LES COLLECTIONS & LES COLLECTIONNEURS

« Une archéologie permanente Cette archéologie personnelle est à l'image de toute archéologie.

Tout ce qui sur vit a quelque v aleur .

Il n'est plus de mise de sourire, comme on le faisait naguère , de ceux qui attachent de l'im­ portance à des débris.

Ces débris, en fondant une science de l'histoire , ont révélé des histoires incon­ nues .

Des cailloux éclatés, des morceaux d'is, des pollens éparpillés ont révélé des milliers de siècles inconnus .

Les greniers sont aussi des chantiers de f o uilles .

Seuls les enfants l'ont su d'abord .

Ils y trou­ vaient les aliments de leur s rêves et les cartons fice­ lés dans l'ombre devenaient des malles magiques où sortaient de l'oubli de vieux illustrés déchirés, des robe s défraîchies, des cartes postales écrites par des inconnus , des souvenirs sans valeur qu'on allait jeter au prochain déménagement .

On a toujours collectionné.

Grecs et Romains n'ont certainement pas été les premiers a avoir le goût de garder chez soi des objets rares ou pré­ cieux.

Si les collections muséographiques de Vienne , en Autriche , par exemple, sont si riches, c'est parce que toute la famille des Habsbourg, pendant plus de quatre siècles, a amassé toutes les œuvres d'art qu 'elle pouvait se procurer , antiques ou modernes, et même parfois de simples curiosi­ tés .

Aujourd'hui , ce ne sont plus seulement la rareté ou la préciosité d'un objet qui en font le prix au regard du collectionneur , c'est , davantage encore , sa valeur documentaire .

On en revient à l'archéologie pour qui le plus petit morceau de céramique peut présenter autant d'intérêt qu 'un buste intact.

Bouchons de radiateurs d 'automobiles ...

luxueuses on le devine , créés en cristal par René lalique entre 1920 et 1930 (Coll.

part.) Roger GulllemoVCDA Une fonction intellectuelle Le centre d'intérêt s'est déplacé en passant du seul plaisir esthétique à la satisfaction intellec­ tuelle de l'histoire.

Cette forme de collection touche en effet toujours à l'histoire, quel que soit son domaine.

La curiosité de l'amateur se porte vers une forme d'expression , une technique ou un loisir qui, tous, touchent au domaine de l'histoire .

Collectionner, en ce sens, c'est partir à la décou­ verte des mentalités d'autrefois.

Le riche amateur peut toujours acheter une De Dion-Bouton des années 1900 et se donner l'illusion , en la condui­ sant , ou seulement en l'astiquant pour la conser­ ver en état , d'être le contemporain d'une fabuleuse et douteuse Belle Epoque.

Plus modestement , l 'amateur de cartes postales anciennes se satisfait de retrouver sur des clichés désuets un monde qu'il n'a pas connu .

Les collections possibles sont à peu près innom­ brables et d'aspect aussi hétéroclite qu 'on peut l'imaginer puisqu'on y trouve aussi bien, en fonc­ tion de la curiosité de chacun, une certaine nostal­ gie du passé comme de la mode, des automobiles et des chromos , des broderies et de la verrerie, des jouets et des affiches, des manuels scolaires et des illustrés, des boutons et des tickets de métro ...

C'est aussi une affaire de possibilité s financières car s'il existe des collections qui ne coûtent que de la patience, il en est beaucoup qui valent un peu ou beaucoup d'argent.

Il arrive d'ailleurs que l'in­ vestissement soit, à la longue , rentable.

Mais il ne faut pas trop s'illusionner sur ce point.

Une collec­ tion ne peut avoir une certaine valeur financière que dans certaines conditions, et, en particulier si elle est bien menée, complète si cela se peut et por­ teuse d'un intérêt en elle-même .. »