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Dante Alighieri par Mario Sansone Faculté des Lettres Bari (Italie) C'est une singulière

Publié le 05/04/2015

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Dante Alighieri par Mario Sansone Faculté des Lettres Bari (Italie) C'est une singulière aventure que les débuts des lettres italiennes : nées depuis un peu plus d'un siècle seulement, elles atteignent déjà, dans l'oeuvre de trois écrivains de première grandeur, Dante, Pétrarque, Boccace, à une merveilleuse maturité, par la richesse des thèmes humains, la délicate complexité des motifs lyriques, vigueur et la ductilité de l'expression verbale. Jusqu'à la crise linguistique du XVIIIe siècle, puis jusqu'à la révolution romantique, la langue italienne ne quittera plus la voie tracée par ces trois sommités. Dante naît à Florence, en mai 1265, d'une famille de petite noblesse et de condition modeste. Nous ignorons tout de sa vie, jusqu'à sa dix-huitième année, sauf ce que lui-même nous apprend sur son amour pour Béatrice, dans la Vita Nuovo. Nous ne savons pas quelles ont été les péripéties réelles de cet amour, et certains ont été jusqu'à douter de l'existence même de Béatrice, encore qu'on s'accorde désormais à reconnaître en elle la fille de Folco Portinari, épouse de Simon de Bardi, morte en 1290. Il ne faut donc pas prendre au pied de la lettre le sombre récit du poète ; mais il reste que cette expérience fut un fait capital de son jeune âge : à travers elle, la formule de l'amour angélique, chère aux tenants du nouveau style, s'incarne en une vision concrète et, quittant les formes du style scolastique, acquiert consciemment le sien propre, le " suave style nouveau " (dolce stil novo). Nous savons par Dante lui-même que, après la mort de Béatrice, il fréquenta " les écoles des religieux et les disputations des philosophants " et s'adonna avec passion aux études théologiques, philosophiques et scientifiques, tout en participant, à partir de 1295, à la vie publique de Florence. La ville était alors gouvernée par les Guelfes, mais divisés en deux factions : les Blancs et les Noirs. Partisan des Blancs, farouches gardiens de l'indépendance de leur cité, Dante s'éleva jusqu'aux plus hautes charges politiques, fut " prieur " (c'est-à-dire l'un des chefs du gouvernement réel), du 15 juin au 15 août 1300, et occupa, au cours des deux années suivantes, d'autres postes importants. Mais sa carrière politique s'acheva par un désastre : s'appuyant sur la France, Boniface VIII envoya Charles de Valois, frère du roi Philippe IV, à Florence, comme " pacificateur ", mais en réalité pour renverser les Blancs et amener au pouvoir les Noirs. Pour conjurer le péril, Dante fut chargé, avec deux autres citoyens, d'une ambassade à Rome, mais ne revint jamais de cette mission. Faussement accusé de malversations et d'activité hostile au pape et à la paix, il fut d'abord banni, puis condamné à être brûlé vif. Là commence la triste période de l'exil, auquel seule la mort devait mettre fin. Dante se joignit d'abord aux Gibelins exilés et aux Blancs afin de rentrer de vive force dans sa ville ; puis, s'étant brouillé avec eux, " agit en son propre nom " et commença les pérégrinations auprès des princes d'Italie, qui devaient le mener d'abord chez les Scaligeri de Vérone, puis, en 1306, chez les Malaspina, seigneurs de Lunigrana, puis, peut-être, à Lucca et de là, peut-être, à Paris, où il désirait approfondir sa doctrine à la Sorbonne. La venue de Henri VII de Luxembourg en Italie (1310) pour y restaurer l'autorité impériale et mettre fin, en son nom, aux disputes italiennes, remplit d'espoir le coeur du grand exilé. Mais ce fut une nouvelle et définitive désillusion. Arrigo ne rencontra partout que défiance et hostilité et mourut prématurément à Buonconvento, en septembre 1313. Ayant, en 1315, refusé de rentrer à Florence, parce que les conditions posées à son retour lui semblaient humiliantes à l'excès, Dante reprit les longs voyages de l'exil, se rendit de nouveau à Vérone et, pour finir, à Ravenne où, au retour d'une ambassade à Venise, pour le compte de son seigneur Guy da Polenta, il s'éteignit en 1321. Si les événements extérieurs de la période 1265-1321 permettent une première orientation, ils n'expliquent pas le sens profond de la vie de Dante, tout entière dominée par une très haute conception de la mission morale et de la responsabilité de l'homme. Cette vie, guère longue, ne fut qu'un perpétuel développement en profondeur, et c'est pourquoi son originalité...
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