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Charles Nicolle

Publié le 22/02/2012

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1866-1936 Charles Nicolle est né à Rouen en 1866. C'est à la pression d'Eugène Nicolle, son père, que Charles Nicolle s'est tourné vers les sciences physiques et naturelles. Je dis et dirai constamment Charles Nicolle, car il y a deux Nicolle. Le frère aîné de Charles, Maurice Nicolle, né en 1862 et mort en 1932, a fait dans les sciences biologiques une belle et remarquable carrière. La vie de Charles Nicolle, biologiste, apparaît, au regard de l'observateur, comme entièrement déterminée par deux conditions, la première engendrant la seconde. Charles Nicolle avait déjà commencé les études médicales quand il sentit qu'une de ses oreilles était, selon sa propre expression, fautive. Il a lui-même conté dans une admirable Lettre aux sourds la consultation qu'il prit d'un spécialiste, la certitude qu'il eut alors de son infirmité future, sa résolution de quitter la médecine, ses hésitations, ses espérances et ses efforts pour "pactiser avec l'ennemi". On peut affirmer que si Charles Nicolle est devenu un savant admiré, il l'a dû en partie à la terrible disgrâce dont il fut tout jeune frappé.

« Le virus de la fièvre récurrente est absorbé par le pou, comme le virus exanthématique ; mais il ne séjourne pasdans le tube digestif.

Il se transforme et passe dans le sang de l'insecte dont la piqûre est impropre à transmettrel'infection.

Cette infection se produit non par un acte physiologique du parasite, mais par un accident presqueinévitable.

Le porteur de poux se gratte.

Ce faisant, il brise les fragiles membres de l'insecte.

Le sang de l'insectesouille les ongles du futur malade, et si celui-ci vient à se gratter trop fort et à se léser la peau, plus simplementencore s'il se frotte les yeux dont la muqueuse est très vulnérable, il s'inocule aussitôt le sang virulent de l'insecte. Cette découverte est, comme la première, d'une simplicité si parfaite qu'elle déconcerte le jugement.

Comme toutesles découvertes importantes en biologie, elle suppose non seulement de sévères travaux de laboratoire, mais aussi,mais surtout l'intelligence et la contemplation de la vie. Une partie des travaux de Charles Nicolle concerne la prophylaxie de certaines maladies graves.

Charles Nicolle a mispar exemple en évidence les propriétés préventives du sérum de convalescents dans la rougeole et cette méthode adéjà sauvé des milliers d'enfants. La méthode imaginée par Charles Nicolle pour la prophylaxie du typhus a comme origine une observation et nonl'application d'une technique de laboratoire.

Pourtant, elle paraît encore un corollaire étonnant de l'Oeuvrepastorienne.

Pour trouver le point où Charles Nicolle se sépare du maître et s'engage dans une direction tout à faitnouvelle, il faut arriver aux infections inapparentes.

Il est, à réflexion première, difficile d'imaginer une maladiecomplètement dépourvue de symptômes et présentant néanmoins un intérêt considérable pour l'individu comme pourla société.

C'est pourtant grâce à l'observation d'une maladie telle que Charles Nicolle a pu modifier un grand nombrede nos idées sur les maladies infectieuses. Le typhus exanthématique est transmissible au cobaye.

On peut, par passages successifs sur les cobayes,conserver le virus de cette maladie au laboratoire.

Il suffit de prélever du sang de l'animal malade et de l'inoculer àl'animal sain et ainsi de suite.

Cette maladie chez le cobaye ne donne qu'un symptôme, d'ailleurs d'observationdélicate : la fièvre.

Charles Nicolle, au cours des innombrables expériences de passage qu'exige l'étude continue dela maladie, observe un jour que certains cobayes ne prennent pas le typhus, qu'ils ne présentent pas, du moins, lesymptôme unique : la fièvre.

Or, Charles Nicolle a l'idée de prélever quand même, pendant la période où ils devraientrégulièrement être malades, le sang de ces animaux réfractaires.

Il inocule ce sang à des animaux sains et cesanimaux sains prennent un typhus normal, c'est-à-dire un typhus fébrile.

Qui mieux est, le sang des animauxapparemment réfractaires est virulent pendant le temps exact où il l'est chez les animaux sensibles.

Conclusion :certains cobayes contractent un typhus d'une forme particulière qui ne donne aucun symptôme, qui se caractériseuniquement par la virulence des humeurs, qui évolue, dans le temps, comme le typhus apparent et qui laisse aprèslui, comme la maladie apparente, une immunité plus ou moins fragile, mais indéniable. Aussitôt cette nouvelle communiquée, les chercheurs se mettent en branle.

Charles Nicolle a décrit les formesinapparentes du typhus, de la fièvre boutonneuse, de la fièvre récurrente, de l'ictère infectieux chez certainsanimaux.

Blancs et Caminopetros révèlent des formes inapparentes de la dengue.

On reconnaît, on étudie desformes inapparentes de la fièvre jaune, de la poliomyélite ou paralysie infantile, de la fièvre herpétique, del'encéphalite épidémique, de la rougeole, de la fièvre méditerranéenne. Cette forme inapparente peut être, chez un sujet, la première manifestation de la maladie.

Elle est dite alors depremière atteinte.

Elle peut se déclarer après une première atteinte qui fut apparente et lorsque l'immunité laisséepar celle-ci se trouve épuisée.

Elle s'appelle alors : forme inapparente de récidive. Les continuateurs de l'Oeuvre pastorienne ont non seulement développé, puis appliqué, toutes les pensées dumaître, ils ont encore, à plusieurs reprises, tenté de bouger la machine.

Ils ont compris que la notion de spécificitédemandait révision, qu'un même microbe possédait de nombreux pouvoirs parmi lesquels le pouvoir pathogènesemblait seul spécifique.

Ils ont démontré, exécutant en cela le testament de Pasteur, que ce pouvoir pathogèneétait susceptible de grandes variations.

Ils ont décrit diverses transformations morphologiques des virus.

Ils ontpressenti plus ou moins clairement que si les organismes pathogènes étaient susceptibles de certaines modifications,les maladies qu'ils déterminent devaient elles-mêmes se transformer, problème sur lequel la clinique, de son côté,donnait quelques lumières. Il nous faut arriver à l'Oeuvre de Charles Nicolle pour qu'une pensée maîtresse jaillisse de toutes ces observations.Le premier, Charles Nicolle, rattachant hardiment l'évolution des maladies à l'évolution des espèces microbiennes,met toute la machine en mouvement. Pour Charles Nicolle, chaque maladie a trois existences différentes.

D'abord l'existence individuelle.

Une infection,vite et plus ou moins complètement, atteint son apogée, décroît et disparaît en cas de guérison.

Ensuite, l'existenceépidémique.

Une maladie infectieuse et contagieuse surgit dans une agglomération humaine ou animale.

Elle frappeun, deux, dix, cent, mille sujets.

Elle s'étend dans l'espace et dans le temps.

Elle atteint dans cette existencecomme dans l'existence individuelle son apogée et son acmé.

Puis elle décline et s'éteint.

Enfin, notion capitale, endehors de l'existence individuelle et de l'existence épidémique, chaque maladie possède une existence historique.Cela signifie qu'apparue sur une espèce à un moment donné de l'histoire, elle dure en se transformant comme tousles êtres vivants.

Un moment vient où, par sa fréquence et sa gravité, cette maladie atteint l'apogée de sonexistence historique, puis elle donne des formes moins graves et plus rares, puis elle perd petit à petit son empire eton peut penser qu'elle est condamnée, comme tout le monde vivant, à disparaître.. »

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