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Du symbolisme au surréalisme par Claude-Edmonde Magny Poetry is a divine instinct and unnatural rage passing the reach of common reason.

Publié le 05/04/2015

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Du symbolisme au surréalisme par Claude-Edmonde Magny Poetry is a divine instinct and unnatural rage passing the reach of common reason. (Spencer) Depuis le milieu du XIXe siècle se poursuit et se consolide sous nos yeux une révolution poétique dont le caractère radical, soupçonné, n'a peut-être pas été assez vigoureusement mis en évidence : avec Baudelaire et après lui, ce n'est pas seulement la " diction " poétique qui change, les thèmes communs, tropes ou versification ; subtilement, l'idée même qu'on se fait de la poésie, de ses pouvoirs et de ses fins, de son apport à la prose, de l'usage spécifique du langage qui la constitue, se transforme du tout au tout, pour une rupture sans doute définitive avec la tradition de quatre siècles. Ce n'est pas pur hasard si la poésie " moderne " déconcerte, voire scandalise le lecteur naïf ou cultivé. Le contraire serait étonnant. Les romantiques français, malgré leurs parades, continuaient les écrivains pré-révolutionnaires, par l'intention de leur art et leur rhétorique ; comme, idéologiquement par leur déisme, Lamartine et Vigny prolongent Parny et Chénier. Musset est bien un enfant du Grand Siècle (je veux dire le XVIIIe) Hugo ne deviendra le visionnaire de la Bouche d'Ombre qu'après l'exil de Guernesey. Au contraire, avec les Fleurs du Mal, la rupture avec une poésie gnomique, didactique, de vocation (fût-ce sous le masque du lyrisme), est implicitement consommée. On comprend que Faguet ait méprisé Baudelaire de n'avoir aucune idée neuve - lui pour qui il fallait " de Vigny attendre jusqu'à Sully Prudhomme pour trouver des idées nouvelles dans les poètes français ". (Mallarmé lui aurait sans doute répondu en souriant, comme il fit un jour à Degas, qu'un sonnet n'était pas fait d'idées mais de mots. Mais ceci n'épuise pas la question.) Avec Baudelaire, se réclamant plus ou moins consciemment des romantiques anglais (par l'intermédiaire de Poe), la poésie change de rôle : elle n'a plus pour fin de raconter une histoire, de décrire un spectacle, de communiquer un état d'âme. On va vers un art qu'on pourrait dire " non-figuratif " - où la figuration est passée au second plan, le contenu objectif devenu accessoire, là même où il paraît subsister. Verlaine, Mallarmé, Rimbaud, les symbolistes de langue française, par-delà leurs différences, auront en commun cette conception novatrice, subversive de l'activité poétique - qui vite ira influencer au-delà des frontières W.-B. Yeats, Alexandre Blok, Rilke, et la génération suivante : García Lorca, T.-S. Eliot, Boris Pasternak, Maïakovski, Rafaël Alberti, et qui chez nous guidera diversement Apollinaire, les surréalistes, Raymond Queneau et Henri Michaux. Déjà chez les romantiques français, spécialement Hugo et Vigny, s'esquissent les attitudes qui obligent à cette transformation radicale : la jalousie à l'égard du Dieu créateur ; l'impossibilité pour un moi orgueilleux de tolérer la masse énorme qui l'accable de toute part ; le refus, en conséquence, de " servir " la gloire divine en y ajoutant encore louanges ou reflets. La poésie ne pourra plus, dès lors, être qu'à des fins destructrices, à tout le moins négatives. " La nature a eu lieu, on n'y ajoutera pas ", dit Mallarmé. Phrase en apparence anodine, simple constatation de bon sens : à cause d'elle, pourtant, un écrivain ne pourra plus vouloir se poser en rival (ambitieux ou timide) de l'Être Suprême, espérer faire concurrence à ce qui est. La conscience humaine se trouve rejetée sur elle-même ; nulle tendresse perdue entre elle et le reste du monde ; les premières illusions romantiques sur la nature sont loin, avec Hugo, Vigny ; Baudelaire, lui, préférera ostensiblement le Minéral. " Qui oserait assigner à l'art la fonction stérile d'imiter la nature ? " dit-il dans L'Éloge du Maquillage, et, pour Mallarmé, les fleurs, l'azur, le printemps sont aussi insultants, écoeurants dans leur vaine prolifération, inquiétants aussi, que pour l'Antoine Roquentin de Sartre. Aussi la poésie ne pourra-t-elle plus avoir pour objet de dire quelque chose de positif, de chanter les amours du poète ou les idylles du roi, décrire un p...

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