David Ben Gourion par Saül Friedeander Professeur à l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève Ben Gourion consacra sa vie entière à un seul objectif : la renaissance nationale du peuple juif sur la terre d'Israël.

David Ben Gourion par Saül Friedeander Professeur à l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève Ben Gourion consacra sa vie entière à un seul objectif : la renaissance nationale du peuple juif sur la terre d'Israël. A partir des années 40, il prit la direction politique et militaire de la lutte pour la souveraineté juive en Palestine puis, après avoir proclamé la création de l'État d'Israël, il en devint le dirigeant le plus prestigieux, bien que jamais incontesté. Ses idées politiques avaient la simplicité des vérités essentielles : le sort des juifs de Palestine, celui de l'État ensuite, dépendait avant tout de ce qui s'accomplissait sur place, en Eretz Israël même ; ce qui comptait, plus que les décisions internationales, c'était l'immigration, la colonisation des terres, et surtout la mise sur pied d'une force de défense suffisante. Mais ces impératifs pratiques se rattachaient à une vision historique globale : pour Ben Gourion, la renaissance nationale représentait une césure définitive dans la vie du peuple juif, la rupture avec dix-neuf siècles de Diaspora, le rétablissement d'un lien direct avec le passé biblique, avec le temps des rois et des prophètes d'Israël. On retrouve l'expression de ces idées forces dès l'arrivée en Palestine, en 1906, de celui qui n'était encore que David Gruen et qui, à vingt ans, ne connaissait du monde que quelques régions de sa Pologne natale. David Gruen devient ouvrier agricole et terrassier, mais au sein du mouvement socialiste Poalei Zion, dont il est membre, il lutte déjà pour l'utilisation de la seule langue hébraïque et l'élimination du yiddish, langue symbolisant à ses yeux le temps de la Diaspora. En 1910, en une série de trois articles publiés dans Ahdut et signés pour la première fois du nom ...