Devoir de Philosophie

L e monde des collections n'a pas toujours été aussi foisonnant et divers qu'il l'est à notre époque ; d'abord il fut celui des collectionneurs d'art, et il demeura longtemps fermé, avant de s'ouvrir largement aux philatélistes.

Publié le 25/10/2013

Extrait du document

L e monde des collections n'a pas toujours été aussi foisonnant et divers qu'il l'est à notre époque ; d'abord il fut celui des collectionneurs d'art, et il demeura longtemps fermé, avant de s'ouvrir largement aux philatélistes. Les effets de l'éducation du goût, de l'élévation du niveau de vie ou des passions de la mode - non exemptes de mercantilisme - se conjuguent aujourd'hui pour transformer en collectionneurs de nombreux anonymes, qui peuvent alors tisser tout un réseau de relations et d'échanges à propos de pratiquement n'importe quel objet. Réunion d'objets naturels ou artificiels, la collection, souvent exposée à la curiosité en un lieu spécifique, ne répond à aucune utilité économique immédiate. À voir la diversité des objets accumulés par les collectionneurs, on pourrait penser que tout peut être collection, et, à l'instar du collectionneur dépeint par Julio Cortázar, ne voir dans un bureau qu'une collection d'employés, dans une école qu'une collection d'élèves, etc. Si tout objet est un élément potentiel de collection, il n'en devient pourtant partie intégrante qu'à trois conditions, qui définissent le sens moderne du terme. Pour cela, il doit simultanément : être soustrait au circuit des activités utilitaires (ce qui le distingue des objets de la production) ; être soumis à une protection spéciale, qui le conserve ou le restaure (ce qui le distingue du déchet) ; être visible, même pour une minorité (ce qui le distingue du trésor), en un lieu spécifique. L'objet est incorporé à une série clairement définie d'autres objets, conformément à une règle (un thème ou une forme) qui confère à l'ensemble une signification. Néanmoins, les objets collectionnés et leurs collectionneurs sont loin d'avoir toujours été aussi variés qu'ils le sont à l'époque contemporaine. La première figure du collectionneur : l'amateur d'art La première figure historique du collectionneur est étroitement liée à l'apparition de collections d'art. Les objets d'art ont toujours suscité la convoitise, et des collectionneurs existaient dès l'Antiquité : ainsi, le propréteur Verrès (119-43 avant J.-C.) avait profité de sa charge en Sicile pour accaparer les oeuvres d'art de la région. À la fin de l'époque médiévale, les trésors d'églises formaient les premières collections. On trouve là un premier modèle de formation d'un musée, dans un lieu où la collection coexistait avec d'autres fonctions, en général religieuses (le trésor de Saint-Marc à Venise). Mais c'est au XVe siècle que la collection au sens moderne apparut en Italie du Nord : pour retrouver le lien avec l'Antiquité, la Renaissance en réunit les vestiges. Par ailleurs, comme l'art obtenait un prestige nouveau et devenait un signe de puissance, de nombreux princes entreprirent des collections d'art, comme Laurent de Médicis en Italie et François Ier en France. D'autres personnages prestigieux les imitèrent, tel lord Arundel en Angleterre. Certains artistes (Cellini, Vélasquez...) se virent confier des missions pour l'achat d'oeuvres d'art. Vers le milieu du XVIIIe siècle se dessina le personnage de l'amateur d'art, dont le plaisir était le mobile essentiel. L'idée selon laquelle c'est l'art qui exprime le mieux l'« esprit « de l'Antiquité avait commencé à se répandre, véhiculée par ces collectionneurs privés : les grandes statues devinrent objet d'étude et prirent le pas sur les inscriptions, pierres gravées ou monnaies, qui avaient été au centre de l'intérêt des premiers passionnés d'antiquités, parce qu'elles étaient conçues comme dépositaires de messages mystérieux. Par la suite, ce nouvel esprit porta également à la mise en valeur de l'art extra-européen (chinois au XVIIIe siècle, japonais, puis africain, océanien ou indien au XIXe siècle). L'apparition du collectionneur particulier est indissociable de la création d'un espace spécifique où étaient réunis ses objets : le studiolo ( ou studio). C'est l'ensemble qui était souvent légué à la cité ou à une institution par le collectionneur après sa mort. Cette formation d'un musée, très courante aux États-Unis, à partir des bienfaits d'une personne privée appelée « évergète «, a joué un rôle essentiel dans la vie artistique et dans la constitution des patrimoines nationaux (la collection Campana de primitifs italiens et la collection d'impressionnistes de Caillebotte). La Révolution française a inspiré un autre modèle de constitution de musée, par saisie d'oeuvres diverses rassemblées en un même lieu (le Louvre, le Prado, les musées ex-soviétiques ou chinois). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arundel (marbres d') Cellini Benvenuto Cluny (musée des Thermes et de l'hôtel de) Elgin (les marbres d') François - FRANCE - François Ier Laurentienne (bibliothèque) Louvre - Les collections mécénat Médicis musée - De la collection privée au musée public patrimoine historique pinacothèque Prado (musée national du) Verrès Caius Licinius Verres Les médias collection - les chineurs Les livres collection - l'univers d'un collectionneur d'art : le salon de Jacques Doucet, page 1170, volume 3 collection - Émile Guimet, portrait exécuté par Ferdinand-Jean Luigini en 1898, page 1170, volume 3 Les collectionneurs contemporains À côté de ces amateurs fortunés ou de ces institutions puissantes, notre époque fournit l'image d'un pullulement de petits collectionneurs attachés à l'accumulation d'objets inattendus et d'allure parfois dérisoire. L'ampleur du phénomène montre que, si tout le monde n'est pas tenté par la collection, la collection est à la portée de tous. Ainsi, en France, entre 1981 et 1988, la proportion de collectionneurs dans la population est passée de 14 % à 23 %, et on les retrouve à peu près dans toutes les catégories sociales (entre deux et trois personnes sur dix, sauf chez les agriculteurs et les retraités). Néanmoins, collectionner est surtout une activité des jeunes générations (parmi les jeunes de 1519 ans, on relève 41 % de collectionneurs, alors que, dans les autres tranches d'âge, le pourcentage varie entre 29 et 14 %) ; c'est une activité masculine (27 % des hommes contre 20 % des femmes) et une pratique urbaine et même parisienne (30 % des Parisiens contre 17 % des ruraux). Enfin, on remarque une certaine disparité socioprofessionnelle : seulement 18 % d'ouvriers collectionnent contre 32 % de cadres et de professions intellectuelles supérieures. Si l'on observe l'intensité de ces pratiques, on note que, sur les 23 % de collectionneurs, 4 % s'occupent de leurs collections au moins une fois par semaine, 7 % au moins une fois par mois, 9 % plus rarement et 3 % ne s'en sont pas occupés au cours des douze derniers mois. En conséquence, il ne saurait être question de tracer un profil psychologique unique du collectionneur, hors ce trait commun à beaucoup d'entre eux qu'est le « syndrome de la pièce manquante « ; certains pratiquent d'une manière introvertie, d'autres ne songent qu'à montrer leurs trésors, d'autres encore spéculent, d'autres enfin sont des forcenés de l'accumulation. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats culture [1] - Le champ culturel Les livres collection - quelques sidérophiles au milieu de mille fers à repasser, page 1173, volume 3 Un panorama des collections Les données du ministère de la Culture montrent que l'éventail des objets collectionnés entre 1981 et 1988 s'est considérablement ouvert (au moins 5 % de types de collections nouvelles), mais sans que la suprématie des philatélistes soit entamée : 8 % des Français collectionnent les timbres, que cet engouement place loin devant les cartes postales, les pièces et les médailles (4 % pour chacune de ces collections), les objets d'art, les pierres, les minéraux, les livres anciens, les poupées et les disques anciens. D'autres collections assez fréquentes sont celles d'armes anciennes, d'autographes, d'automobiles, de bagues de cigares, de boîtes d'allumettes, d'étiquettes de camembert, de sucre, de faux et imitations, de fers à repasser, de flacons de parfum, d'outils anciens, etc. Mais ces collections n'attirent pas les mêmes types de collectionneurs : 11 % des hommes sont philatélistes contre 6 % des femmes, différence qui ne se retrouve pas pour les cartes postales (4 et 5 % respectivement) ; les Parisiens sont plus bibliophiles et collectionneurs d'art que les autres ; les femmes ont presque l'exclusivité de la collection de poupées, etc. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats autographe bibliophilie carte postale herbier médaille numismatique philatélie poupée timbre-poste Les médias collection - quelques dénominations Les livres collection collection collection collection collection collection - sables du monde, page 1170, volume 3 - voitures anciennes, page 1171, volume 3 de timbres, page 1171, volume 3 - marché de cartes postales, page 1171, volume 3 de sables, page 1172, volume 3 de chapeaux du peintre Yves Brayer, page 1172, volume 3 Le « travail « du collectionneur Les collectionneurs s'approvisionnent de diverses manières, mais les plus courantes consistent à fréquenter des marchés spécialisés (marchés aux puces, boutiques de brocanteurs et antiquaires, salons), ou à faire des échanges grâce à des annonces dans les nombreuses revues spécialisées. Le « travail « du collectionneur (aidé par les répertoires, les experts et les revues) est alors de partir à la recherche de la pièce rare, de « chiner « (on peut obtenir aux Puces de Saint-Ouen jusqu'à 15 % de rabais), tout en vérifiant son état de conservation. Certains collectionneurs à thèmes (qui sont principalement les philatélistes et les cartophiles) acquièrent des pièces de valeur qui ne les intéressent pas directement, à seule fin de s'en servir ensuite pour des échanges. Bien que, pour toute collection dépassant 20 000 francs, chaque vente soit soumise en principe à une taxe de 4 %, on constate que la plupart des ventes entre particuliers échappent au contrôle. Autre aspect important des pratiques de collectionneurs, la mise en valeur des pièces (vitrines, albums, étagères, cadres...), héritières du studiolo du XVIIIe siècle. On comprendra que certains soient amenés à assurer leur collection (un contrat spécifique n'est recommandé que pour des objets dépassant une valeur individuelle de 5 000 francs). Enfin, le plus gros collectionneur étant l'État, c'est dans ses divers musées que sont assurées la conservation et la présentation de nombreuses collections ; à côté des plus réputés comme le Louvre ou le Centre Georges-Pompidou, les « petits « connaissent un succès qui ne se dément pas : musées de l'Armée, de la Mode, de la Poste (Paris), du Jouet (Poissy), de l'Automate (Souillac), de la Coutellerie (Thiers), de la Chaussure (Romans), etc. Cette activité de loisirs importante et diversifiée est donc devenue un trait culturel majeur des sociétés développées, qui n'en ont sans doute pas l'exclusivité, mais qui présentent incontestablement les conditions les plus favorables à son épanouissement. Ce sont en effet des sociétés qui admettent que des particuliers, hors de toute fonction religieuse ou économique directe, construisent un espace d'échanges (le marché, avec ses cotes et ses experts) et dégagent du temps (le temps libre pour le hobby), où les collections ont un sens et une valeur propres. Aussi les collections, symboles tout à la fois d'interdépendance et d'individualisation, sont-elles l'un des traits pertinents dans la constitution de la personnalité du citoyen moderne. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats culture [1] - Le champ culturel hobby marché de l'art Les médias collection - les « puces « Les livres collection - vente de tableaux à l'hôtel Okura à Tokyo en 1990, page 1173, volume 3 collection - premier festival de pin's, page 1173, volume 3 collection - vente des objets personnels d'Elton John, page 1173, volume 3 Complétez votre recherche en consultant : Les indications bibliographiques Guide européen de l'amateur d'art, de l'antiquaire et du bibliophile, Guide Émer, Paris, 1983. K. Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux : Paris-Venise, XVIe -XVIIe siècle, Bibliothèque des histoires, Gallimard, Paris, 1987.

« Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arundel (marbres d') Cellini Benvenuto Cluny (musée des Thermes et de l'hôtel de) Elgin (les marbres d') François - FRANCE - François Ier Laurentienne (bibliothèque) Louvre - Les collections mécénat Médicis musée - De la collection privée au musée public patrimoine historique pinacothèque Prado (musée national du) Verrès Caius Licinius Verres Les médias collection - les chineurs Les livres collection - l'univers d'un collectionneur d'art : le salon de Jacques Doucet, page 1170, volume 3 collection - Émile Guimet, portrait exécuté par Ferdinand-Jean Luigini en 1898, page 1170, volume 3 Les collectionneurs contemporains À côté de ces amateurs fortunés ou de ces institutions puissantes, notre époque fournit l'image d'un pullulement de petits collectionneurs attachés à l'accumulation d'objets inattendus et d'allure parfois dérisoire.

L'ampleur du phénomène montre que, si tout le monde n'est pas tenté par la collection, la collection est à la portée de tous.

Ainsi, en France, entre 1981 et 1988, la proportion de collectionneurs dans la population est passée de 14 % à 23 %, et on les retrouve à peu près dans toutes les catégories sociales (entre deux et trois personnes sur dix, sauf chez les agriculteurs et les retraités).

Néanmoins, collectionner est surtout une activité des jeunes générations (parmi les jeunes de 15- 19 ans, on relève 41 % de collectionneurs, alors que, dans les autres tranches d'âge, le pourcentage varie entre 29 et 14 %) ; c'est une activité masculine (27 % des hommes contre 20 % des femmes) et une pratique urbaine et même parisienne (30 % des Parisiens contre 17 % des ruraux).

Enfin, on remarque une certaine disparité socioprofessionnelle : seulement 18 % d'ouvriers collectionnent contre 32 % de cadres et de professions intellectuelles supérieures.

Si l'on observe l'intensité de ces pratiques, on note que, sur les 23 % de collectionneurs, 4 % s'occupent de leurs collections au moins une fois par semaine, 7 % au moins une fois par mois, 9 % plus rarement et 3 % ne s'en sont pas occupés au cours des douze derniers mois.

En conséquence, il ne saurait être question de tracer un profil psychologique unique du collectionneur, hors ce trait commun à beaucoup d'entre eux qu'est le « syndrome de la pièce manquante » ; certains pratiquent d'une manière introvertie, d'autres ne songent qu'à montrer leurs trésors, d'autres encore spéculent, d'autres enfin sont des forcenés de l'accumulation. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats culture [1] - Le champ culturel Les livres collection - quelques sidérophiles au milieu de mille fers à repasser, page 1173, volume 3. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles