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L'expressionnisme et l'irréalisme par Georges Cattaui Tout vrai poète, disait Gérard Manley

Publié le 05/04/2015

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L'expressionnisme et l'irréalisme par Georges Cattaui Tout vrai poète, disait Gérard Manley Hopkins, doit être original : l'originalité est la condition du génie poétique, si bien que tout poète est comme une espèce dans la nature, non comme un individu générique, et ne peut jamais avoir de récurrence. N'est-ce pas là cette douce, cette ravissante étrangeté que Walter Pater comparait à la floraison unique de l'alors ? Et n'est-ce pas également cette " patrie perdue " dont Proust nous dit que tout artiste véritable cherche à retrouver le chant, car il n'existe que des créateurs originaux, prêts à nous imposer leur vision des choses ? A quoi bon, dès lors, opposer la réalité de la vie à l'irréalité de l'art ? Le poète sera celui qui possède le don de franchir la matérialité des êtres, de transfigurer le réel. A ce compte, l'oeuvre du plus vériste des peintres, du plus naturaliste des romanciers, ira rejoindre un jour, dans la mesure où c'est une oeuvre d'art authentique, les évocations les plus fantastiques ou les peintures les plus abstraites : les unes et les autres n'ont de prix qu'en vertu de leur teneur poétique. Et la tâche du critique sera de reconstituer " les réalités si spéciales " dont est hanté le créateur lorsqu'il nous fait apparaître le temps réel dans l'invention la plus pure : l'acte créateur n'a point, en poésie, de commune mesure avec la réalité créée ; le métier pour atteindre la vision désintéressée : d'où l'irréalisme. Blok, Cavafis, Hopkins, Rilke, Machado, Pessõa : Qu'y a-t-il de commun entre ces six poètes ? Rien sans doute, si ce n'est que chacun d'eux a cherché à inventer un langage pour exprimer, pour fixer à jamais, par une expression, sa vision spécifique du monde. L'art est un langage, d'abord intérieur, mais qui n'existe que lorsqu'il est extériorisé ; grâce à la seule forme, ce qui passe devient durable, est manifesté. Pour eux, l'expression est donc un moyen d'émouvoir, de modifier notre manière de sentir, de nous mettre devant la vie dans un état passionné, de nous faire retirer de leur oeuvre " l'impression d'enrichissement " qu'ils ont eux-mêmes éprouvée en présence de la nature. " L'effarante réalité des choses, disait Pessõa, est ma découverte de tous les jours. " Et le poète portugais attribuait à son " hétéronyme " Alberto Caeiro cette pensée en laquelle on peut voir le fondement de son oeuvre, en apparence si disparate : " Tout est différent de nous, et c'est par là que tout existe. " N'est-ce pas de là que découle, en effet, pour le visionnaire, l'étonnante virginité des choses, source première de tout lyrisme véritable. Sur ce point, les Espagnols Garcia Lorca et Machado n'auraient certes pas contredit leur confrère lusitanien, malgré la diversité de leurs dons et de leurs expériences, des influences étrangères qu'ils ont subies et des exils qu'ils ont connus. Certains d'entre eux, selon le mot de Pessõa, étaient païens par tempérament, d'autres par caractère, d'autres enfin par révolte. Mais ils se ressentent du milieu chrétien dans lequel ils ont surgi. Une conception

« par Georges Cattaui. »

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