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Les nouveaux royaumes barbares par Eugen Ewig Professeur à l'Université de Bonn Les grands changements historiques se produisent rarement d'un seul coup.

Publié le 05/04/2015

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Les nouveaux royaumes barbares par Eugen Ewig Professeur à l'Université de Bonn Les grands changements historiques se produisent rarement d'un seul coup. Ils se manifestent généralement par une série de faits et de phénomènes significatifs. Le choix d'une date limite par l'historien est néanmoins légitime parce qu'il répond à un besoin humain de comprendre et d'interpréter. La date bien choisie se place au coeur du drame historique, elle a valeur de symbole. Il est toutefois difficile de repérer une telle date qui marque la limite entre l'" Antiquité " et le " Moyen Age ". Dans la lente agonie de l'Empire d'Occident au Ve siècle la disparition successive du patrice Aétius (en 454) et de l'empereur Valentinien III (en 455), dernier représentant de la dynastie de Théodose à Ravenne, était probablement plus fatale que le détrônement de Romulus Augustulus en 476. La chute du dernier empereur de Ravenne ne fut guère perçue par les contemporains. Elle ne changea rien à la répartition des forces sur place. Les Barbares étaient depuis longtemps installés sur le sol romain. Les royaumes vandale, wisigoth et burgonde avaient déjà pris des contours en Afrique, en Gaule et en Espagne, et les Italo-Romains s'étaient résignés depuis la mort d'Aétius à être gouvernés par des patrices et maîtres des milices d'origine germanique (Ricimer, Odoacre). L'Empire d'Occident, officiellement réuni en 476 à l'Empire d'Orient, continua d'exister dans les limites des traités conclus avec les rois souverains des Vandales (en 442) et des Wisigoths (en 475). L'Empire d'Occident couvrait encore l'Italie et ses annexes (Rétie, Norique), la Provence, la Gaule du Nord, et peut-être la Bétique espagnole (Andalousie). Mais ces pays ne formèrent plus un ensemble cohérent. L'empereur Nepos (474-480), chassé d'Italie par Odoacre, se maintint en Dalmatie, toujours reconnu par la cour de Constantinople. La Gaule septentrionale fut administrée par Syagrius, " roi des Romains ", et d'autres gouverneurs régionaux (tel le comes Arbogast de Trèves) ou rois fédérés (tel le Franc salien Childéric de Tournai, père de Clovis), la Bétique probablement par la noblesse sénatoriale hispano-romaine. Odoacre réunit la Dalmatie à l'Italie après la mort de Nepos ; mais il céda la Provence aux Wisigoths (en 477) et s'abstint de toute intervention dans les autres tronçons de l'Empire. Les gouverneurs régionaux en Gaule et en Espagne étaient définitivement abandonnés à eux-mêmes. Parmi les anciens fédérés de l'Empire, les Burgondes étaient seuls à reconnaître la suzeraineté de l'empereur d'Orient. L'Italie d'Odoacre avait cessé d'être le centre d'un Empire en décomposition. La retraite du dernier empereur de Ravenne s'insère dans une politique de repli que le patrice semble avoir consciemment adaptée. La cour des rois wisigoths de Toulouse prit alors dans une certaine mesure la succession de la cour impériale de Ravenne. La puissance des Wisigoths atteignit son apogée sous le règne d'Euric (466-484), maître d'un royaume indépendant qui s'étendait des colonnes d'Hercule jusqu'en Provence, embrassant les provinces les plus civilisées des Gaules et des Espagnes. Après la mort de Genséric, roi des Vandales, en 477, Euric n'avait pas d'égal parmi les rois germaniques de son temps. Sans avoir l'ambition de créer un empire des Goths, il exerça une hégémonie réelle dans ce monde des royaumes occidentaux en formation. Son réseau de relations diplomatiques couvrait l'Occident des embouchures du Rhin jusqu'à la Méditerranée. La cour de Toulouse entra même en contact avec la cour des Sassanides de Ctésiphon. Mais la fortune de Toulouse fut éphémère. Contre Alaric II (484-507), fils et successeur d'Euric, un rival terrible surgit dans la Gaule du Nord : Clovis, fils de Childéric de Tournai et créateur du royaume mérovingien (482-511). Les