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Juvénal par B.

Publié le 05/04/2015

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Juvénal par B.-A. Taladoire Professeur de Littérature latine à la Faculté des Lettres, Montpellier L'oeuvre de Juvénal s'inscrit dans le mouvement néoclassique dont le début coïncide avec celui du pouvoir de Vespasien et qui se poursuit jusqu'au règne des deux premiers Antonins, Nerva et Trajan, soit, à peu près, de 69 à 117. Né avant 65, à Aquinum, en Campanie, fils véritable ou adoptif d'un riche affranchi, D. Junius Juvenalis passe, si l'on en croit un texte attribué à Suétone, la moitié de sa vie dans la fréquentation des rhéteurs, cultivant avec succès le genre à la mode de la déclamation, et ce n'est que vers l'année 100 qu'à l'exemple de son ami Martial, il commence d'écrire des Satires dont la virulence lui valut peut-être (la plupart des critiques pensent qu'il s'agit seulement d'une légende flatteuse formée après sa mort) d'être exilé sur le tard, en Égypte ou en Bretagne, et de finir ses jours, vers 128, comme Ovide, loin de sa patrie. De l'existence de Juvénal nous ne savons rien d'autre. On l'a quelquefois prétendu besogneux et comparé sur ce point à Martial ; d'autres commentateurs ont vu en lui un mécontent blessé dans ses ambitions et exhalant sa hargne de n'être pas " en place ". Il semble que ni l'une ni l'autre de ces images du poète ne corresponde à la réalité, et que celui-ci fut, au contraire, un bourgeois à son aise, propriétaire à la campagne, ayant à Rome pignon sur rue et jouissant d'un état honorable. A l'entendre lui-même, c'est l'indignation qui l'a fait poète ! facit indignatio versum. Pourtant on ne peut se défendre, quand on aborde son oeuvre, d'un sentiment de doute touchant la spontanéité de cette " sainte colère ". A dire vrai, et on l'a plus d'une fois souligné, elle éclate à retardement, à une époque, où les personnages mis en cause dans les Satires sont déjà couchés le long de la voie Latine et de la voie Flaminienne. Domitien, le " Néron chauve ", est mort depuis quatre ans, après un règne particulièrement exécrable, dont les excès ne doivent cependant pas nous faire oublier que tout n'allait pas pour le mieux avant lui dans la vie de la société romaine et dans l'exercice du régime impérial. Les Antonins lui succèdent, et c'est précisément au moment où ils s'efforcent de remettre un peu d'ordre dans l'Empire, que Juvénal s'avise de brandir ses foudres. On peut, certes, reconnaître avec lui que les mauvaises moeurs ont la vie dure, que les corruptions et les scandales des règnes précédents sont loin d'avoir disparu, que les vieilles vertus ne sont souvent qu'une vaine façade ; que les délateurs, les débauchés, les parasites, les arrivistes s...

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Taladoire Professeur de Littérature latine à la Faculté des Lettres, Montpellier. »

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