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La poésie française par Georges-Emmanuel Clancier Sous l'occupation, de 1940 à 1944,

Publié le 05/04/2015

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La poésie française par Georges-Emmanuel Clancier Sous l'occupation, de 1940 à 1944, puis dans les premiers temps qui suivirent la Libération, la poésie en France connut un succès particulier, soit qu'elle parut alors un certain chant de révolte ou d'espoir, une possibilité de communion et d'exaltation pour un peuple enchaîné, la seule voix lumineuse dans le silence et les ténèbres, soit qu'après la mortelle menace, les longues années où l'homme avait été livré aux monstres, elle incarnât la renaissance même de ce que la liberté révélait de plus essentiel et de plus précieux dans l'homme. En ce début d'un monde nouveau - qu'on croyait nouveau - était le Verbe. Dans les années 60, la poésie a retrouvé l'ombre où, depuis Baudelaire en France, elle luit secrètement. Tiennent alors la vedette roman, peinture et cinéma, ou même la critique : " Nouveau roman " et son " école du regard ", " Nouvelle critique ", " Nouvelle vague " du cinéma, " peinture tachiste ", " gestuelle ", " informelle ", etc. Et le " Nouveau Théâtre " que j'allais oublier ! Pendant ce temps, la poésie continue d'éclore sans bruit, sans manifestes (ceux des " lettristes " remontent eux aussi aux années où l'élan social qui avait porté la poésie au premier plan touchait à sa fin). Qu'on n'aille pourtant pas s'y tromper : pour vivre ainsi dans l'ombre, la poésie française n'en garde pas moins toute sa richesse et toute sa pureté. Lorsque les modes auront passé, dans le roman, la peinture et le cinéma, en apercevra alors le véritable et merveilleux éclat - celui qui vient de la lumière interne et non des projecteurs - d'oeuvres de poètes pour l'instant admirés et aimés d'un petit nombre de lecteurs seulement. Après la Libération, la poésie française issue de la Résistance semble grouper dans une même volonté lyrique plusieurs générations : celle des anciens surréalistes comme Aragon, Eluard, Tzara ; celle de leurs compagnons de Résistance comme Audisio ou Jean Cassou ; celle des poètes nés avec la guerre de 1914-1918 et qui se sont fait connaître aux abords et pendant la nouvelle guerre, comme Pierre Emmanuel, Jean Cayrol ou Loys Masson. Curieusement, ces générations, soudain alliées par une même réaction morale et poétique devant la catastrophe, semblent rallier à elles l'oeuvre des poètes plus anciens comme Supervielle ou Jouve, ou celle des poètes de la génération intermédiaire comme Tardieu, Follain ou Guillevic. C'est le temps des revues où la poésie est souveraine : Poésie 45 de Pierre Seghers, Fontaine de Max-Pol Fouchet, L'Arche de Jean Amrouche. Ces revues animées par des poètes qui, pour la plupart, appartiennent à la génération née avec la guerre de 1914, assurent l'union des générations poétiques affirmées dans et par l'épreuve. La paix va vite apporter ses divisions, sa liberté aussi. On va écouter avec déférence la voix solennelle, lointaine et quasi parnassienne de Saint-John Perse ; on va découvrir ou redécouvrir avec un jeune enthousiasme l'hermétisme chaleureux de René Char qui fait de la poésie une lumière d'une pureté incomparable ; on va enfin suivre avec une attentive patience la précieuse élaboration des proses et des poèmes de Francis Ponge. Bref, la poésie française, tout en demeurant fidèle aux conquêtes baudelairiennes et rimbaldiennes de l'alchimie du verbe, va connaître une riche diversité. Toujours du côté des surréalistes, le retour de Breton et de Benjamin Péret va s'accompagner d'une...

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