tribus franques, installées comme peuples fédérés en Toxandrie et en Germanie seconde (Cologne), avaient pénétré au cours du Ve siècle en Germanie première (Mayence) et dans les provinces belges (Reims, Tréves), tandis que les Alamans occupèrent le Sud de la Germanie première (Worms, Spire, Strasbourg) et passèrent dans la Séquanaise (Besançon), où ils se heurtèrent aux Burgondes. Groupées en " royaumes de cité " (Grégoire de Tours), les tribus franques s'émancipèrent sans doute tardivement de la tutelle des maîtres des milices de la Gaule septentrionale. Dans la nuit épaisse qui voile à nos yeux l'histoire des pays au-delà de la Loire après la mort d'Aegidius, père de Syagrius, et de son successeur le comes Paulus, en 470, nous apercevons à peine le fait principal des premières années de Clovis : sa victoire sur Syagrius près de Soissons, en 486. Elle eut pour résultat la fondation d'un royaume entre la Forêt Charbonnière ou la Meuse et la Loire dans les années 486 à 496. Clovis eut l'ambition de se rendre maître de la Gaule entière. En 496, il attaqua Alaric II. Mais les Francs durent abandonner la lutte. Menacé par les Alamans sur ses arrières, cédant sans doute aussi aux démarches de l'Ostrogoth Théodoric, maître de l'Italie depuis 490-493, Clovis se résigna à la paix (en 498 ou 499). L'apparition des Ostrogoths était un fait de première importance. Après la mort d'Attila, dont ils avaient été les clients, les Ostrogoths s'étaient installés en Pannonie, puis dans les Balkans comme fédérés de l'Empire d'Orient. Leur roi Théodoric les conduisit finalement en Italie qu'il arracha à Odoacre en vertu d'un accord conclu avec l'empereur Zénon en 489. Homme d'État de taille, Théodoric se rendit compte que l'avenir des Goths en Italie dépendait de la paix générale. Il grandit en acceptant le rôle de pacificateur qui lui était offert par les circonstances. Reconnu par Constantinople comme roi et patrice, il se plut dans la position de représentant de l'empereur en Occident. Il se fit le protagoniste du statu quo politique et de l'ordre des Goths fondé sur le " dualisme " germano-romain dans lequel la défense militaire incombait aux peuples germaniques de confession arienne, tandis que l'administration civile était réservée aux " Romains " des différents royaumes. Fort de l'appui de son peuple et d'un groupe important italo- romain, il devint en effet l'arbitre de l'Occident et rendit à la cour de Ravenne l'éclat qu'elle avait perdu depuis 455. Théodoric avait essayé de ramener les Francs encore païens dans l'ordre des Goths en épousant une soeur de Clovis et en propageant l'arianisme à la cour mérovingienne. Mais Clovis ne s'y laissa pas prendre. Le baptême de Reims (Noël 498 ?) était un pas décisif vers un ordre franc opposé à celui des Goths. La deuxième rencontre avec les Goths fut mieux préparée que la première. Sur de l'appui des Burgondes, ayant pris des contacts avec l'empereur, il écrasa d'abord les Alamans (en 506), puis les Wisigoths (en 507) et prit leur capitale, Toulouse. Théodoric était forcé d'intervenir par les armes. Il occupa la Provence et arrêta la poussée des Francs vers la Narbonnaise et la Novem populanie (Gascogne). Clovis évita d'affronter les Ostrogoths en rase campagne. Il mourut après avoir étendu son royaume jusqu'au Rhin. L'antagonisme entre Francs et Goths eut des répercussions jusqu'en Germanie. Théodoric protégea les Alamans battus et attira dans son orbite les Thuringiens établis entre le Danube et l'Elbe. Les fils et successeurs de Clovis respectèrent ce système de protectorats et d'alliances jusqu'au moment où la crise du gouvernement des Ostrogoths devint manifeste après la mort du grand roi (526). En 531 et 532, ils partirent en guerre contre les Thuringiens, les Wisigoths et les Burgondes. Ils conquirent les royaumes thuringien et burgonde et arrachèrent aux Wisigoths la Novem populanie. L'intervention de Justinien en Italie leur permit d'aller plus loin. En 536, Vitigès, roi des Ostrogoths, leur céda la Provence et le protectorat alémanique. Vers 540 T...

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