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Lysippe vers 390-310 av.

Publié le 05/04/2015

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Lysippe vers 390-310 av. JC Lysippe de Sicyone, fils de Lysippe (?), qu'on renvoie parfois, avec imprudence, dans les livres, aux temps hellénistiques, sous prétexte que les nouveautés de son style auraient débordé, forme et esprit, la doctrine classique -- mais en va-t-il bien autrement pour d'autres ? -- appartient pleinement au IVe siècle. Il y a formé, d'après les dates de sa carrière, avec Scopas et Praxitèle, la triade essentielle des maîtres novateurs qui ont été, peu ou prou, les contemporains de Platon, puis d'Alexandre. C'est le dernier des grands noms de la sculpture classique, et ce nom est celui d'un artisan devenu artiste de cour. Rusé et parcimonieux, acharné et pauvre, Lysippe a créé jusqu'à sa mort : il avait ouvré, de ses mains de fondeur, plus de mille cinq cents statues. Chaque fois qu'il avait terminé et livré l'une d'elles, il versait en souvenir, dans un petit pot, la dîme modeste d'une piécette d'or. Nous le voyons vivre, entre sa fonderie et sa forge, actif, songeur, grognon, l'oeil luisant d'intelligence et de perspicacité ; ce merveilleux animateur du bronze, nous ne le savons que depuis peu, avait débuté à peu près vers le même temps que Scopas ou Praxitèle. En 364, sinon un peu avant, il avait reçu des Thessaliens, pour Delphes, la commande d'un Pélopidas, qui fut sans doute sa première effigie honorifique officielle, mais non sans essai initial. Grâce à sa longévité d'homme sobre, celui que l'Anthologie appelle plaisamment et complaisamment à la pratique du courage, et nomme " le Vieux Sicyonien ", a été un jour le portraitiste officiel d'Alexandre, emmené par lui aux armées en Anatolie, à Rhodes puis jusqu'à Tyr et en Égypte. Il a partout laissé la trace des leçons de son art effic...

« A travers la carrière de Lysippe, toujours intensément productrice, on pourrait distinguer soit les œ uvres qui évoquent les dieux, soit celles qui consacrent la gloire des guerriers et des athlètes, ou les types animaux, etc.

Mais ces catégories se mêlent, et leur chronologie montre que Lysippe a associé constamment toutes les sortes de commandes.

Il n'a pas participé à de grandes entreprises monumentales, temples ou mausolées.

C'est le sculpteur de l'homme fort en action, un “ professeur d'énergie ”, eût-on dit au siècle de Taine et de Barrès.

Avant même le Pélopidas de Delphes, il est possible que l'effigie du pancratiaste Philandridas (victorieux en 372 ou 368) et celle de Troïlos , olympionique de 368, aient été déjà confiées au jeune maître sicyonien, à qui nous devrons le “ canon ” de l' Apoxyomène , révision de celui du Doryphore .

Les modèles polyclétéens imposaient encore leurs conventions après un siècle, même si l'on s'étonnait enfin de leur carrure un peu massive. Avec l' Agias et l' Apoxyomène , un nouvel aspect de la force et de la beauté humaines a remplacé l'idéal statique du premier classicisme.

Le corps est plus svelte, la tête plus petite, comptant pour un huitième à peine dans la stature totale.

Les pieds de l' Apoxyomène ont beau poser au sol à plat, une vibration annonciatrice, sinon un mouvement, déjà se dessine.

L'athlète a l'air de vouloir changer son équilibre, tandis que le bras tendu, jeté en avant pour la man œ uvre du strigile qui va libérer le corps et les membres de la poussière huileuse et de la sueur, sort brusquement, dirait-on, à l'avant, du plan de la statue.

Il est impossible de concevoir une forme plus animée dans tous les sens de l'espace : selon les trois dimensions.

Peu à peu, la vie a vaincu la matière.

De tous les points où le spectateur des statues de Lysippe peut se placer, il saisit un mouvement qui se prépare ou se déplace, des raccourcis qui fuient devant ses yeux et l'obligent à penser au libre jeu d'un être magiquement vivant sous l'air libre.

Suprême réussite, mais propre, dirait-on, à décourager tout l'avenir.

En fait, la sculpture hellénistique a pu trouver d'autres nouvelles poses ; elle a, du moins, longtemps gardé complaisamment les attitudes chères à Lysippe : le Poseidon penché sur la mer, de Corinthe, au pied surélevé, et qui, à l'improviste, semble scruter la muette profondeur des flots ; l' Hermès messager rattachant sa sandale pour bondir à l'appel de Zeus ( Jason du Louvre, du British Museum : Landsdowne House).

Ce sont là d'autres combinaisons de lignes, non moins audacieuses : car le corps semble se ramasser pour l'élan, tandis que les jambes se plient ou s'allongent, et que les bras agissent souvent en contraste ; torse et épaules plongent en avant, pour marquer le repos interrompu ; la tête, qui a tout animé, se détourne, les oreilles écoutant nerveusement l'ordre qui meut subitement tout le corps.

La statuaire praxitélienne avait été celle du repos nonchalant.

Lysippe — quoiqu'il ait fait lui-même des figures détendues, comme l' Hermès assis de Naples-Herculanum — se complaît surtout à l'action instantanée et réaliste. L' Apoxyomène montre une chevelure en désordre, humide et comme poissée par la sueur de la palestre.

Qu'on est loin des athlètes tranquilles, à la parade ! Alexandre, ce conquérant insatisfait d'un monde qui sitôt lui échappe, laisse aussi deviner dans sa coiffure dérangée, le vent de la vaine bataille épique qui l'entraîne jusqu'au c œ ur de l'Asie. On ne peut tout dire ici, en trop peu de mots.

Mais, à propos d'Alexandre encore, et de son portrait “ officiel ”, à propos de ce chef-d' œ uvre que fut, semble-t-il, l' Alexandre à la lance créé à Ephèse — et n'oublions pas que jusqu'à Rhodes, Tyr et en Égypte, Lysippe drainait partout en quelque sorte les aspects des dieux locaux pour les associer à la fortune d'Alexandre ! — le Sicyonien, indépendant et têtu, n'a jamais consenti à magnifier son royal modèle autrement qu'avec les moyens les plus terrestres.

Il a évité ainsi le portrait d'apothéose, et il a retardé les aspects figés, frontaux et solennels des effigies impériales. »

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