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En France, on a des idées...

Publié le 22/02/2012

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L'énoncé du sujet reprend, en partie, un slogan des années soixante-dix : en 1973, l'OPEP (ou Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) décide d'augmenter le prix du baril de pétrole et déclenche une première crise désorganisant l'économie occidentale — suivie d'autres chocs en 1979 et 1980. Un spot publicitaire revenait alors sans cesse sur les écrans pour convaincre les Français de leur capacité à innover. Face à la nouvelle donne économique, il convenait, en effet, d'avoir des idées pour prendre des initiatives, afin de trouver d'autres sources d'énergie ainsi que d'exporter et, dès lors, de rétablir l'équilibre de la balance commerciale. En fait, à cette époque, les Français « y croyaient » comme on dit vulgairement. Mais, de nos jours, un slogan pareil ne susciterait que de l'indifférence, ou un scepticisme qualifié de « typiquement » voltairien, voire des sarcasmes. Nous nous demanderons donc si, dans les faits, les Français se révèlent encore capables d'avoir des idées. — Nous envisagerons d'abord les idées en tant que moteurs d'innovation dans le domaine scientifique et donc sources de progrès. — Puis nous nuancerons notre définition de l'« idée » car nous sommes en droit de nous demander si les innovations techniques n'ont pas définitivement pris le relais de l'avancée idéologique et culturelle dans un pays désormais dépourvu de vitalité. — En effet, nous le verrons dans notre dernière partie, les Français semblent atteints d'un profond sentiment d'infériorité qui les conduit à innover dans des domaines purement spéculatifs et cette incapacité à concrétiser leurs projets contribue à alimenter une attitude de dénégation entravant, à son tour, les possibilités de créer.

« De manière générale, depuis la chute du mur de Berlin, depuis l'effondrement du bloc soviétique et l'abandon de laguerre froide, désormais caduque, les politiques semblent incapables d'insuffler aux Français une énergie profonde.Les grèves de décembre traduisaient une angoisse de fond : les fonctionnaires se crispent sur leurs acquis dans lacrainte de voir s'effondrer leur monde et de se trouver projetés dans un univers sans repères.

Ils demandaient engouvernement qu'il trace une ligne à long terme...

faute de quoi, le dialogue social ne saurait se concevoir que sur lemode de l'affrontement et de la revendication passéiste... 3.

La crise de la démocratie?Il faudrait présenter la création de l'Europe comme un enjeu positif; mais, pour l'instant, elle apparaît comme unecontrainte qui ne profite à personne.

Elle ne parvient pas à mobiliser l'opinion.

Les démocraties se montrentincapables de mobiliser le: énergies nécessaires à la réalisation d'un idéal.

Elles « fonctionnent » plus qu'elles ne fontrêver.En France, plus qu'ailleurs semble-t-il, le découragement et la démoralisation gangrènent une vie politique parailleurs discréditée par la multiplication des affaires, de la corruption Cette nullité fait la joie des caricaturistes.

Ilfaudrait promouvoir une nouvelle donne sociale sur la base d'une idéologie qui ne se limite pas à constater desréalités pragmatiques — voire à accuser le peuple d'être responsable d'un état de choses qu'il ne peut assumer dansla mesure où il ne reconnaît plus vraiment à ses élus une représentativité. III.

Les Français et la « dénégation» 1.

La haine...

de soiLes Français n'ont plus une bonne idée d'eux-mêmes : c'est cette réalité qui inhibe le processus créatif et qui lesenfonce, progressivement, dans une stratégie de l'échec.

Ce défaitisme encourage la crispation sociale, creuse lafracture entre les fonctionnaires et les autres mais, surtout, encourage les extrémismes — développement des partisde l'intolérance et du rejet des différences ressenties comme une atteinte au « moi », au « groupe »...

Le doute segénéralise et inhibe le passage à l'acte tout en favorisant le recours à des stratégies « sécuritaires ».

En fait, ilfaudrait, au contraire, profiter de la dynamique d'ensemble pour trouver une impulsion nouvelle. 2.

La France, du leader au loser ?L'époque actuelle connaît de grands bouleversements : explosion à l'Est et développement extraordinaire en Asie —cf.

la Corée, la Chine, le Viêt-nam, etc.

Au lieu de mettre à profit ses liens culturels avec ces pays, la France sedésespère en se confortant dans son inertie. 3.

Une solution ?Il faut retrouver l'énergie qui rend capable de réaliser les grands rêves et, pour cela, il convient de ne pluss'embarrasser de représentations conventionnelles.

Les Français seraient prêts à retrousser leurs manches si on leurdonnait de l'espoir en eux-mêmes.

Ils en ont vu bien d'autres, que diable ! Malheureusement, dans ce pays, ladistinction suprême consiste à se « plaindre » — image du Franchouillard râleur pas si fausse que cela — et, surtout,à se désespérer car, si une petite insatisfaction encourage à progresser, voire à se dépasser, en revanche, tropd'inquiétude entrave toute action.En effet, l'héritage de l'aristocratie demeure encore présent dans l'inhibition profonde qui consiste à ne pas vouloirréussir : gagner de l'argent apparaît comme suspect dans un pays où la noblesse avait pour principe de ne pastravailler pour ne pas déroger, pour ne pas se souiller...

On se rappelle que, dans ses Lettres philosophiques, Voltairese moque des aristocrates français et célèbre la capacité d'innovation et de production des Anglais...

Il critiqueaussi les Allemands, fort soucieux, à cette époque-là, de leurs quartiers de noblesse (autrement dit de l'anciennetéet du prestige de leur lignée).

Mais les Teutons bénéficient du dynamisme imprimé à leur culture par leprotestantisme tell notre chapitre « Religions ») qui contribue (voir les analyses de Max Weber) à développer le sensde l'effort et conforte la morale du travail.Subissant la double influence de leur tradition aristocratique et de leur culture catholique, les Français conserventune forme de prévention contre la fortune — les nobles mariaient leurs héritiers ruinés avec de jeunes bourgeoisesriches et on se rappelle l'élégante (!) expression de « savonnettes à vilain ».

Les Français assimilent l'ambition àl'arrivisme et soupçonnent de corruption ou d'immoralité les heureux élus de la réussite...

Les autodidactes sontaisément qualifiés de « nouveaux riches » mal dégrossis et dépourvus de toute culture, de tout savoir-vivre...

Leconcept même de progrès social ne saurait s'entendre que d'un point de vue collectif. ConclusionEt si les Français reconsidéraient leur tradition pour en retirer la puissance de création ?...

Et s'ils changeaientd'image d'eux-mêmes ?...

S'ils acceptaient la démocratisation réelle au lieu de perpétuer des clivages dépourvus designification réelle ?.... »

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