Le concept de Survivance (Lewis Morgan)

« 4 L'évolution des techniques et des comportements, même dans les sociétés industrielles, ne brise jamais tout à fait une sorte de continuité.

Les premières automo­ biles furent construites sur le modèle des fiacres, et bien des convenances de politesse s'expliquent par des nécessités aujourd'hui disparues.

L'un des mérites de Morgan fut justement d'avoir recherché dans la langue la trace d'états sociaux antérieurs.

Les proverbes, les idiomatismes, des parties importantes du vocabulaire se réfèrent à des pratiques ou des institutions qui n'exis­ tent plus : qui se souvient que la " maille à partir ,.

est une unité de petite monnaie, difficile à partager ? La critique que l'on peut faire à Morgan ne porte donc pas sur la réalité des survivances, mais sur l'usage qu'il en fait : celles-ci permettent de formuler des hypothèses, mais non de reconstituer à elles seules le passé d'une société.

L'anthropologue s'en sert comme indices plut6t que comme preuves.

5 L'étude des survivances donne de nombreuses indica­ tions pour l'ana:Jyse des folklores.

La vie populaire recèle fréquemment des traditions et des croyances disparues.

Arnofd Van Gennep montre ainsi comment le souvenir des divinités paiennes, antérieures à la christianisation de la Gaule, vit encore dans les contes de fées.

On a pu interpréter de même la vivacité du maraboutlsme (culte de saints locaux) en Afrique du Nord comme la volonté de perpétuer la vie religieuse antérieure à l'Islam.. »