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Le rôle de la généalogie et des principes qui s’y apparentent dans la classification des espèces de Darwin

Publié le 05/03/2024

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« 1 896 mots Travail court Le rôle de la généalogie et des principes qui s’y apparentent dans la classification des espèces de Darwin Faculté de philosophie Université Laval Session d’hiver 2024 Depuis plusieurs siècles, la classification des différentes espèces permet aux êtres humains de mieux comprendre la diversité biologique, de se prononcer ainsi que de se consulter mutuellement au sein d’une communauté scientifique unanime.

Puisque Darwin traite principalement de ce sujet dans le treizième chapitre de son œuvre, nous tenterons de démystifier pourquoi certains attributs semblent être plus utiles que d’autres afin de procéder à la classification des espèces1.

Pour ce faire, nous verrons tout d’abord les caractères plus vagues, nous portant facilement à confusion pour ensuite effectuer une mise en contraste avec les caractères emblématiques de ce système, soit la généalogie et les principes qui s’y apparentent, à savoir l’embryologie et la morphologie.

En guise de conclusion, lorsque nous aurons éclairci le principe de classification, je me prononcerai enfin sur son caractère arbitraire. Les êtres humains ont naturellement tendance à catégoriser tout ce qui les entourent en se fondant sur le caractère apparent, sur ce qui se trouve en surface. À cet égard, Darwin affirme que, bien « souvent, nos classifications suivent tout simplement la chaîne des affinités2.

» Les êtres humains se basent alors, la plupart du temps, sur un caractère superficiel car « nous sommes toujours peu disposés à admettre tout grand changement dont nous ne voyons pas les degrés intermédiaires3.

» Or, cette manière de catégoriser les choses est beaucoup trop vague.

Bien qu’elle peut nous sembler, à première vue, assez logique et sensée, elle peut nous porter trop facilement à confusion.

Afin de contrer cette 1 Charles Darwin, L’Origine des espèces, Paris, Flammarion, 2022, ch.

XIV, p.

551. Ibid., ch.

XIII, p.

489. 3 Ibid., ch.

XIV, p.

554. 2 2 conjoncture, Darwin, ainsi que d’autres naturalistes, se fient sur des caractères dits plus « fiables », comme la géologie, afin de procéder à la classification des espèces.

Ainsi, « [ils] comprennent encore dans l’espèce les formes monstrueuses et les variétés, non parce qu’elles ressemblent particulièrement à leur forme parente, mais parce qu’elles en descendent4.

» Dans le treizième chapitre de son œuvre, Darwin introduit la notion de généalogie par la descendance, alors qu’il traite de « la subordination naturelle de tous les êtres organisés en groupes subordonnés à d’autres groupes5 ».

Il indique alors que « nous avons [...] un grand nombre d’espèces, descendant d’un ancêtre unique, groupées en genres ; ceux-ci en sous-familles, en familles et en ordres, le tout constituant une grande classe6.

» Il compare ensuite ce principe à un arbre généalogique7, et affirme qu’il s’explique « par la théorie de la descendance avec modifications successives, lentes et légères8.

» La généalogie nous permet non seulement de nous baser sur des « faits réels » plutôt que sur de simples attributs simplistes et superficiels, mais aussi de remonter jusqu’aux ancêtres de certaines espèces, afin d’observer et de démystifier certains traits « qui, chez l’ancêtre reculé de chacune de ces classes, étaient primitivement semblables9.

» De plus, la généalogie, nous permet, tous domaines confondus, d’observer la progression des espèces en ayant la possibilité de retracer cette progression jusqu’à leurs ancêtres.

Cette idée s’applique aussi aux êtres humains, 4 Ibid., ch.

XIII, p.

494. Ibid., ch.

XIII, p.

483. 6 Loc.

cit. 7 Ibid., ch.

XIII, p.

492. 8 Ibid., ch.

XIV, p.

552. 9 Loc.

cit. 5 3 qui peuvent, moyennant une certaine recherche, tenter d’établir leur parenté en recherchant leurs ancêtres10, et donc de trouver d’où ils viennent réellement.

La généalogie nous donne aussi une certaine impression d’avoir un fil conducteur, – en l’occurrence, la communauté d’origine présentée par Darwin –, au lieu que tous les termes employés dans la classification des espèces ne soient confus et donc complètement arbitraires.

Il me semble donc juste d’affirmer que la généalogie occupe un rôle « régulateur » au sein du principe de classification des espèces de Darwin, puisqu’il vient baliser ces termes en leur imposant une hiérarchie.

Un arbre généalogique, tel que nous le connaissons, est assez simple à décortiquer, mais ce n’est pas la même chose pour la généalogie des espèces, parce que « la représentation des groupes indiquée dans la figure sur une surface plane est beaucoup trop simple11.

» Darwin affirme plutôt que, en ce qui concerne la généalogie des espèces, « les branches devraient diverger dans toutes les directions12.

» Comment pouvons-nous donc expliquer, de manière si précise, avec le système de classification des espèces, ce phénomène si vague et ambigu ? L’embryologie, phénomène principalement régi par « la loi commune des ressemblances embryonnaires13 », semble être un principe très important pour Darwin.

Étant étroitement liée avec la généalogie puisqu’elle résulte directement des relations entre les différents individus, l’embryologie m’apparaît donc être l’un des points majeurs contribuant à la classification des espèces, puisqu’il s’agit 10 La généalogie en 8 leçons, Fédération québécoise des sociétés de généalogie, https://www.federationgenealogie.com/fr/la-genealogie-en-8-lecons, page consultée le 19 février 2024. 11 Charles Darwin, L’Origine des espèces, Paris, Flammarion, 2022, ch.

XIII, p.

492. 12 Ibid., ch.

XIII, p.

492. 13 Ibid., ch.

XIII, p.

512. 4 du « point de départ » de l’individu en lui-même.

En d’autres mots, il s’agit de son état le plus pur et le plus véritable, et cet état nous permet de le rapprocher davantage de ses ancêtres14, ce qui « révèle donc une communauté d’origine15 ». À cet égard, « pour la plupart des naturalistes, la conformation de l’embryon est encore plus importante que celle de l’adulte au point de vue de la classification. Car l’embryon est l’animal dans son état le moins modifié, et révèle donc la structure de ses ancêtres16.

» Ce principe peut donc, à première vue, sembler très convaincant puisque chaque situation qui en découle peut aisément être expliquée ; en ce qui concerne les individus qui ne subissent pas – ou peu –, de métamorphose entre leur période embryonnaire et leur vie adulte, cela s’explique « par les effets de l’usage ou du non-usage des parties17.

» À cet égard, « en ce qui concerne la cause finale de ces cas où les jeunes ne subissent aucune métamorphose ou bien ressemblent étroitement à leurs parents depuis leur plus jeune âge, il est clair que cela résulte des deux raisons suivantes : d’abord, parce que les jeunes doivent de bonne heure suffire à leurs propres besoins, et ensuite, parce qu’ils suivent le même genre de vie que leurs parents ; car, dans ce cas, leur existence dépend de ce qu’ils se modifient de la même manière que leurs parents18.

» Bien que les individus de certaines espèces ne se distinguent pas beaucoup de leur forme embryonnaire à leur forme adulte19, la majorité diffèrent simplement parce que ceux-ci doivent s’adapter afin de subvenir à leurs propres 14 Ibid., ch.

XIII, p.

520. Loc.

cit. 16 Loc.

cit. 17 Ibid., ch.

XIII, p.

518. 18 Ibid., ch.

XIII, p.

519. 19 Ibid., ch.

XIII, p.

513. 15 5 besoins dans la nature20.

Ces individus subissent donc de légères variations qui apparaissent plus tard dans la vie de l’individu21, et qui « sont héréditaires à l’âge correspondant22 ».

Or, ce principe est à risque d’une certaine disparité : « il se peut que, chez un ou deux groupes, quelques phases du développement [embryonnaire] aient été supprimés, ou aient subi, pour s’adapter à de nouvelles conditions d’existence, des modifications telles qu’elles ne sont plus reconnaissables23.

» Comment pouvons-nous donc établir un système de classification des espèces si précis, – tout en étant fondé sur le principe de l’embryologie –, malgré le fait qu’il nous est parfois impossible de « remonter » jusqu’à.... »

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