Joseph François Dupleix par Auguste Toussaint Attaché au CNRS.

Joseph François Dupleix par Auguste Toussaint Attaché au CNRS. Curieux homme que ce Dupleix, mi-Européen, mi-Oriental, un peu mystérieux aussi, un peu déroutant, comme l'Inde elle-même qu'il voulut conquérir. Le XVIIIe siècle l'a méconnu ; le XIXe l'a statufié et lui a conféré l'auréole des surhommes ; le XXe n'a pas fini d'interroger les archives à son sujet. On ne sait même pas à quoi ressemblait le personnage. En effet, tous les portraits qu'on a de lui sont apocryphes. Le cas, d'ailleurs, n'est pas unique. Au lieu de spéculer sur l'apparence du " sujet " - généralement trompeuse : au reste, comme toutes les apparences - pourquoi ne pas rechercher plutôt ce qui pourrait l'avoir marqué dès l'enfance, à l'âge où le caractère se forme irrémédiablement ? Dupleix, pour sa part, eut une enfance sans joie. Il souffrit de la dureté paternelle, de l'indifférence de sa famille, de n'être aussi que de très petite noblesse, à une époque où la naissance comptait tellement. Voilà, croyons-nous, qui peut expliquer certains côtés de son caractère, son penchant pour la dissimulation, sa vanité excessive, ce besoin de s'affirmer, allant jusqu'à " trancher du souverain ", et, sans doute aussi, l'adoration qu'il voue à la femme qui lui apporte à la fois l'amour et la tendresse. Pour ce qui est de sa carrière il faut, comme pour toutes les destinées humaines, faire la part du hasard. Arrivé tout jeune à Pondichéry, en 1721, et ne connaissant rien de l'Asie ni des roueries orientales, il aurait peut-être échoué piteusement si le hasard ne l'avait fait rencontrer, dès le début, le couple Vincent, lui, employé de la Compagnie des Indes comme Dupleix lui-même, elle, une fort belle créole née dans l'Inde de p&egra...