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Aristide Briand par J.

Publié le 05/04/2015

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Aristide Briand par J. B. Duroselle Professeur à l'Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne La carrière politique d'Aristide Briand a coïncidé avec l'apogée de la IIIe République française, puis avec les débuts de son déclin. Né à Nantes le 28 mars 1862, il dut attendre l'âge de quarante ans avant d'être élu député. Mais, dans les trente années qui suivirent - il devait mourir à Paris en mars 1932 -, il joua un rôle primordial : ministre pendant dix-huit de ces années, dont cinq comme président du Conseil (avec les remaniements, on compte onze cabinets Briand). La IIIe République, malgré l'usage libéral du suffrage universel masculin, est fondamentalement un régime bourgeois. A l'exception de quelques Socialistes formés par le syndicalisme ouvrier, l'immense majorité des députés se recrute parmi les détenteurs du fameux " baccalauréat de l'enseignement secondaire ". Briand fut de ceux-là. Tandis que son contemporain et rival, le Lorrain Raymond Poincaré né deux ans avant lui, tandis que Joseph Caillaux, d'un an son cadet, étaient bourgeois de naissance, et arrivèrent aux fonctions ministérielles très jeunes et presque sans effort, Briand dut lutter avec énergie pour atteindre cet objectif. Il est le fils de Guillaume Briand, fils d'un meunier, qui tient, à Nantes, un estaminet fréquenté par les matelots. Sa mère avait été lingère dans un château du voisinage. De Nantes, ses parents se rendirent à Saint-Nazaire. Aristide suivit les classes d'une école primaire fréquentée par des fils de commerçants ; élève intelligent mais doué pour l'école buissonnière, Briand hanta le port, et acquit un amour passionné de la mer. Plus tard, il consacrera de longues vacances à des croisières, invité par des amis sur leurs yachts. A treize ans, ses parents l'inscrivirent au collège de Saint-Nazaire où, sans efforts, il tint régulièrement la tête de sa classe. Ceci lui permit d'obtenir, en 1878, une bourse pour le lycée de Nantes où il rejoignit des enfants de la bourgeoisie. Bachelier en 1881, clerc d'avoué, il se rendit à Paris en 1883 pour faire son droit. Il n'y mena pas la vie de bohème, comme tant de ses contemporains ; il ne fut pas besogneux ni affamé comme son compatriote et aîné, Jules Vallès. De ce séjour datent ses ambitions politiques. Surtout, Briand fait alors la connaissance du futur théoricien de la grève générale, son compatriote de Saint-Nazaire, Fernand Pelloutier, qui l'entraîne vers les idées d'extrême-gauche, au-delà des Radicaux Socialistes d'alors, dont un autre ancien élève du lycée de Nantes, Georges Clemenceau, était le chef redoutable et incontesté. Avocat au barreau de Saint-Nazaire, il y obtient tout de suite des succès, grâce à une éloquence prodigieuse qui va faire sa gloire : voix grave, sens de " l'action ", trouvailles éblouissantes, émotion. Sa carrière faillit être brisée par une aventure amoureuse que réprouvait la pruderie de l'époque. Il avait une liaison avec une femme mariée, Jeanne Girardeau, fille du commanditaire de la Démocratie de l'Ouest. Le 1er mai 1991, un commissaire de police les surprit en un lieu dit le " Pré de toutes aides " - nom qui devait ravir les chroniqueurs -, et ce fut un atroce scandale, d'autant plus qu'il y eut, en correctionnelle, un procès pour outrage public à la pudeur, qui valut à Briand la condamnation à un mois de prison, confirmé par la cour d'appel de Rennes. " Votre carrière est finie, et vous êtes déshonoré ", s'écria l'avocat général. Mais la Cour de cassation cassa le jugement, le renvoya devant la cour de Poitiers, qui acquitta Briand. Briand se lance à fond dans la politique. Il devient syndicaliste et socialiste ; pendant une dizaine d'années, il se déclare partisan de la grève générale que les Socialistes marxistes - en France les " Guesdistes " - réprouvaient. Réunions publiques, meetings, plaidoiries pour des syndicalistes, articles, participation active aux congrès d'extrême-gauche, rien ne permet de déceler dans le jeune militant le conciliateur né qu'il est au fond de lui-même. Tactique ? Plus probablement une attitude naturelle et sincère d'un homme qui se cherche et s'indigne des injustices sociales, notamment de celles dont il est victime, n'étant pas bourge...
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Duroselle Professeur à l'Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne. »

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