans mais à propos desquelles on parle exclusivement de style et d'école.

Cela signifie que l'idée d'école, et par voie de conséquence celle d'art, est en l'oc- currence prépondérante.

Enfin une analyse socio­ logique fait apparaître que la plupart des amateurs d'antiquités sont également sensibles à l'art contemporain.

Ils n'achètent pas de l'ancien parce qu'il est ancien, mais parce que celui-ci leur sem­ ble avoir une valeur artistique que le temps contri­ bue en partie à créer.

Ces objets que l'on appelle antiquités sont donc des biens considérés comme anciens et dignes d'intérêt artistique.

Cette défini­ tion reste donc toute relative puisque la qualité artistique procède d'un jugement subjectif et que certaines catégories de public pourront toujours valoriser des objets jugés auparavant anodins.

Compte tenu de l'extraordinaire champ d'ex­ ploration qui s'ouvre aujourd'hui à l'amateur d'art nous nous bornerons ici à fournir une intro­ duction à la connaissance des antiquités euro­ péennes parce qu'elles nous sont les plus proches et aussi les plus accessibles .

Mais là encore faudra­ t-il reconnaître les limites d'une telle présentation puisque chaque domaine (argenterie, peinture, tapisserie , mobilier, etc.) demanderait par pays et par époque une étude spécialisée.

Les plus grands experts, les plus connus des marchands lorsqu'ils ne sacrifient pas au personnage social qu'ils repré­ sentent se doivent de faire un constat d'ignorance et d'avoir la prudence pour règle.

Jacques Helft raconte l'aventure d'un confrère prétentieux qui avait attribué à Clodion une statuette en terre cuite de médiocre qualité.

Par l' intermédiaire d'un de ses amis , Edouard Bouet, à l'époque réputé comme le meilleur réparateur d'objets d'art de Paris , Jacques Helft décida de jouer un tour au prétendu •• expert '' · Bouet exécuta dans ses ate­ liers un surmoulage d'une bacchante de Clodion .

Peu après, comme par hasard, cette statue fut pré­ sentée au même personnage.

Une fois l'expertise faite, Bouet prit la statuette et la fracassa sous les yeux du •• monsieur qui ne se trompe jamais "· Parmi les débris il ramassa un tube de fer, à l'inté­ rieur un papier roulé portait la mention •• Bouet fecit 1923 "··· L'identification Ainsi la connaissance des antiquités est avant tout un problème d'identification.

C'est la recon­ naissance rigoureuse d'un style et d'une date de fabrication qui, conjugués, sont les critères de l'authenticité .

L 'étude des caractéristiques propre­ ment stylistiques appartient à l'histoire de l'art et peut être l'objet d'une étude théorique .

La connaissance de l'époque de fabrication, la data­ tion sont une affaire bien plus délicate qui ne dépend pas exclusivement d'un savoir livresque.

De plus en plus de nos jours les experts font appel à des procédés scientifiques : analyses chimiques,. »