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Le Romantisme par Albert Béguin Le mot " romantisme ", l'adjectif " romantique " ont, dans les diverses langues européennes, une longue et complexe histoire.

Publié le 05/04/2015

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Le Romantisme par Albert Béguin Le mot " romantisme ", l'adjectif " romantique " ont, dans les diverses langues européennes, une longue et complexe histoire. Personne ne sait trop d'où est venu ce terme, appelé à une grande fortune et à une non moins grande déchéance. On l'a fait dériver de " roman ", au sens de fiction littéraire, mais aussi de l'adjectif " roman ", dans le sens où l'on parle des peuples " romans " (ou latins). Rien n'est certain, sinon qu'au XVIIIe siècle, le " romantisme " ou le " romanticisme " ne désignait guère autre chose qu'une ambiance, ou un paysage tel que l'aimèrent les lyriques anglais. Il ne portait alors ni faveur ni défaveur. On était loin de soupçonner qu'en un proche avenir les écrivains de toutes nations se livreraient en son nom des batailles acharnées. On se doutait moins encore qu'une fois passée l'époque tumultueuse, les bourgeois oisifs et les jeunes filles sentimentales décoreraient de ce titre leurs incertaines rêveries, les attendrissements des coeurs faciles, les " pianos qu'on entend dans les quartiers aisés ", et jusqu'aux modes du costume ou de l'ameublement. Puis ce fut la réaction, et " romantique " devint un qualificatif de mépris... Et pourtant, nous demeurons les héritiers de ces désordres et de ces découvertes. Nous portons le romantisme dans notre sang ; les normes de l'art et de la morale classiques, qu'il a détruites, ne revivront plus. Les terribles événements de notre histoire récente sont encore le même ébranlement qui fait de nous les dernières victimes, ou bien les ultimes bénéficiaires du romantisme. De là proviennent toutes les difficultés : comment définir un mouvement qui ne fut étranger à rien de ce qui est advenu depuis deux siècles ? Où trouver ce qu'il y a de commun entre Keats, Shelley, Byron, Novalis, Tieck, Arnim, Brentano, Hoffmann, Hölderlin, Kleist, Hugo, Lamartine, Musset, Vigny, Nerval, Balzac, Manzoni, Lermontov ? Qui aura raison, des Allemands, qui font de Goethe et de Schiller leurs classiques, ou de la critique française qui les annexe au romantisme ? En Italie, en Espagne, en Russie, dans la France de 1830, il ne s'agit guère que d'une révolution dans les formes de l'expression littéraire. L'Angleterre, première initiatrice, offre l'exemple d'un romantisme surtout lyrique, vivant dans des oeuvres spontanées, en l'absence de toute théorie cohérente. En Allemagne, au contraire, c'est une recherche concertée, où les philosophes ont autant de part que les poètes, et où les poètes eux-mêmes sont des philosophes. Et n'oublions ni la musique, ni la peinture, ni la naissance du socialisme et les révolutions romantiques. S'il fallait désigner un romantique type, et tenter de circonscrire d'après lui l'expérience idéale du romantisme, j'élirais sans hésiter Novalis. Sa vie à elle seule est une légende exemplaire, celle de l'adolescent fragile, marqué pour une mort précoce, atten...
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