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Philippe II 1527-1598 " Le roi, mon fils, est-il à Paris ?

Publié le 05/04/2015

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Philippe II 1527-1598 " Le roi, mon fils, est-il à Paris ? " Telle est la première réaction de Charles V, selon les chroniqueurs, lorsqu'il apprend, au début de septembre 1557, dans le couvent hiéronymite de Yuste, le triomphe des Espagnols à Saint-Quentin sur l'amiral Coligny, le 10 août 1557. Or le roi d'Espagne n'était pas présent. Il accourt rapidement de Bruxelles et, " prudent ", il déconseille une incursion jusqu'à Paris. Le spectacle du champ de bataille le dégoûte. Mais la victoire est d'importance. Pour la commémorer, il décide la fondation du monastère de Saint-Laurent de l'Escorial et le prince vagabond cherche à s'enraciner dans la Castille de son enfance ; désormais, Philippe II impose un style de gouvernement très différent de celui de son père. Alors que Charles V, voyageur impénitent, essayait de résoudre les problèmes en les affrontant sur place, Philippe II, de son monastère, exerce son sacerdoce royal. Il est Habsbourg aussi bien que Charles V par son effort pour gouverner avec cohérence un espace " politique " morcelé et contradictoire qui s'étend de Milan aux Philippines. Le solitaire de l'Escorial est un mal-aimé des historiens, mais, sans doute aussi, un incompris. Les sceptiques n'ont qu'à parcourir quelques liasses des milliers conservées par le château de Simancas pour se convaincre de la minutie et de l'efficacité de sa " bureaucratie ". A cette époque, aucune autre monarchie européenne ne dispose d'un appareil administratif aussi formidable. L'homme n'est pas antipathique, de prime abord. Le portrait peint par Titien de la galerie Pitti de Florence nous montre un élégant cavalier, un peu parodique du parfait courtisan de Baltasar Castiglione. Les traits harmonieux du visage, la coiffure soignée contribuent à l'élégance de la silhouette. Mais le regard est amer et fuyant. Indécision ? Cruauté ? Mélancolie ? Morgue ? Pour les détracteurs du roi tous ces défauts sont évidents. Ils oublient que Philippe II, en montant sur le trône de Castille, assumait la charge la plus lourde de son temps, celle de la papauté mise à part. Il n'était pas facile d'être le successeur de Charles V. Philippe est né en 1527, à Valladolid, l'année du sac de Rome. Sa jeunesse se déroula dans la partie la plus humaine de la Castille dont la fécondité contraste brutalement avec les hauteurs arides de la Meseta. Castillan de coeur, il invoque " l'amour que j'ai toujours éprouvé pour ces royaumes, qui sont à la tête de la monarchie ". Son éducation est soignée sous la direction de Juan Martinez Siliceo, le futur évoque de Tolède dont le nom reste lié aux statuts de pureté de sang. Sa mère, Isabelle de Portugal, lui donne le goût des choses lusitaniennes. Il connaît la langue portugaise et l'annexion du royaume voisin en 1580 justifiera ses inclinations. L'an 1543, il épouse sa cousine Maria Manuela de Portugal dont il aura le célèbre Don Carlos, mais, en 1545, il reste veuf. A dix-huit ans, son père l'a déjà associé au pouvoir, en lui confiant la régence pendant une de ses campagnes. En 1548, il confie le gouvernement à sa soeur Marie et rejoint son père à Bruxelles. L'empereur prépare ainsi peu à peu sa succession. L'intransigeance de Ferdinand et de son fils Maximilien lui a ôté ses illusions. Ils veulent conserver la dignité impériale et les possessions autrichiennes des Habsbourg. Le futur Philippe II aura le reste. C'est la fin de la grande idée impériale, impossible à réaliser, mais qui explique les chimères et l'ampleur de la politique de Charles V. Même divisé, le patrimoine des Habsbourg et l'empire n'auront de solidité que si la France est surveillée, voire encerclée. En 1554, Charles V marie son fils à Marie Tudor, fille d'Henry VIII et de Catherine d'Aragon, trente-neuf ans. En dépit de la différence d'âge, la Tudor éprouvera un grand amour pour son mari. La seule ombre à leur bonheur est la stérilité de l'union. Même si Philippe II ne se mêle guère des affaires intérieures britanniques, l'aversion des Anglo-Saxons pour cet étranger est irrémédiable. Le 25 octobre 1555, à Bruxelles, il est aux côtés de Charles V qui, devant les États généraux, apr&eg...

