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Charles Nicolle 1866-1936 Charles Nicolle est né à Rouen en 1866.

Publié le 05/04/2015

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Charles Nicolle 1866-1936 Charles Nicolle est né à Rouen en 1866. C'est à la pression d'Eugène Nicolle, son père, que Charles Nicolle s'est tourné vers les sciences physiques et naturelles. Je dis et dirai constamment Charles Nicolle, car il y a deux Nicolle. Le frère aîné de Charles, Maurice Nicolle, né en 1862 et mort en 1932, a fait dans les sciences biologiques une belle et remarquable carrière. La vie de Charles Nicolle, biologiste, apparaît, au regard de l'observateur, comme entièrement déterminée par deux conditions, la première engendrant la seconde. Charles Nicolle avait déjà commencé les études médicales quand il sentit qu'une de ses oreilles était, selon sa propre expression, fautive. Il a lui-même conté dans une admirable Lettre aux sourds la consultation qu'il prit d'un spécialiste, la certitude qu'il eut alors de son infirmité future, sa résolution de quitter la médecine, ses hésitations, ses espérances et ses efforts pour " pactiser avec l'ennemi ". On peut affirmer que si Charles Nicolle est devenu un savant admiré, il l'a dû en partie à la terrible disgrâce dont il fut tout jeune frappé. J'en viens à la deuxième de ces conditions que je considère déterminantes pour la vie et l'oeuvre de Charles Nicolle. L'organisation d'un laboratoire de recherches dans une ville de province comme Rouen présentait, environ l'année 1900, des difficultés presque insurmontables. Charles Nicolle, en 1903, se rendit à Tunis pour y diriger l'Institut Pasteur fondé trois années plus tôt dans cette ville. Il y a passé trente-trois ans pour le plus grand bien de la science. Ce nouvel isolement, qui s'ajoute à celui, grandissant, de l'infirmité, va placer le savant dans des conditions tout à fait favorables à sa fortune spirituelle. La pathologie de l'Afrique Mineure est riche et variée. Le champ d'expérience n'est certes pas vierge, mais il est presque infini. Charles Nicolle ne s'est donc pas trompé. Son destin l'a conduit à la bonne place sur ce sol difficile où croissent avec tant d'abondance des problèmes qui demandent regard et solution. Charles Nicolle a, pendant toute une vie de recherches, abordé nombre de questions, il a traité complètement certaines de ces questions, il a jeté sur toutes les autres des clartés. Les travaux de Charles Nicolle sur le Kala-Azar, sur le Bouton d'Orient, sur la Fièvre Méditerranéenne, sur le trachome, suffiraient sans doute à la renommée d'un homme. Force est de me borner et de réduire mon étude à trois chapitres essentiels : le typhus exanthématique, les méthodes prophylactiques et les infections inapparentes. De 1903, date de son arrivée à Tunis, jusqu'en 1909, époque de la découverte, Charles Nicolle observe les typhiques. C'est après cette longue phase d'observation méditative que la clarté se fait soudain. Charles Nicolle a raconté lui-même les circonstances de sa découverte. Il avait observé que la contagion, violente dans les douars ou villages indigènes, dans les agglomérations, dans les villes, cessait brusquement quand les malades dévêtus reposaient sur les lits de l'hôpital. Il était naturellement conduit à penser que le malade portait sur lui l'agent de transmission et qu'il abandonnait cet agent avec ses vêtements peut-être, en pénétrant dans la demeure hospitalière. Voilà l'observation essentielle...

« l'agent de transmission et qu'il abandonnait cet agent avec ses vêtements peut-être, en pénétrant dans la demeure hospitalière. Voilà l'observation essentielle.

Reste l'illumination.

Elle se produit un jour que Charles Nicolle, pour pénétrer dans l'hôpital, enjambe un typhique moribond qui est venu tomber sur le seuil et demander du secours.

Le malheureux est couvert de poux.

Charles Nicolle a soudain la certitude que l'agent de transmission du typhus est le pou, ce parasite que le typhique abandonne avec ses vêtements et le bain initial, au moment de se remettre entre les mains des médecins. Reste à démontrer cette proposition.

Reste à fonder solidement cette certitude subjective. C'est pure question de méthode et, pour le véritable inventeur, c'est un problème non pas accessoire mais quand même presque secondaire.

L'illumination, voilà certes la grande chose. Charles Nicolle m'a dit souvent que, sa découverte entrevue, il était si parfaitement sûr du fait qu'il n'avait même plus hâte de le prouver et que son esprit déjà courait à d'autres aventures.

On reconnaît là certains traits sur lesquels ont insisté, d'ailleurs, tous les biographes de Pasteur. La méthode inventée par Charles Nicolle pour arrêter la propagation du typhus exanthématique lui valut de nombreuses distinctions et récompenses, notamment le prix Nobel de médecine qu'il reçut en 1928.

Les médecins peuvent mesurer l'importance de cette découverte survenue, comme par miracle, si peu de temps avant la guerre de 1914-1918.

Le typhus a fait de grandes hécatombes en Europe orientale dans les camps de prisonniers.

Les populations de l'Europe occidentale ont été parfaitement protégées.

On peut dire qu'elles ont donc, en même temps, été défendues du fléau et même de la gratitude.

Si la découverte de Charles Nicolle ne nous avait pas mis en état d'arrêter partout les contages, la guerre de 1924 aurait sans doute sombré d'assez bonne heure dans un immense désastre épidémique. Charles Nicolle, à deux ans d'intervalle, fit deux découvertes distinctes sur le rôle du pou dans la pathologie humaine.

L'une concerne, je l'ai dit, le typhus exanthématique.

L'autre a pour objet la fièvre récurrente.

Dans les deux cas l'agent transmetteur, le réservoir de virus est le même parasite : le pou, mais la transmission affecte, pour les deux maladies, deux modes bien distincts.

Le pou qui contient le virus exanthématique dans son tube digestif porte ce virus d'un homme à l'autre par piqûre.

C'est en accomplissant l'acte physiologique de l'alimentation que le pou répand la maladie.

L'infection se fait aussi par l'inoculation des déjections du pou. Le virus de la fièvre récurrente est absorbé par le pou, comme le virus exanthématique ; mais il ne séjourne pas dans le tube digestif.

Il se transforme et passe dans le sang de l'insecte dont la piqûre est impropre à transmettre l'infection.

Cette infection se produit non par un acte physiologique du parasite, mais par un accident presque inévitable.

Le porteur de poux se gratte.

Ce faisant, il brise les fragiles membres de l'insecte.

Le sang de l'insecte souille les ongles du futur malade, et si celui-ci vient à se gratter trop fort et à se léser la peau, plus. »

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