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Praxitèle vers 390-335 av.

Publié le 05/04/2015

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Praxitèle vers 390-335 av. J.-C. Une tiédeur nonchalante, pleine de grâce, entoure les premières statues de Praxitèle : on est tenté de s'arrêter et de faire silence en les approchant, pour ne pas effaroucher cette plastique d'une éternelle délicatesse heureuse. Un artiste athénien par excellence l'a créée. Il a été le maître, d'abord, de la beauté des adolescents et des femmes. Mais sa carrière a connu, au milieu du chemin de la vie, une évolution pieuse, qui n'avait point encore été assez remarquée, peut-être. Comment expliquer, autrement, qu'il ait eu, après le retour d'Asie -- au lieu de la troupe amusée et irréelle des Jeunes Satyres, verseurs ou danseurs, des Éros, et du Sauroctone, adolescent presque efféminé, génies païens tous occupés à leur repos ou à leurs jeux -- tant de statuaire religieuse, ensuite, olympienne ou éleusinienne, et cette grande allégorie d'Olympie, où l'on voit Hermès, sur l'ordre de Zeus, transporter au paradis des Nymphes de Nysa le petit Dionysos, l'âme sauvée ? Si Phryné explique plus ou moins les apprentissages et les débuts, c'est Platon qui seul peut faire comprendre les seconds entraînements de l'artiste, quand le tumulte de la jeunesse amoureuse s'est apaisé, quand s'effeuillèrent les roses de la vie. On songe un peu à la conversion de Racine, parvenu aux sommets de son art, après Phèdre. On a longuement disserté, dès l'antiquité, sur...

« Une affinité secrète existe entre les thèmes d'un artiste et les matériaux qu'il taille ou modèle.

Praxitèle était attiré avec prédilection vers le célèbre marbre de Paros, le “ lychnitès ” diaphane, dont la blondeur chaude donne lumière et vie.

Il lui a fait rendre toutes les nuances de la chair, auxquelles ajoutaient, d'une furtive et ultime caresse, les artifices des pinceaux de Nicias, grand artiste chargé spécialement par le sculpteur d'achever de donner l'illusion de la transparence, et les demi-teintes, au modelé moelleux des surfaces.

On n'a jamais été plus loin dans la magie animatrice.

Il n'est pas question d'étudier ici les motifs, depuis le Jeune Satyre verseur , encore proche des rythmes polyclétéens, jusqu'au Sauroctone , hanché et oblique comme le Pothos de Scopas ; depuis l'Aphrodite d'Arles jusqu'à la Cnidienne plus matronale, plus dévoilée.

Dans les deux séries, déjà, que de conquêtes ! L'époque est propice alors aux recherches qui mettent en valeur le nu féminin ou l'adolescence masculine ; l'essentiel est toujours le jaillissement de la fleur de chair nacrée ; soit, pour la femme, que la draperie dérobe encore le bas du corps aux vues, soit qu'un artifice, rituel, celui du bain sacré de la Cnidienne , permette de montrer toute la chair.

Sous les doigts qui le saisissent et vont le laisser furtivement choir sur l'hydrie sacrée, l'ultime vêtement n'est alors qu'un tissu inerte ; ce qu'il ne cache plus, c'est le geste de l'une des mains qui semble le voiler, mais le désigne.

La splendeur qui rayonnait à Cnide d'une telle apparition, radieuse, de la déesse née de la mer, propagatrice de la vie des êtres, a rayonné à travers les siècles ; c'est ce qu'attesteraient la fonte du Primatice, et les évocations de Botticelli ou du Titien.

Un domaine nouveau, immense, était conquis par l'art éternel, pour le naturalisme, la poésie. On a cru de bonne foi que le triomphe de Praxitèle pourrait être la grâce d'abandon.

Nous pouvons souhaiter repartir désormais du palier de cette juste admiration, trop étroite, en reconnaissant qu'il n'y a nulle part ailleurs plus de dieux que dans l' œ uvre de Praxitèle.

Il les avait tous assemblés au Dodécathéon de Mégare.

Les types humains sont bien plus rares chez lui, et il n'a pas fait, semble-t-il, de sculpture monumentale.

D'autre part, il n'a pas recherché avec insistance de poses naturelles palestriques, moins que Scopas ou Lysippe : tout ce qu'il a adopté ou adapté se rencontre aussi plus ou moins chez d'autres, qu'il s'agisse de son père ou de ses contemporains. Mais il est notable qu'il a voulu créer des dieux de plus en plus sociables, sensibles, et la fréquence des sujets éleusiniens traités après le retour d'Asie est en elle-même lumineusement instructive. Nul ne pourra se flatter de comprendre l' œ uvre de Praxitèle au total et de façon décisive ; mais ce faiseur de beaux dieux nostalgiques a pris une place décisive et primordiale dans l'art humain.

Le Moyen Âge occidental ne s'y était pas trompé, qui avait fait de Phidias et de Praxitèle des surhommes-magiciens.

A travers tant de rythmes experts, tant d'épiphanies émouvantes, ce qui constitue peut-être la meilleure part du maître, c'est, à mon sens, l'invention d'une ambiance artistique nouvelle, associant les hommes et les dieux dans une piété tendre et délicate, de muette communion.. »

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