« la grande idée impériale, impossible à réaliser, mais qui explique les chimères et l'ampleur de la politique de Charles V. Même divisé, le patrimoine des Habsbourg et l'empire n'auront de solidité que si la France est surveillée, voire encerclée.

En 1554, Charles V marie son fils à Marie Tudor, fille d'Henry VIII et de Catherine d'Aragon, trente-neuf ans.

En dépit de la différence d'âge, la Tudor éprouvera un grand amour pour son mari.

La seule ombre à leur bonheur est la stérilité de l'union.

Même si Philippe II ne se mêle guère des affaires intérieures britanniques, l'aversion des Anglo-Saxons pour cet étranger est irrémédiable. Le 25 octobre 1555, à Bruxelles, il est aux côtés de Charles V qui, devant les États généraux, après avoir fait son entrée appuyé sur l'épaule de Guillaume d'Orange, prononce un émouvant discours d'abdication.

Les Flamands sont touchés, même les plus hostiles dissimulent leurs ranc œ urs, mais Philippe II, ignorant leur langue, délègue pour parler en son nom Antoine Perrenot de Granvelle, évêque d'Arras.

Le charme est rompu car il ne plaît pas. Avant de se retirer au couvent de Yuste, Charles V rend un dernier service à son fils, en concluant avec les Français la trêve de Vaucelles en février 1556, bientôt rompue.

En effet, le nouveau pape Paul IV est d'une hispanophobie maladive.

Il veut expulser les Espagnols du Milanais et de Naples.

Pour briser cette alliance de la papauté et de la France, l'Espagne dispose de grands chefs de guerre : le duc d'Albe et Manuel Philibert de Savoie dépossédé de ses États par la France. Le premier harcèle l'armée du duc de Guise et contraint celui-ci à abandonner le royaume de Naples sans livrer de grande bataille.

Manuel Philibert, soutenu par Philippe II qui obtient de Marie dix mille Anglais pour appuyer ses forces, défait l'armée de Montgomery. La pression des armes espagnoles conduit à la paix de Cateau-Cambrésis (août 1559). Cependant, Charles V s'est éteint le 21 septembre 1558 et Marie Tudor meurt sans descendance.

La combinaison nordique de l'empereur ayant échoué, les Pays-Bas deviennent le bastion le plus avancé, mais aussi le plus isolé de la puissance espagnole, cause future de soucis constants pour le maître de l'Escorial. L'histoire ne permet pas à Philippe II la liberté d'inclination.

A Cateau-Cambrésis, un troisième mariage est conclu avec la fille de Henri II et de Catherine de Médicis, Isabelle de Valois.

A la fin d'août 1559, le roi quitte les Flandres pour l'Espagne.

Il rentre définitivement dans “ l’hispanité ”, mais la nouvelle morphologie de son empire le lie impitoyablement aux problèmes européens.

Le déferlement des hérésies protestantes, les difficultés financières malgré l'argent du Potosi, les ambitions anglaises viennent troubler quotidiennement le solitaire de San Lorenzo de l'Escorial et lui rappeler l'agitation du monde. L'espace à administrer est immense pour les moyens de l'époque.

D'abord, les États ibériques : Castille, Aragon, Valence et Catalogne ; les îles méditerranéennes : Sicile, Sardaigne et Baléares ; les territoires continentaux, du nord au sud : Pays-Bas, Franche-Comté, duché de Milan et Royaume de Naples ; en Afrique du Nord : la forteresse. »

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