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Sei-Shônagon 965- ?

Publié le 05/04/2015

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Sei-Shônagon 965- ? Sei-Shônagon est un des écrivains les plus importants de l'histoire de la littérature japonaise. Cependant personne ne l'a dit au Japon, exception faite des savants et des spécialistes qui étudient la littérature " nationale classique ". Les écrivains l'oublient et les critiques littéraires ne parlent jamais d'elle. Pourquoi ? Lorsque, en 1946, un groupe d'écrivains soviétiques visita le Japon, l'un d'eux, Constantin Simonov, parla du Roman de Genji des termes fort élogieux, une romancière très intellectuelle d'extrême-gauche l'interrompit brusquement : " Mais hélas ! c'est une oeuvre de la noblesse ! " Les Notes de l'Oreiller de Sei-Shônagon sont, aussi, un livre aristocratique et réactionnaire, aurait-elle dit... Au Japon, le mouvement littéraire moderne commença seulement au début de notre siècle, tandis qu'en Europe il remonte au temps de la Renaissance. La mission qu'assumaient nos écrivains était de nier les lettres médiévales, et, en même temps, d'introduire celles de l'Europe moderne. Ils firent un effort ardent et tenace pour européaniser notre littérature. Aussi les écrivains japonais de nos jours ne s'intéressent plus à Sei-Shônagon, ni à Murasaki-Shikibu, comme c'est le cas des Français d'aujourd'hui pour l'Astrée, ou le Grand Gyrus. Les Occidentaux nous conseillent toujours de conserver nos propres traditions, parce que, disent-ils, nous, les Japonais, possédons Murasaki-Shikibu, Hônen, Hokusai, etc... Cependant, depuis la rév...

« Le début du XI esiècle fut l'apogée de l'époque Fujiwara, celle de notre civilisation médiévale aristocratique.

A cette époque, c'étaient surtout les dames de la cour qui écrivaient des poèmes, des romans, des essais, des mémoires, des journaux intimes : le siècle des femmes dans l'histoire de la littérature japonaise.

Les hommes avaient coutume d'écrire en chinois, parce que la civilisation chinoise dominait alors tout l'Extrême-Orient, et que le chinois y jouait le même rôle que le latin en Europe au moyen âge. Sei-Shônagon et Murasaki-Shikibu furent les deux grandes femmes écrivains de cette époque, et elles étaient des rivales dans la vie réelle comme dans le domaine des lettres.

La cour de l'empereur Ichijô était dominée par deux maisons puissantes de la famille Fujiwara, dont les chefs, Michitaka et Michinaga étaient frères.

Chacun d'eux avait donné une fille comme épouse à l'empereur.

L'une, Sadako et l'autre Akiko.

Le harem se divisait en deux parties.

Chacune des deux impératrices avait comme dame d'honneur une femme cultivée : Sadako, Sei-Shônagon ; Akiko, Murasaki-Shikibu. Sei-Shônagon naquit dans une famille de savants de culture chinoise, et, d'ailleurs, la maison Michitaka, au service de laquelle elle se mettait, était également célèbre pour la même raison.

Sei-Shônagon n'est qu'un nom de cour, et, aujourd'hui, on ne sait ni son vrai nom, ni les dates de sa naissance et de sa mort, comme d'ailleurs pour la plupart des femmes de son temps. Elle est, tout d'abord, un moraliste, tandis que sa rivale, Murasaki-Shikibu, est une romancière.

La vie de la cour et le monde des nobles, remplis de ruses, d'intrigues et d'amours éveillèrent et développèrent en elle l'esprit critique, humoristique et satirique. Elle notait des esquisses sur place, pleines d'esprit, dans le boudoir, dans la rue, dans le temple et sur la rivière, en imitant probablement le Shan Tsa Tsuan , écrit par Li Shang- Yin, homme de lettres de l'ère de T'ang de la Chine.

Les Notes de l'Oreiller sont un recueil des fragments en désordre, d'impressions, de souvenirs, de spectacles, d'opinions sur le goût, ou de simples énumérations de noms de montagnes, de collines, de lacs, de fleurs, d'insectes, de temples, de danses, de femmes, de robes, de poésies, de tombeaux, etc. Ses jugements comme moraliste ne sont parfois que ceux d'un courtisan et d'un noble : le respect naïf envers sa maîtresse, l'impératrice, et le mépris naturel envers ses domestiques. Malgré tout, ses observations sont toujours exactes et subtiles.

La finesse féminine est incomparable chez elle.

“ Ce qui est émouvant : le moineau nourrissant ses petits ; passer devant un bébé en train de jouer ; se coucher toute seule en brûlant de l'encens ; trouver quelque tache sur la surface d'un miroir de Chine ; quand un beau garçon, arrêtant son chariot devant ma porte, envoie son valet pour demander à me voir ; lorsque mes cheveux lavés, la toilette faite, je mets une robe embaumée, et que je me sens agréable, même quand nul ne me regarde ; la nuit où j'attends quelqu'un ; le bruit de la pluie et du vent qui me fait frissonner...

” Le génie du dessin est une faculté traditionnelle des Japonais.

On reconnaîtrait aussi le même talent dans notre littérature.

L'image claire et délicate de dessinateur est un des éléments essentiels de la beauté dans la prose japonaise.

Nos écrivains, encore aujourd'hui, croient qu'une simple description de la scène quotidienne ou de la nature peut guérir l'âme. »

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