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Heinrich Barth 1821-1865 Le 10 octobre 1850, un chrétien pénétrait dans Agadès, capitale prestigieuse de l'Aïr.

Publié le 05/04/2015

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Heinrich Barth 1821-1865 Le 10 octobre 1850, un chrétien pénétrait dans Agadès, capitale prestigieuse de l'Aïr. La scène fait un contraste saisissant avec l'entrée de René Caillié dans Tombouctou quoique les risques fussent sensiblement identiques. Certes le voyageur respectait les formes. Abd el Kerim venait du grand désert comme l'attestaient ses chaussures de Ghadamès et sa tunique noire passée sur son burnous blanc. Un bon fusil en bandoulière, il avançait, balancé sur son chameau, avec une sérénité parfaite vers la cité musulmane. Mais son escorte trop modeste, hétéroclite, mi-targuie, mi-noire, n'inspirait ni crainte ni respect. Pour comble, il ne se cachait pas d'être Kafir, un maudit. Et à voir cette carrure massive, cette lourde mâchoire de têtu que renforçait une barbe imposante, ces yeux tranquilles et doux qui ne se baissaient jamais les premiers, musulmans et idolâtres comprenaient vite qu'il était aussi irréductible qu'eux en fait de croyance. Une force de la nature. Le sultan d'Agadès endossa sur sa pourpre le burnous bleu, présent du chrétien. Le pacte d'amitié était scellé. Ce succès initial, essentiel, typique des qualités humaines du voyageur, en entraînera bien d'autres et contribuera largement à faire des voyages en Afrique du Dr Heinrich Barth " cette prodigieuse exploration, la mieux remplie, sans contredit, de toutes celles qu'a enfantées notre époque ". (Vivien de Saint-Martin.) L'ambiance du grand port de Hambourg, sa ville natale, où son père était négociant, les récits d'explorateurs s'enfonçant au coeur de la terra inc...

« chameau, deux Allemands et un Anglais, partis de Tripoli le 2 avril 1850, vers le Fezzan, l'Aïr et les terres inconnues. Faute de subsides, les voyageurs se séparent au début de 1851 et se donnent rendez-vous à Kouka sur le Tchad.

Richardson succombera à la fatigue avant d'y parvenir.

Barth passe à Kano, traverse le Bornou et, de Kouka, se laisse tenter par l'Adamaoua, découvre la Bénoué, est pris pour un dieu par les Foulbé de la brousse mais se fait chasser de Yola.

Sa constitution de fer et une opiniâtre volonté de réussir le soutiennent.

Explorant le Kanem, il tombe du haut de son chameau dans les vases du Tchad en plein accès fébrile.

A peine remis, une étape de trente-quatre heures pour échapper aux pillards faillit l'achever.

Il rentre à Kouka dysentérique, fiévreux, ulcéré de cros-cros et ne se rétablit qu'à l'idée d'explorer le Sud du Tchad, en pays Massa puis au Baguirmi.

Il reconnaît le Chari et le Logone, reste quatre jours enchaîné et rentre à Kouka pour voir mourir Overweg, rendu fou d'épuisement physique et moral (septembre 1852).

Seul désormais, d'autant plus démuni que l'Europe le croit mort, il se tourne vers Tombouctou où il entre un an plus tard la tête haute, comme à Agadès, venant du Macina, après avoir coupé toute la boucle du Niger.

Là, il se fait un ami providentiel du cheik el Bakkay qui arrive après maintes péripéties dramatiques à sauver sa tête et protège son séjour prodigieusement fécond jusqu'en avril 1854.

Le retour à Kouka s'effectue le long du fleuve dont Barth est le premier à comprendre le régime, puis par Say et Sokoto.

Quelle joie alors de rencontrer son compatriote Vogel envoyé à sa recherche ! Depuis deux ans il n'avait pas vu un Européen... Barth, en 1855, comprend qu'il ne résistera pas à un sixième hivernage.

En dépit de son dénuement, il quitte Kouka pour la dernière fois en mai.

A marches forcées, par Bilma, le Kawar et Mourzouk où il bénit le ciel pour une fort bienvenue bouteille de vin de France, il rentre vers la mer des civilisés dont le revoir provoque en lui la plus forte émotion de sa vie.

Point de repos cependant.

Ses dix dernières années, il va les passer à mettre au point et publier ses travaux. Son œ uvre : Reisen und Entdeckungen in Nord uns Zentral-Afrika in den Jahren 1849 bis 1855 est monumentale.

Avec une méthode, une persévérance qui nous confondent, même dans des situations désespérées, le savant apprenait le Haoussa, le Peul, le Kanouri, les dialectes touareg ; il estimait les altitudes ; il dessinait ; il mesurait les températures ; il fixait sur la carte ses itinéraires, les positions du Niger et de la Bénoué, du Tchad et de ses tributaires ; il recueillait la substance des Tarikh, l'histoire des principautés traversées ; il enquêtait sur les m œ urs ; rassemblait des objets ethnographiques ; prévoyait les régions et les voies qu'il importerait de mettre en valeur ; il dressait des fiches linguistiques dont il passera la fin de sa vie, à Berlin, à préparer la publication ; il déterminait les espèces animales et végétales typiques ; discutait religion avec les lettrés...

L' œ uvre reste fondamentale.

Barth est un géant parmi les Africanistes, et point seulement par son exploit ou la richesse de sa documentation.

Il l'est aussi par la grandeur humaine de sa pensée.

Nombreux sont ceux, comme Duveyrier, auxquels il a ouvert les voies : Anglais, Français, Allemands, par le Nord et par le Sud.

Il leur léguait aussi, à la veille de sa mort, son idéal : faire rentrer dans la “ famille humaine ” des peuplades que leur milieu géographique et historique en avait tenues à l'écart.

Cet Allemand, nourri d'humanités et d'Évangile, ardent patriote, mais voyant au-delà, prêchait la douceur, rejetait aussi bien les sectarismes dogmatiques de certaines propagandes religieuses que les violences des conquistadores ou les procédés des aventuriers du commerce.

S'adressant à la France “ par excellence ”, qu'elle “ comprenne. »

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