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Miguel de Cervantes par Alexandre Arnoux de l'Académie Goncourt De la vie et

Publié le 05/04/2015

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Miguel de Cervantes par Alexandre Arnoux de l'Académie Goncourt De la vie et de la destinée littéraires de Miguel de Cervantes Saavedra, on peut longuement rêver sur la page ouverte du livre, quand on vient de lire une Nouvelle exemplaire ou un chapitre des Aventures de l'ingénieux Hidalgo don Quichotte de la Manche. Nulle vie, nulle destinée n'offrent une plus riche matière aux interrogations. Tout semble, dans cet écrivain, contradictoire et paradoxal, aussi bien la médiocrité, les misérables débats de son existence matérielle toujours harcelée que son obscurité, besogneuse jusqu'au seuil de la vieillesse, et la gloire éclatante, immense, indestructible qui s'amorce peu avant sa mort et, au cours des siècles, ne fera que grandir, s'amplifier presque démesurément. Illustration de la langue espagnole, son oeuvre, par un rare prodige, ne dépend plus d'elle. Miguel de Cervantes a créé un monde si cohérent, des types si fortement individualisés que, même si l'idiome qui les a peints disparaissait de la surface de la terre, ils ne périraient pas pour autant. Cela n'arrive qu'à fort peu d'élus parmi les romanciers et les poètes ; on compte ceux qui ont fourni à la postérité un adjectif ou un substantif capable de traverser les frontières et les âges, de susciter une atmosphère caractéristique, une forme humaine personnalisée : homérique, shakespearien, balzacien, don quichottisme. Et chez les peuples les plus séparés par l'histoire, l'évolution politique, la religion, les guerres ou, bien pis, les barrières pacifiques de l'indifférence. Huit villes se disputèrent longtemps l'honneur d'avoir donné le jour à Cervantes. Alcala de Hénarès, ville de Castille, non loin de Madrid, l'a finalement emporté. Issu d'une famille pauvre mais honorable, catholique, de bonne race, de sang vieux-chrétien, sans mélange d'hérétique ni de musulman, ainsi qu'en témoigne un acte authentique, il a pour père un chirurgien ambulant ; et le mot de chirurgien me paraît un peu noble, au sens actuel, il faudrait plutôt dire une sorte de barbier distingué ; employons, afin de nous tirer d'affaire, comme le subtil Francis de Miomandre qui a si merveilleusement traduit notre auteur, le mot de phlébotomiste : le grec sauve tout. Des volumes suffiraient à peine, et on les a déjà publiés, à conter en détail la carrière de Cervantes, monotone, accablée de soucis sordides, avec seulement, à son aurore, quelques éclats et hasards de guerres et de captivités, quelques éclaircies héroïques ou tragiques. Elle semblait fort romanesque à nos pères ; elle a perdu beaucoup de son originalité à nos yeux. Évidemment l'illustre et spectaculaire bataille de Lépante, le modèle des grandes victoires inutiles, l'abordage des pirates barbaresques, le bagne d'Alger, les évasions manquées, les sévices des gardes-chiourmes, les occupations, comme sold...
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