Devoir de Philosophie

La double monarchie de 1815 par Victor-L.

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

monarchie
La double monarchie de 1815 par Victor-L. Tapie Membre de l'institut L'histoire de l'Autriche et de l'Autriche-Hongrie pendant tout le XIXe siècle se déroule à travers une suite de péripéties et de crises et s'achève par l'effondrement de la double monarchie. Est-ce une raison pour admettre que la monarchie des Habsbourg, artificielle et despotique, subsistait à la manière d'un anachronisme dans une Europe en renouvellement et ne pouvait échapper à son mauvais destin ? Cependant, les pays danubiens rassemblés sous le gouvernement des empereurs d'Autriche ont eu leur part à la prospérité économique et aux progrès industriels du XIXe siècle européen ; leurs institutions ont évolué dans un sens libéral et qu'il s'agisse des lettres, des arts, de la pensée philosophique, des sciences médicales, des découvertes techniques et de leurs applications, ils ont contribué de manière certaine à la civilisation générale. Comment expliquer alors que de tels résultats aient pu se produire parallèlement à une tension politique de plus en plus aiguë, à un affaiblissement du sens collectif de la communauté et de l'attachement à la patrie d'ensemble ou au développement de haines nationales et raciales entre les habitants ? Cela révèle au moins une fragilité inhérente au système et dont l'histoire objective doit fournir l'explication. Partons de 1815. A cette date, l'Autriche sortait victorieuse d'un confit de vingt-trois années avec la Révolution française et l'Empire. Sans doute, de 1809 à 1813, l'Autriche s'était-elle trouvée, par nécessité, l'alliée de Napoléon, mais cette alliance manquait de conviction et après la rupture de 1813 l'Autriche s'associa résolument à la lutte des coalisés (Angleterre, Russie, Prusse) qui obligèrent l'Empereur et la France à capituler. Après le congrès de Vienne, qui avait remanié la carte d'Europe, l'Empire d'Autriche conservait les traits fondamentaux de son ancienne structure territoriale, mais avec des modifications lourdes d'influence sur sa destinée future. Donc, au centre, les États héréditaires (Autriche, Bohême, comtés alpins) et le royaume de Hongrie, possessions traditionnelles de la dynastie, auxquels s'ajoutaient au Nord les régions polonaises et au Sud les provinces illyriennes. Les anciens domaines de l'Autriche antérieure (Brisgau, Souabe, Haut-Rhin) et la Belgique étaient définitivement abandonnés, mais l'évêché de Salzbourg arrondissait désormais l'Empire à l'Ouest, tandis qu'en Italie l'ancienne République de Venise était jointe au Milanais récupéré pour constituer le Royaume lombard-vénitien. Lors de la réorganisation de l'Allemagne, certains auraient souhaité que l'empereur d'Autriche y retrouvât son ancienne dignité d'empereur d'Allemagne. Mais le congrès avait décidé qu'il n'y aurait pas de retour au Saint Empire et que serait établie une confédération de trente-neuf États souverains (où l'Empire d'Autriche et le royaume de Prusse se trouveraient les plus puissants), la Diète de Francfort n'étant en fait qu'une assemblée d'ambassadeurs. Le Royaume lombard-vénitien formait en Italie une sorte de glacis où l'Empire d'Autriche entretenait des garnisons, tandis que son influence politique s'exerçait aisément sur d'autres États italiens par des liens dynastiques. Chateaubriand a pu écrire que l'Autriche tenait l'Italie à ferme. Les difficultés ne pouvaient manquer du fait que les bouleversements de la Révolution et de l'Empire avaient éveillé dans les élites d'Allemagne et d'Italie une conscience nationale qui n'avait jamais été plus forte et une aspiration à l'unité. Aussi le morcellement de leurs pays leur semblait-il une solution de violence, contraire à leurs intérêts profonds et à la justice. A cette date, en revanche, il n'était pas d'une extrême gravité pour l'Empire d'Autriche de grouper sur ses anciens territoires des populations différentes par la langue, le caractère ethnique et les souvenirs du passé : des Allemands, des Slaves, des Hongrois, des Latins. Une longue habitude les avait associés sous le gouvernement des Habsbourg et pour le plus grand nombre l'attachement à la dynastie était réel, comme la personne du vieil empereur Franz Ier populaire. L'Église catholique, l'aristocratie foncière conservaient leur prestige. Cependant, à des niveaux divers, l'opinion souhaitait des réformes (la corvée paysanne était odieuse aux populations qui s'y trouvaient soumises, peut-être surtout parmi les paysans aisés). Sur le plan international, l'Autriche, telle quelle, par son étendue territoriale et sa population de plus de vingt-cinq millions d'habitants, la force de son armée, le caractère brillant de la capitale, Vienne, faisait figure de grande puissance. Le chancelier Metternich, dont l'autorité s'était affirmée au cours du congrès, lui assignait pour rôle de garantir l'ordre restauré, fondé sur la légitimité des rois et l'obéissance des peuples. Pour Metternich, en effet, le bonheur et la paix future de l'Europe dépendaient de l'entente entre les États chrétiens, c'est-à-dire les souverains, afin de maintenir les principes d'une société traditionnelle, face à l'adversaire qu'on avait eu tant de mal à vaincre : la Révolution française. L'Autriche devait être le Sénat de l'Europe - ses adversaires disaient le gendarme. Après avoir constitué la Quadruple Alliance (Angleterre, Russie, Autriche, Prusse) et y avoir accepté la France, Metternich avait réprimé les velléités libérales d'Allemagne et d'Italie et obtenu à Laybach le droit de faire intervenir l'armée autrichienne dans le royaume de Naples Par un curieux retour des choses, manifeste dès le temps de Marie-Thérèse, l'Autriche - qui jadis avait rendu à l'Europe chrétienne le service...
monarchie

« par Victor-L.

Tapie Membre de l'institut. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles