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Jacques Derrida par Michel Lisse Chercheur au Département de Philologie Romane de l'U.

Publié le 05/04/2015

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Jacques Derrida par Michel Lisse Chercheur au Département de Philologie Romane de l'U.C.L. En 1973, Emmanuel Levinas se demandait si l'oeuvre de Jacques Derrida ne traçait pas une ligne de démarcation dans " le développement de la pensée occidentale [...], semblable au kantisme qui sépara la philosophie dogmatique du criticisme " et si elle ne nous révélait pas " une naïveté, un dogmatisme insoupçonné qui sommeillait au fond de ce que nous prenions pour esprit critique ". Mais quel est ce dogmatisme insoupçonné, cette naïveté oeuvrant au sein même de ce qu'on appelle la philosophie occidentale, des Présocratiques à Heidegger lui-même et au-delà ? Comment Derrida en est-il venu à découvrir cette tache aveugle ? Les premiers travaux de Jacques Derrida porteront sur la phénoménologie husserlienne. En 1953 et 1954, il étudie Le Problème de la genèse dans la philosophie de Husserl. Dans ce travail d'étudiant, qui " balaie [...] toute l'oeuvre de Husserl avec l'impudence imperturbable d'un scanner " (Le problème), une problématique importante voit le jour, celle de la " complication originaire de l'origine ", de la " contamination initiale du simple ", de l'" écart inaugural " (idem) imprésentable qui rend impossibles les oppositions conceptuelles, du moins dans leur prétendue pureté (l'opposition pur/impur n'échappant bien sûr pas à cette loi). En 1962, paraît la traduction de L'Origine de la géométrie, précédée d'une longue introduction. Ce commentaire, s'il reprend dans l'examen minutieux d'un texte de Husserl les questions posées pour l'ensemble de l'oeuvre, met également en évidence une problématique que Derrida va déployer par la suite : celle de l'écriture. Celle-ci, retient Derrida lisant Husserl, " n'est pas seulement un moyen auxiliaire au service de la science - et éventuellement de son objet - mais d'abord [...] la condition de possibilité des objets idéaux et donc de l'objectivité scientifique " (De la grammatologie). La Voix et le phénomène, patiente lecture de la première des Recherches logiques, part de la distinction opérée par Husserl entre signes expressifs et signes indicatifs pour interroger les concepts fondamentaux (réduction phénoménologique, conscience transcendantale...) de la phénoménologie et le privilège de la voix et de l'écriture " phonétique " dans la phénoménologie transcendantale. Derrida interroge la notion de " vouloir-dire " et " ses rapports historiques avec ce qu'on croit identifier sous le nom de " voix " et comme valeur de la présence, présence de l'objet, présence du sens à la conscience, présence à soi dans la parole dite vive et dans la conscience de soi " (Positions). Cette explication avec Husserl n'est qu'une partie du grand débat entamé par Jacques Derrida avec le " logocentrisme " de la tradition philosophique. De la grammatologie va mettre en lumière le privilège accordé par cette tradition au " logos ", origine de la vérité, vérité de la vérité, fondement de l'entreprise philosophique. À ce " logos ", est liée de façon originaire et essentielle la " phonè " : celle-ci émet des sons qui, selon Aristote, sont les " symboles des états d'âme ". La voix est donc " productrice du premier signifiant ", elle est " au plus proche du signifié " (De la grammatologie), " au plus proche de soi comme l'effacement absolu du signifiant " (Idem) ; elle permet la manifestation de la pensée de l'être comme signifié transcendantal. Il y a ainsi " proximité absolue de la voix et de l'être, de la voix et du sens de l'être, de la ...
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