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Frédéric Chopin et le romantisme en musique

Publié le 11/06/2011

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Que d'art dans ces chefs-d'Oeuvre de La Fontaine dont les titres sont si modestes ! Le titre d'études et de préludes l'est aussi ; pourtant les morceaux de Chopin qui les portent n'en resteront pas moins des types de perfection dans un genre qu'il a créé. Il est à présumer que dans vingt-cinq ou trente ans d'ici on aura pour ses ouvrages une estime moins superficielle et moins légère que celle qui leur est accordée maintenant. Ceux qui dans la suite s'occuperont de l'histoire de la musique feront sa part, et elle sera grande, à celui qui y marqua par un si rare génie mélodique, par de si merveilleuses inspirations rythmiques, par de si heureux et de si remarquables agrandissements du tissu harmonique, que ses conquêtes seront préférées à mainte Oeuvre de surface plus étendue.    Si nous avions à parler ici en termes d'école du développement de la musique de piano, nous explorerions ces Nocturnes, Ballades, Impromptus, Scherzos, qui, tous, sont pleins de raffinements harmoniques aussi inattendus qu'inentendus. Nous les rechercherions également dans ses Polonaises, dans ses Mazoures, Valses, Boléros.   

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« assez pour paraître améliorée pendant plusieurs années.

Tant que sa maladie dura, Mme Sand ne quitta pas d'uninstant le chevet de celui qui l'aima d'une affection dont la reconnaissance ne perdit jamais son intensité, enperdant ses joies. Jamais en effet, depuis lors, Mme Sand ne cessa d'être aux yeux de Chopin la femme surnaturelle qui avait faitrétrograder pour lui les ombres de la mort, qui avait changé ses souffrances en langueurs adorables.

Le souvenir desjours passés à l'île de Majorque resta dans le cOeur de Chopin comme celui d'un ravissement, d'une extase, que lesort n'accorde qu'une fois à ses plus favorisés. Depuis 1840, la santé de Chopin déclina constamment.

Les semaines qu'il passait tous les étés chez Mme Sand, à sacampagne de Nohant, formèrent, durant quelques années, ses meilleurs moments, malgré les cruelles impressions quisuccédaient pour lui au temps exceptionnel de leur voyage en Espagne.

Vers le printemps de 1847, on désespéra deChopin pendant plusieurs jours ; M.

Gutmann, un de ses élèves les plus distingués, lui prodigua les témoignages deson attachement ; il fut sauvé une dernière fois, mais cette époque se marqua par un déchirement si pénible pourson cOeur, qu'il l'appela aussitôt mortel.

En effet, il ne survécut pas longtemps à la rupture de son amitié avec MmeSand qui eut lieu à ce moment.

Mme de Staël, ce cOeur généreux et passionné, disait, un de ces jours où lavivacité de ses émotions la faisait s'échapper des solennités de la raideur genevoise : "En amour, il n'y a que descommencements !" Ces commencements étaient depuis longtemps épuisés entre l'artiste polonais et le poète français. Nul ne sut quelle fut la cause ou le prétexte d'une rupture soudaine ; on vit seulement qu'après une oppositionviolente au mariage de la fille de la maison, Chopin quitta brusquement Nohant pour n'y plus revenir. Malgré cela, il parla souvent alors et presque avec insistance de Mme Sand, sans aigreur et sans récriminations.

Leslarmes lui montaient quelquefois aux yeux en nommant cette femme, dont il ne pouvait se séparer et qu'il voulaitquitter.

On eût dit qu'il humait avidement ce poison pour avoir moins longtemps à le respirer. L'hiver de 1847-1848 ne fut qu'une pénible et continuelle succession d'allégements et de rechutes.

Toutefois, ilrésolut d'accomplir au printemps son ancien projet de se rendre à Londres. Néanmoins, avant de quitter Paris, il y donna un concert dans les Salons de Pleyel.

Arrivé à Londres, il y fut accueilliavec un empressement qui l'électrisa et lui fit secouer sa tristesse ; il joua deux fois en public et maintes fois dansdes soirées particulières.

Il joua encore à un concert donné pour les Polonais.

Dernier signe d'amour envoyé à sapatrie, dernier regard, dernier soupir et dernier regret. Depuis l'hiver 1848, Chopin n'avait plus été à même de travailler avec suite.

Enfin, le mal augmenta si visiblementque les craintes de ses amis commencèrent à prendre un caractère désespéré.

En apprenant qu'il était si mal, l'abbéAlexandre Jelowicki vint le voir.

Sincèrement religieux et attaché au catholicisme, Chopin n'abordait jamais ce sujet,gardant ses croyances sans les témoigner par aucun apparat.

Un jour, Chopin dit tout simplement à son ami qu'il nes'était pas confessé depuis longtemps et voudrait le faire, ce qui eut lieu à l'instant même.

A peine le prêtre et l'amieut-il prononcé la dernière parole de l'absolution, que Chopin, poussant un grand soupir de soulagement et souriantà la fois, l'embrassa de ses deux bras, "à la Polonaise", en s'écriant : "Merci, merci, mon cher ! Grâce à vous, je nemourrai pas "Yak swinia" !" Nous tenons ces détails de la bouche même de l'abbé Jelowicki.

Le dimanche 15 octobre,des crises plus douloureuses que les précédentes durèrent plusieurs heures de suite.

Pendant la nuit, l'état dumalade empira ; il fut mieux au matin du lundi.

Comme si, par avance, il avait connu l'instant désigné et propice, ildemanda aussitôt à recevoir les derniers sacrements.

Lorsque le saint viatique et l'extrême-onction lui furentadministrés, il les reçut avec une grande dévotion, en présence de tous ses amis.

La nuit du lundi au mardi, Chopinne prononça plus un mot et semblait ne plus distinguer les personnes qui l'entouraient ; l'abbé Jelowicki ne l'avaitplus quitté.

A peine Chopin eut-il recouvré la parole, qu'il désira réciter avec lui les litanies et les prières desagonisants ; il le fit en latin, d'une voix parfaitement intelligible.

A partir de ce moment, il tint sa tête constammentappuyée sur l'épaule de M.

Gutmann, qui durant tout le cours de cette maladie lui avait consacré et ses jours et sesveilles. Une convulsive somnolence dura jusqu'au 17 octobre 1849.

Vers deux heures, l'agonie commença, la sueur froidecoulait abondamment de son front ; après un court assoupissement, il demanda d'une voix à peine audible : "Qui estprès de moi ?".

Il pencha la tête pour baiser la main de M.

Gutmann qui le soutenait, rendant l'âme dans ce derniertémoignage d'amitié et de reconnaissance.

Il expira comme il avait vécu, en aimant ! Ses obsèques eurent lieu àl'église de la Madeleine le 30 octobre 1849.

A l'Introït, on entendit la Marche funèbre du grand artiste qui venait demourir.

Le mystérieux souvenir de la patrie qu'il y avait enfoui, accompagna le noble barde polonais à son dernierséjour.

En vérité, on n'aurait pu trouver d'autres accents pour exprimer avec le même navrement quels sentimentset quelles larmes devaient accompagner à son dernier repos celui qui avait compris d'une manière si sublimecomment on pleurait les grandes pertes ! La Pologne eut bien des chantres, mais Chopin les surpassa par son originalité.

Il est possible qu'il eût été étonné des'entendre appeler un musicien polonais.

Pourtant, il fut un musicien national par excellence. Il nous resterait à parler de l'exécution de Chopin...

Réussirait-on à faire connaître à ceux qui ne l'ont pas entendu lecharme d'une ineffable poésie ?. »

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