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L'ADOLESCENCE D'AUJOURD'HUI

Publié le 30/06/2012

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C'est un paradoxe, à première we, de prétendre que l'adolescence est un phénomène récent : des jeunes, il y en a eu à toutes les époques. Mais, dans une société agricole comme était la France jusqu'au début du xxe siècle, la jeunesse ne constituait pas une classe d'âge particulière : Philippe Ariès, dans l'Enfance et la famille sous l'Ancien Régime, nous fait prendre conscience, à travers les documents d'époque sur les récits de vie familiale, que l'enfance n'était pas considérée comme une catégorie à part de la vie, nécessitant que les adultes aient un comportement particulier à son égard : les parents d'Ancien Régime n'ont pas un vocabulaire particulier pour s'adresser à leurs enfants; ils se comportent en leur présence de la même façon qu'ils se comporteraient sans eux et ne font que les considérer comme des petits hommes à qui on n'a rien à cacher ; il n'y a pas de respect particulier de cet âge ou de cet état.

« Gérard Vincent est la constatation à laquelle aboutissent généralement les sociologues et chercheurs en sciences humai­ nes qui se sont penchés sur le problème .

Ainsi Edgar Morin déclare.

dans l'Esprit du Temps, que 'tout semble se passer comme si.

de façon inégale.

un mouvement de fond des sociétés modernes tendait.

au cours de la seconde moitié de ce siècle.

à la constitution d'une classe adolescente-juvénile' .

Henry Lefebvre.

patriarche de la sociologie .

dans son ouvrage La conscience mystifiée, va jusqu 'à penser que la jeunesse est une invention récente.

contemporaine de l'avènement des dynasties bourgeoi­ ses et du développement de la société industrielle.

Que veulent­ ils dire en fait ? Avant l'industrialisation et l'apparition des premiers ateliers et des premières usines.

la société est une société essentiellement agricole ; l'apprentissage.

le début du travail.

le passage de l'enfance à l'âge adulte ont eu lieu inévitablement dans la famille paysanne vivant sur la terre qu'elle travaille ; les enfants apprennent directement de leurs parents les techniques manuel­ les et agricoles qu'ils auront à mettre en œuvre tout au long de leur vie.

A ce moment-là.

l'adolescence ne constitue pas en soi une étape de l'existence et.

si des sentiments d'adolescents peuvent exister.

ils n'en forment pas pour autant.

chez les jeunes.

un stage particulier .

D'ailleurs.

ceux-ci ne peuvent pas avoir conscience d'appartenir à un ensemble collectif commun.

L'adolescence ne constitue donc pas une catégorie constante des sociétés, mais une catégorie historique qui apparaît à un moment précis.

comme on va Je voir.

Dans les sociétés archaïques.

Je passage de l'enfance à l'âge adulte se fait le plus souvent par l'initiation.

Elle s'opère sur la base de rites plus ou moins cruels.

sorte d'épreuves d'endurance destinées à affermir le jeune garçon ou la jeune fJ.lle.

à faire mourir en eux l'enfant pour que naisse l'adulte ; ce qui supprime chez eux les transitions et les états particuliers de l'adolescence.

Une fois initiés.

les jeunes gens sont directement intégrés à la société adulte où différents rôles les attendent, nettement définis par la société.

Dans la plupart des sociétés historiques qui ont précédé la nôtre.

l'absence d'école et la précocité de la mise au travail des jeunes ne permettent pas non plus à cet état si particulier de se développer.

Les écoles religieuses du Moyen Age ou plus tard le lycée napoléonien soit ne forment qu'une toute petite partie de la jeunesse de ces périodes-là.

généralement issue des milieux les plus aisés.

soit ne forment les enfants que dans les premières années de leur vie.

Les escholiers du Moyen Age.

premiers. »

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