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L'Amérique du nord par Claude Fohlen Professeur à la Sorbonne Si grandes découvertes

Publié le 05/04/2015

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L'Amérique du nord par Claude Fohlen Professeur à la Sorbonne Si grandes découvertes de la fin du XVIe siècle ont ouvert aux Européens l'accès d'un nouveau continent rapidement dénommé Amérique, elles ont limité l'occupation de ce continent à sa partie méridionale, l'Amérique latine, où se donnèrent libre cours les ambitions des deux conquérants initiaux, Espagnols et Portugais. Sans doute le traité de Tordesillas, confirmant une bulle du pape, avait-il partagé ce monde nouveau entre les deux peuples ibériques, excluant par là même les autres royaumes européens de cet Eldorado. C'est tardivement, en effet, que l'Amérique du Nord, c'est-à-dire au nord du Rio Grande, fait son entrée dans l'Histoire, guère avant le début du XVIIe siècle. Un rapprochement est, à cet égard, significatif : les trois villes qui allaient devenir les centres d'expansion pour chacun des peuples européens dans la partie septentrionale du continent furent fondées presque simultanément : Jamestown, par les Anglais, en 1607 ; Québec, par les Français, en 1608 ; Santa-Fé, par les Espagnols, en 1609. Rien d'ailleurs, à ce moment, ne pouvait laisser prévoir lequel des trois " occupants " finirait par l'emporter pour établir son hégémonie sur cette portion du globe. La première question qui se pose est donc celle de l'entrée tardive de l'Amérique du Nord dans l'Histoire, la seconde, celle de son partage entre diverses puissances européennes. Comment fut ensuite réalisée sa mise en valeur ? Enfin, au XVIIIe siècle, l'Angleterre réussit à imposer son hégémonie sur ce continent avant d'en être elle-même à moitié expulsée par le soulèvement de ses anciennes colonies, premier témoignage d'un anticolonialisme militant. Les Espagnols, découvreurs du Nouveau Monde, avaient, au début, attaché fort peu d'intérêt à ce qui allait devenir l'Amérique du Nord. Les premiers explorateurs avaient, en effet, abordé dans la partie centrale et méridionale du Nouveau Monde, et ils allaient y concentrer tous leurs efforts, pour deux raisons évidentes. La première, c'est qu'ils y trouvèrent, en abondance, les métaux précieux que, à défaut des épices, recherchaient les conquistadores. L'or et surtout l'argent se trouvaient en abondance dans deux des territoires occupés, le futur Mexique et davantage encore l'eldorado péruvien. A cet égard, les conquistadores avaient pu assouvir leur cupidité et se montraient satisfaits. Les terres occupées les premières avaient révélé des richesses capables de combler les plus exigeants, y compris les deux gouvernements ibériques. D'autres régions contenaient-elles des richesses comparables ? Peut-être, mais rien ne pressait, car rares étaient les conquérants en mesure d'inquiéter ces premiers occupants. Outre les richesses minières, ces terres, situées toutes dans la zone intertropicale, paraissaient le complément de l'Europe tempérée d'où venaient les conquérants. Pour les hommes du XVIe siècle, seules étaient dignes de colonisation les régions de climat chaud, parce qu'elles fournissaient aux métropoles des produits rares, recherchés, d'autant plus appréciés qu'ils ne croissaient pas en Europe. C'est ce qu'exprimait Pierre Martyr en des termes imagés : " Qu'avons-nous besoin de ces choses qui sont communes à tous les pays d'Europe ? Au midi, au midi, c'est là où sont les richesses de l'Équateur, que doivent aller tous ceux qui désirent des richesses, et non dans le Nord froid et glacé. " Espagnols et Portugais s'intéressèrent donc assez peu et relativement tard aux régions situées plus au nord : pour eux, elles n'avaient qu'un intérêt fort réduit. Elles n'avaient rien qui put les tenter. Ce sont cependant les Espagnols qui, à partir de leurs bases du Mexique, explorèrent ou plutôt commencèrent à explorer le continent nord-américain. Par les Indiens, ils avaient entendu parler de richesses mystérieuses cachées dans " l'île de Bimini " ou dans " l'île de Floride ". Dès 1513, ils organisèrent plusieurs expéditions pour prendre possession de ces terres. Ce furent d'abord celles, sans grands résultats, de Ponce de Léon (1513 et 1521), suivies de celles de Narvaez et de Hernando de Soto. Aucune de ces expéditions n'aboutit à la création d'établissements permanents, pas plus d'ailleurs qu'à la découverte de richesses nouvelles. Les Espagnols étaient sur le point d'abandonner leurs tentatives, quand la présence d'hérétiques, en l'espèce des huguenots français, leur fournit le prétexte pour s'établir dans le Nord de l'actuelle Floride. Un parti de protestants français, inspiré par Coligny, s'était établi en 1562 à l'extrême sud de la Caroline. Philippe II chargea Menendez de Aviles de les en expulser et de faire disparaître toute trace de cet établissement sacrilège, à proximité duquel fut érigé le fort Saint-Augustine, premier poste permanent de la royauté très catholique en Amérique du Nord (1565). En même temps, les Espagnols se lançaient dans l'exploration de l'intérieur du continent, où se trouvait le mystérieux royaume de Quivira, célèbre pour ses richesses. Coronado partit en 1540 en direction du Nouveau-Mexique et reconnut les pueblos des Indiens Zuni, mais non les fabuleuses richesses qu'il avait imaginées. Les Espagnols abandonnèrent alors leurs tentatives, pour ne les reprendre qu'à l'extrê...

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