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La Fontaine

Publié le 16/02/2011

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La Fontaine est le plus indépendant et le plus souple des poètes classiques : narrateur excellent, moraliste ingénieux, il a prodigué dans le cadre restreint de ses Fables des dons incomparables de naturel, d'élégance et d'harmonie. La Fontaine mena une vie insouciante d'épicurien et d'artiste. Jean de la Fontaine (1621-1695), à Château-Thierry, en Champagne, mena une vie insouciante et paresseuse de poète : il fut protégé par le surintendant Fouquet, à qui il demeura toujours fidèle, puis par Mme de la Sablière. L'amour du plaisir et la variété des goûts furent, comme il le confessait lui-même, les traits les plus marquants de sa nature : Je suis chose légère et vole à tout sujet ; Je vais de fleur en fleur et d'objet en objet... Il fut d'ailleurs sincère, obligeant et dévoué.  

Son génie s'est formé sous des influences complexes et variées.

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« lignes pittoresques, il esquisse la silhouette du héron, maigre et dédaigneux, « le héron au long bec emmanché d'unlong cou ». Parfois il y a contraste : le loup affamé est mis en présence du chien robuste et repu, « aussi puissant que beau,gras, poli...

» ; le chêne majestueux interpelle orgueilleusement le roseau : Dans L'Aigle et l'Escarbot, l'inégalité des adversaires, la ténacité du plus faible qui supplée à la force par la ruse, lacruauté, puis la détresse de l'aigle enfin châtiée « (Elle gémit en vain, sa plainte au vent se perd ») font qu'unsouffle de représailles et de haine semble planer sur l'action. Souvent le récit se développe en multiples épisodes : dans L'Hirondelle et les petits Oiseaux, nous suivons de saisonen saison avec une appréhension croissante la levée de l'herbe funeste ; même aggravation de l'intérêt pathétiquedans L'Alouette et ses petits. Ce partage du récit en actes successifs est surtout fréquent dans les longues narrations du second recueil : LeChat, la Belette et le Petit Lapin ; L'Homme et la Couleuvre. Les animaux sont les acteurs préférés de La Fontaine. L'homme est le héros de quelques-unes des fables les plus connues et les plus belles de La Fontaine : La Mort et leBûcheron, Le Paysan du Danube.

Des croquis réalistes extrêmement pittoresques nous font voir les petites gens dupeuple : La Vieille et les deux servantes ; La Laitière et le pot au lait ; Le Savetier et le Financier. Cependant les acteurs ordinaires sont des animaux.

L'auteur n'a pas eu l'idée de les présenter dans la liberté de leurexistence farouche, avec leurs instincts, leurs appétits réels ; il n'y a rien ici qui ressemble aux essais depsychologie animale qu'ont tentés Leconte de Lisle ou Kipling.

Bertrand et Raton sont en domesticité ; le chat, lechien, le coq vivent à proximité de l'homme ; le rat, le renard, le loup subsistent à ses dépens.

Quant aux autres, LaFontaine les situe dans une société conventionnelle et hiérarchisée dont le Lion est le roi.

Mais, cette fiction unefois admise, La Fontaine décrit à merveille l'allure, le pelage, le maintien de chaque être : la belette « au nez pointu», le chat velouté, à l'humble contenance, au modeste regard « et pourtant l'œil luisant ».

Ingénieusement, il passedu détail physique au détail moral : « une tortue était à la tête légère...

» ; tout dans la posture du lièvre dénote lafrayeur : « Cette crainte maudite m'empêche de dormir, sinon les yeux ouverts » ; La Fontaine rendra Le moindre vent qui d'aventure Fait rider la face de l'eau Vous oblige à baisser la tête. Généralement il y a un conflit et la forme dramatique du récit est encore plus frappante : le conflit est comique si lesot est dupé par un malin (Le Renard et le Corbeau ; Le Renard et le Bouc ; Le Singe et le Chat) ; il devienttragique, et c'est le cas ordinaire, quand le plus faible est victime du plus fort (Le Loup et l'Agneau ; Le Milan et leRossignol). de même la sottise du bouc, l'étourderie du peuple souriquois, la tristesse du hibou, etc. C'est une induction gratuite mais qui repose sur une association d'idées depuis longtemps admise : « Les propriétésdes animaux et leurs divers caractères y sont exprimés ; par conséquent les nôtres aussi...

» La fourmi symbolise laprévoyance, le renard la ruse, le loup la violence et la voracité.

L'observation s'efface alors devant l'allégorie. Sous la forme commode de l'apologue, La Fontaine décrit en réalité les mœurs de l'homme. Taine, interprétant rigoureusement cette tendance, a prétendu que La Fontaine n'aurait fait que peindre strictement« les caractères » de son temps : ainsi Les Animaux malades de la peste, Les Obsèques de la Lionne sont destableaux de la Cour ; le Lion représente parfois Louis XIV, le Renard incarne le courtisan, etc.

Mais l'intentionsatirique est beaucoup plus générale qu'actuelle ; les comédies de Molière sont à cet égard bien plus précises (cf.Le Renard et le Corbeau, et, dans Molière, les scènes entre Dorante et M.

Jourdain).

La Fontaine critique en passantles grands, les magistrats, les moines, les bourgeois, mais il s'en prend aux travers communs de l'humanité (avarice,orgueil, hypocrisie, sottise, etc.), sans spécifier plus directement les fautes de ses contemporains. La morale de La Fontaine enseigne surtout la prudence. Cette morale n'a rien d'héroïque ; elle n'inspire jamais le sacrifice et se borne à nous mettre en garde contre lesdéfauts : elle donne bien quelques préceptes de charité, dictés par l'intérêt, car « on a souvent besoin d'un pluspetit que soi », mais les maximes de solidarité sont plutôt rares : « Ne t'attends qu'à toi seul...

» Pourtant LaFontaine a chanté l'amitié en termes délicats : « Qu'un ami véritable est une douce chose! » Ce que l'auteur énonce avant tout ce sont des leçons de prudence pratique : discernement dans le choix des amis :« il ne faut point juger des gens sur l'apparence » (cf.

: L'Ours et l'Amateur des jardins) ; défiance envers les ennemis (Le Chat et un vieux Rat) ; prévoyance et sagesse dans toutes nos entreprises {Le Renard et le Bouc ;La Tortue et les deux Canards).. »

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