Devoir de Philosophie

La Deuxième Guerre mondiale par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève " Nous n'avons rien à perdre, nous ne pouvons que gagner.

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

La Deuxième Guerre mondiale par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève " Nous n'avons rien à perdre, nous ne pouvons que gagner. Notre situation économique est, en raison de nos restrictions, telle que nous ne pouvons tenir que quelques années... Il ne nous reste d'autre choix que l'action. Nos adversaires courent de gros risques pour de modestes gains... Leurs chefs sont en dessous de la moyenne. Aucune personnalité, aucun seigneur, aucun homme d'action. " Ainsi parle Hitler lorsqu'il s'adresse, le 22 août 1939, aux chefs militaires allemands auxquels il annonce la signature prochaine de l'accord avec l'Union Soviétique. Le tour de la Pologne est venu, dit-il, la situation politique est favorable. Ni l'Angleterre ni la France n'ont les moyens de tenir leurs engagements. En ont-elles même volonté ? Si la création de la Grande Allemagne a été une réussite politique, elle n'en pose pas moins des questions sur le plan militaire. Il est nécessaire de mettre l'armée à l'épreuve. Non pas, si la chose est possible, dans un " règlement de comptes généralisé ", mais à travers l'exécution de tâches particulières. Une offensive française à partir de la ligne Maginot est exclue. Un blocus économique sera sans effet grâce aux ressources disponibles à l'est. L'accord avec Staline place la Pologne dans la situation dans laquelle il la voulait, cette Pologne qu'il s'agit de détruire. Une action de propagande couvrira le déclenchement de la guerre, dont la crédibilité importe peu. " Le vainqueur ne se voit pas demander plus tard s'il a dit la vérité ou non. Dans le déclenchement et dans la conduite de la guerre, ce qui compte ce n'est pas tant le droit que la victoire. " L'homme est sur de lui. " Mes adversaires sont des vermisseaux. Je les ai vus à Munich. " L'écrasement de la Pologne, la passivité des Alliés à l'ouest, les succès de la campagne du printemps 1940 en Scandinavie et finalement l'effondrement en quelque six semaines de la Hollande, de la Belgique et de la France, semblent lui donner raison. Ses adversaires l'ont sous-estimé. Ou plutôt, trop occupés par leurs propres affaires, ils n'ont pas saisi la vraie nature du national-socialisme, ni la dimension de la menace que fait peser sur la personne ce que Rauschning appelle la révolution du nihilisme. Le choc est si brutal et frappe des pays si impréparés intellectuellement à la lutte que nombreux seront ceux qui mettront du temps à comprendre ce qui leur arrive et ce qu'ils doivent faire pour sauver leur liberté. L'organisation de la résistance sera lente et difficile ; elle ne sera possible que grâce à des appuis extérieurs. Car l'Angleterre ne se résigne pas. C'est vers elle que convergent ceux qui entendent poursuivre la lutte, ainsi la reine Wilhelmine, ainsi Charles de Gaulle qui, de Londres, lance l'appel du 18 juin. Elle est seule, dans cet été 1940, à tenir tête, malgré les appels, malgré les menaces, malgré les assauts massifs de la Luftwaffe. Elle s'est donné, avec Winston Churchill, un chef " au-dessus de la moyenne ", ce que Hitler n'avait sans doute pas prévu, pas plus qu'il n'avait sérieusement réfléchi aux problèmes logistiques que pose la traversée de la Manche. D'où un subtil renversement du rapport des forces intellectuelles et morales : d'un côté on hésite parce qu'il faut improviser, alors que de l'autre on improvise sans hésiter. L'un entend ne s'engager qu'à coup sûr, tandis que l'autre sait qu'il ne peut pas se dégager. L'Allemand se croit encore le plus fort, bien que la nature de l'obstacle lui pose des problèmes. L'Anglais, lui, qui connaît la valeur de l'obstacle, entend l'exploiter avec d'autant plus de détermination qu'il n'ignore pas que le rapport des forces militaires lui est défavorable. La R.A.F. finira par l'emporter, non seulement grâce à la valeur des pilotes et du matériel, mais à la qualité du travail dans le contrôle d'engagement, à celle des radars et aux informations recueillies par le réseau Ultra. C'est alors seulement que Hitler, qui n'avait attaché d'importance ni aux déclarations de guerre des membres du Commonwealth, ni aux avertissements de Roosevelt, découvre qu'il s'est engagé dans une guerre mondiale. La résistance d'une Angleterre, à qui la mer ouvre les routes du monde et qui s'appuie sur les ressources du Commonwealth, de...

« par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles