Devoir de Philosophie

1364 : mort de Jean le Bon.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

1364 : mort de Jean le Bon. Le dauphin devient Charles V. Il sera, de l'avis de tous, un des meilleurs rois de la période. Fragile et sensible, il aime les livres et les arts, mais il est aussi un de ceux qui ont posé les bases de l'État en fortifiant l'administration, en organisant plus rationnellement son royaume. Surtout, il a le flair de déléguer les affaires militaires à un jeune Breton ambitieux et fort doué pour cela : Bertrand Du Guesclin. Celui-ci, profitant de la longue trêve qui suit le traité de Brétigny, rend un premier grand service au royaume en le débarrassant d'un des fléaux du temps, les « grands compagnies », ces bandes de soudards que la fin des batailles a laissés à euxmêmes et qui passent leur temps à ravager le pays. Du Guesclin trouve au problème une solution radicale : il les emmène faire la guerre ailleurs, en l'occurrence dans cette pauvre Castille en proie elle aussi à d'interminables querelles de succession. Puis celui que le roi a fait son connétable - sorte de chef des armées - entreprend une guerre d'usure : sans grandes batailles frontales, lentement, obstinément, il reprend places et châteaux un par un ; peu à peu, les Anglais sont chassés d'à peu près partout, sauf de Guyenne, de Cherbourg et de Calais. Voici Charles VI (règne de 1380 à 1422) et un nouveau temps de calamités. On s'aperçoit bien vite du nouveau fléau qui va frapper le royaume : le roi est fou. Selon la chronique du temps, le mal l'a pris alors qu'il traversait la forêt du Mans en plein soleil, l'été 1392 : en état de démence totale, il tua quatre personnes de sa propre escorte. La folie le frappera par intermittence jusqu'à sa mort. Personne à l'époque ne sait comment débarrasser le pays d'un tel fardeau. Il est vrai que la perception médiévale de la maladie mentale n'est pas la nôtre. Nul n'estime alors que la folie est à même d'empêcher quiconque de régner. Elle est envoyée par Dieu, elle entre dans ses desseins. À chaque crise du roi, le peuple de Paris ne sait rien faire d'autre, nous disent les chroniqueurs, que d'organiser processions et prières publiques pour demander au ciel de rendre sa santé au prince. Cela dura trente ans. La reine Isabeau de Bavière organise comme elle peut un conseil de régence mais les grands se déchirent. Très vite, en ce début de xve siècle, le pays va être livré à deux clans ennemis qui ne connaîtront d'autres lois que la haine qu'ils se vouent. Le premier est celui de la famille qui, depuis Philippe le Hardi (le héros de Poitiers, le vaillant cadet de Jean le Bon), règne sur le puissant duché de Bourgogne dont le roi Jean a fait cadeau à son fils. On les appelle donc les Bourguignons. L'autre est dirigé par Louis d'Orléans, frère de Charles VI. En 1407, il est assassiné sur ordre de Jean sans Peur, chef des Bourguignons. Son fils, Charles d'Orléans, lui succède. Il a épousé la fille d'un puissant personnage du Sud du pays, Bertrand d'Armagnac, dont la nombreuse tribu fait sienne sa querelle : on appellera donc ce parti-là les Armagnacs. À l'ombre d'un trône sur lequel est assis un fou, sous le gouvernement d'une reine, Isabeau, et d'une famille royale qui ne cessent de balancer d'un parti à l'autre, voici l'état du royaume : on se tue, on se venge, on fomente émeutes et complots, on intrigue pour prendre telle province, pour contrôler tel organe de gouvernement, on investit Paris, on perd Paris, on prétend se réconcilier, on se trahit à nouveau. C'est l'horrible « guerre des Armagnacs et des Bourguignons », un cauchemar qui lui aussi dura des décennies. Au beau milieu du drame réapparaît alors un personnage qu'on aurait eu tort d'oublier si vite : le roi d'Angleterre. Celui du moment s'appelle Henri V. Ce jeune homme est porté par une foi en Dieu doublée d'une foi en lui-même qui confine au fanatisme. Mais il a les moyens de cette immense ambition : c'est un chef de guerre hors pair et un homme d'État au sens politique sûr et déterminé, le plus grand roi d'Angleterre depuis Édouard III. Il sent son heure venue. Les Français ne s'entendent plus ? Il en profite pour reformuler solennellement les prétentions posées quatre-vingts ans plus tôt par Édouard : c'est à lui que doit revenir le trône de France. En 1415, il débarque à Harfleur, en Normandie, et entreprend une longue marche pour rejoindre Calais. Comme cela se passa huit décennies auparavant, une lourde armée française est envoyée à sa rencontre pour lui barrer la route. Près d'un petit village du Pas-de-Calais, Henri V opère un mouvement tournant et affronte, avec ses 12 000 fantassins et ses archers, les 50 000 hommes envoyés pour l'écraser. Le roi anglais vit dans son temps. Les Français ont deux siècles de retard : leurs chevaliers chargent en premier. Il a plu, le terrain est impraticable, les premiers chevaux s'embourbent, les lignes suivantes se ramassent sur les premières, les archers anglais peuvent ajuster leur tir : c'est le grand carnage, 6 000 morts chez les chevaliers français ; à peine quelques centaines de prisonniers. Contrairement à ce qui était en usage jusque-là, le roi anglais a donné l'ordre de ne faire aucun quartier, il perd les rançons éventuelles, mais il n'a pas ainsi à s'embarrasser de ces poids inutiles. Une génération entière de la noblesse meurt dans la boue du Nord. Le village s'appelle Azincourt. Ce nom désigne un des plus grands désastres français de l'histoire. Henri, puissant vainqueur, poursuit ses conquêtes. En 1419, après un siège impitoyable et de nouveaux massacres, il prend Rouen, où il s'installe. À côté de Paris, la guerre des grands prend son tour le plus dramatique : sur le pont de Montereau, là où les deux chefs ennemis ont décidé de se retrouver pour se réconcilier, une rixe éclate. Jean sans Peur, le chef des Bourguignons, est assassiné sous les yeux mêmes du chef des Armagnacs, Charles, le propre fils de Charles VI et aussi son dauphin. La haine est désormais insurmontable. Charles doit fuir Paris. La reine Isabeau, hier proche des Armagnacs, penche désormais du côté bourguignon et se résout avec eux à l'alliance avec les Anglais. Une solution est trouvée, formalisée par le traité de Troyes (1420). Dans tous les manuels, on ne l'appelle pas ainsi. On écrit souvent « le honteux traité de Troyes », celui qui « livre la France aux Anglais ». Voici ce qu'il prévoit : Henri V épouse Catherine de Valois, fille de Charles VI et d'Isabeau, il devient l'héritier en titre du trône de France, et sera roi à la mort de Charles VI, tout en étant roi d'Angleterre : ce sera la « double monarchie ». Le seul fils resté vivant de Charles VI et d'Isabeau, l'homme du pont de Montereau, le dauphin, est déshérité. Pendant longtemps, la petite histoire nous a raconté qu'Isabeau avait même laissé entendre que ce fils n'était pas d'elle. Les historiens d'aujourd'hui jugent cette thèse invraisemblable : selon eux, Isabeau a renié son fils pour des raisons purement politiques. Aux mains du clan Armagnac, il vit réfugié à Bourges, dans la seule partie du royaume qui lui soit restée fidèle. C'est de là que va repartir le dernier épisode de notre long feuilleton. En 1422, énorme rebondissement : Henri V meurt prématurément, d'une crise de dysenterie, à Vincennes, avant son beau-père Charles VI, qui lui succède dans la tombe quelques mois plus tard. Il n'aura donc pas été roi de France, comme prévu. Que faire ? On décide de suivre la logique du traité de Troyes. Pour ce camp-là, le nouveau souverain sera donc le tout jeune fils qu'Henri V et Catherine de Valois viennent d'avoir, il est encore bébé mais on lui donne déjà son titre royal : Henri VI. Au sud, l'autre prétendant, Charles, le dauphin rejeté, tergiverse, hésite. Est-il souverain, ne l'est-il pas ? Par dérision, ses ennemis l'appellent « le petit roi de Bourges » pour souligner sa faiblesse. Les Anglais accentuent la pression sur lui, ils font tomber une à une les villes qui tiennent la Loire. En 1429, Charles est à Chinon, c'est là, divine surprise, qu'on lui amène une étrange personne : Jeanne d'Arc, petite bergère lorraine de seize ans, inspirée et mystique, porteuse d'un message qui vient de haut. « Gentil dauphin, je te dis de la part de Messire Dieu que tu es le Vray héritier du Trône de France. » Est-elle folle ? Un collège de clercs l'examine et assure que non. En tout cas, elle est portée par une force étrange qui l'aide à faire tourner le vent de l'histoire. En mai, elle exalte si bien les troupes françaises qu'elle réussit à faire lever le siège d'Orléans par les Anglais. Puis elle pousse littéralement son « gentil dauphin » et ses troupes jusqu'à Reims pour qu'il y reçoive le sacre royal qui le légitimera. Le chemin n'est pas facile, les places sont aux Anglais ou aux Bourguignons. Elles tombent les unes après les autres, ou bien on les évite. On arrive au but : le 17 juillet 1429, à côté de Jeanne portant son étendard, Charles VII est oint du saint chrême de Clovis. Prochaine fin de l'épisode. Déjà, la bergère est à deux doigts de sortir du champ : elle veut continuer le combat, mais il n'y a pas grand monde pour la soutenir. Elle est blessée devant Paris, faite prisonnière devant Compiègne par les Bourguignons, et bientôt brûlée à Rouen sous domination anglaise, son temps n'est plus, son mythe peut naître. Le roi ne l'a pas aidée. Ragaillardi, posé, il a retrouvé des forces, se sent sûr de sa couronne, il n'a plus besoin d'elle. Les Anglais, eux, n'ont plus la main. Leur roi, Henri VI, est un enfant. Bientôt meurt le dernier personnage puissant qu'il leur restait sur le continent : le duc de Bedford, frère de feu Henri V et régent de France. Le vent des alliances tourne aussi. Charles VII peut jouer sa carte stratégique majeure : la réconciliation avec les Bourguignons. Il fait amende honorable pour le meurtre de Jean sans Peur au pont de Montereau ; on s'entend sur un partage de villes et de territoires ; la paix est scellée par le traité d'Arras en 1435. Elle lui ouvre les portes de Paris. Il lui faudra encore près de vingt ans pour arriver au but ultime : après la reconquête de la Normandie (1450) puis de la Guyenne (1453), le royaume entier est à lui, il ne laisse aux Anglais sur le continent que leur tête de pont de Calais. Voici donc à quoi on en arrive dans tous les livres de chez nous : le pays a enfin son vrai roi, légitime et victorieux ; l'occupant est chassé, la France est sauvée. Vraiment ? 1 Dans quelques anciens ouvrages historiques et nombre de mauvais romans, quand on évoque l'éviction d'Isabelle et cette interdiction faite aux femmes de régner sur le trône de France, on se réfère à la « loi salique ». En fait, ce texte remontant prétendument aux Francs ne sera invoqué que plus tard, sous Charles V. 2 Tous ne sont pas dans ce cas. Les passionnés de cette période liront avec délice l'excellente somme que l'historien Georges Minois lui a consacré : sa Guerre parti pris chauvin. de Cent Ans (Perrin, 2008) est sans doute le meilleur ouvrage sur la question, vif, exhaustif, et dénué de tout 13 La guerre de Cent Ans deuxième version La même sans les clichés Sans Jeanne d'Arc, sans le bon Charles VII et le sacre de Reims, la France, assommée par un siècle de défaites et de malheurs, aurait donc péri ? Allons donc y voir de près, mais, une fois de plus, gardons-nous de nous précipiter. Avant de chercher à savoir si l'on peut, oui ou non, contredire frontalement ce qui vient d'être exposé, commençons, dans un premier temps, par y apporter quelques nuances. D'autres repères... - 1415 : victoire d'Azincourt, décisive pour assurer la suprématie du roi d'Angleterre Henri V - 1422 : mort prématurée d'Henri V à Vincennes - 1431 : son fils Henri VI, âgé de dix ans, sacré roi de France à Notre-Dame - 1452 : libération de Bordeaux, occupée depuis un an par les Français, par le chef anglais Talbot appelé au secours par les Bordelais Il y a pis que la guerre : la peste La guerre de Cent Ans est un épisode incontournable de l'histoire militaire et politique de la France et de l'Angleterre, et le grand jalon entre le Moyen Âge et la Renaissance. N'oublions pas, néanmoins, que l'événement fondamental du xive siècle, le traumatisme durable qui va marquer à jamais les populations de ces deux pays, mais aussi de toute l'Europe, n'est pas lié à ce conflit et ne vient pas de la Manche. Il arrive un beau jour de 1347 par la Méditerranée, en provenance de plus loin encore : la mer Noire. Là-bas se trouve Caffa, un comptoir commercial génois. Vers les années 1340, ce port est assiégé par les Mongols et ceux-ci ont mis au point une technique atroce pour venir à bout de la résistance des défenseurs de la ville. Ils catapultent par-dessus les murailles des cadavres de victimes d'un mal que l'Europe n'a pas connu depuis l'Antiquité : la peste. C'est la panique. Fuyant en bateau, les Génois rapportent le mal à Constantinople, en Grèce, en Sicile, à Venise, à Marseille, partout où ils accostent. L'épidémie flambe à la vitesse de l'éclair. En trois ans, selon les estimations que l'on a pu faire, on voit mourir entre un tiers et une moitié de l'ensemble de la population du continent. On a bien lu. En quelques semaines, en quelques mois, on voit disparaître une personne sur trois, parfois une sur deux, dans des souffrances atroces, sans que nul ne sache comment enrayer ce mal. Il est transmis, au départ, par les puces, elles-mêmes véhiculées par les rats : les chats auraient donc pu constituer le seul maigre rempart contre le fléau. Hélas, on avait l'habitude de tuer ces malheureux animaux supposés être voués au diable. Aussi, comme face à tous les autres malheurs du temps, on s'en remet à Dieu, on prie, on processionne. Dieu reste sourd. On invente alors d'autres façons, atroces, de faire appel à lui : partout, à la suite de l'épidémie, se répand, chez les chrétiens devenus fous, un autre fléau, la haine de la minorité non chrétienne que l'on a sous la main, les Juifs. On a parlé de cela, déjà. Bientôt, des flagellants paraderont dans les villes, comme si leur propre souffrance pouvait atténuer celle que le ciel a envoyée et qu'il renverra encore : tous les dix ou quinze ans, désormais, reprendront d'autres épidémies, de moindre ampleur heureusement. La culture, l'art, sont bouleversés, domine désormais le goût du macabre, de la mort. Des régions entières sont vidées de leurs habitants, des terres retournent à la jachère, l'économie est déstabilisée. On estime que dans la plupart des pays il faudra deux ou trois siècles pour retrouver les taux de population du début du xive siècle. Les ravages de la guerre n'ont pas de drapeau Est-ce à dire que les populations traumatisées par le terrible mal sont indifférentes aux malheurs de la guerre ? Non, évidemment ! Partout où elle passe, dans les villes ou les campagnes, la guerre, elle aussi, fait des ravages. Et peu importe le soldat qui les cause. C'est là une des grandes différences avec les conflits nationaux du xxe siècle, c'est là une des raisons pour lesquelles il ne faut pas les confondre. Dans les guerres modernes que nous avons en tête, l'uniforme, le camp fait tout : il y a l'armée de son pays, qui est là pour protéger, pour défendre et dont on applaudit les victoires à grands cris ; il y a l'armée ennemie que l'on hait autant qu'on la craint. Rien de tel en cette fin de Moyen Âge. Pourquoi le peuple des bourgs ou des campagnes se réjouirait-il des victoires d'un roi plutôt que d'un autre ? La misère qu'amène la guerre ne connaît pas de drapeau. Pour les pauvres gens, sous le heaume et l'armure, pas d'amis, pas d'ennemis, tout soldat est un danger, point final. Le voir apparaître au bout du champ ou au détour de la route qui mène au bourg annonce le désastre et la ruine, quelle que soit la bannière qu'il prétend défendre. Et qui sait jamais celle qu'il sert réellement ? Génois, Allemand, ou venant d'ailleurs, brinquebalé de province en province, le militaire de l'époque est presque toujours un mercenaire. Il sert un camp puis l'autre, au gré de ses engagements ou des revirements d'alliance de son seigneur. Poussé par des chefs qui

« l’appelle pasainsi.

Onécrit souvent « lehonteux traitédeTroyes », celuiqui« livre laFrance auxAnglais ».

Voicice qu’il prévoit : Henri VépouseCatherine deValois, filledeCharles VI etd’Isabeau, ildevient l’héritier entitre du trône deFrance, etsera roiàla mort deCharles VI, toutenétant roid’Angleterre : cesera la« double monarchie ». Le seul filsresté vivant deCharles VI etd’Isabeau, l’hommedupont deMontereau, ledauphin, estdéshérité. Pendant longtemps, lapetite histoire nousaraconté qu’Isabeau avaitmême laisséentendre quecefils n’était pas d’elle.

Leshistoriens d’aujourd’hui jugentcettethèse invraisemblable : seloneux,Isabeau arenié sonfilspour des raisons purement politiques.

Auxmains duclan Armagnac, ilvit réfugié àBourges, danslaseule partie duroyaume qui luisoit restée fidèle.C’estdelàque varepartir ledernier épisode denotre longfeuilleton. En 1422, énorme rebondissement : Henri Vmeurtprématurément, d’unecrisededysenterie, àVincennes, avant son beau-père Charles VI, quiluisuccède danslatombe quelques moisplustard.

Iln’aura doncpasétéroide France, comme prévu.Quefaire ? Ondécide desuivre lalogique dutraité deTroyes.

Pourcecamp-là, lenouveau souverain seradonc letout jeune filsqu’Henri V etCatherine deValois viennent d’avoir,ilest encore bébémaison lui donne déjàsontitre royal : Henri VI. Au sud, l’autre prétendant, Charles,ledauphin rejeté,tergiverse, hésite.Est-ilsouverain, nel’est-il pas ?Par dérision, sesennemis l’appellent « lepetit roideBourges » poursouligner safaiblesse.

LesAnglais accentuent la pression surlui,ilsfont tomber uneàune lesvilles quitiennent laLoire.

En1429, Charles estàChinon, c’estlà, divine surprise, qu’onluiamène uneétrange personne : Jeanned’Arc,petite bergère lorrainedeseize ans,inspirée et mystique, porteused’unmessage quivient dehaut.

« Gentil dauphin, jete dis delapart deMessire Dieuquetu es leVray héritier duTrône deFrance. » Est-ellefolle ?Uncollège declercs l’examine etassure quenon.

Entout cas, elleestportée parune force étrange quil’aide àfaire tourner levent del’histoire.

Enmai, elleexalte sibien les troupes françaises qu’elleréussitàfaire lever lesiège d’Orléans parlesAnglais.

Puisellepousse littéralement son « gentil dauphin » etses troupes jusqu’àReimspourqu’ilyreçoive lesacre royalquilelégitimera.

Lechemin n’est pasfacile, lesplaces sontauxAnglais ouaux Bourguignons.

Ellestombent lesunes après lesautres, oubien on les évite.

Onarrive aubut : le17 juillet 1429,àcôté deJeanne portant sonétendard, Charles VII estoint du saint chrême deClovis.

Prochaine findel’épisode. Déjà, labergère estàdeux doigts desortir duchamp : elleveut continuer lecombat, maisiln’y apas grand monde pour lasoutenir.

Elleestblessée devantParis,faiteprisonnière devantCompiègne parlesBourguignons, etbientôt brûlée àRouen sousdomination anglaise,sontemps n’estplus,sonmythe peutnaître.

Leroi nel’apas aidée. Ragaillardi, posé,ila retrouvé desforces, sesent sûrdesacouronne, iln’a plus besoin d’elle.LesAnglais, eux, n’ont pluslamain.

Leurroi,Henri VI, estunenfant.

Bientôt meurtledernier personnage puissantqu’illeurrestait sur lecontinent : leduc deBedford, frèredefeu Henri V etrégent deFrance.

Levent desalliances tourneaussi. Charles VII peutjouer sacarte stratégique majeure :laréconciliation aveclesBourguignons.

Ilfait amende honorable pourlemeurtre deJean sansPeur aupont deMontereau ; ons’entend surunpartage devilles etde territoires ; lapaix estscellée parletraité d’Arras en1435.

Elleluiouvre lesportes deParis.

Illui faudra encore près devingt anspour arriver aubut ultime : aprèslareconquête delaNormandie (1450)puisdelaGuyenne (1453), leroyaume entierestàlui, ilne laisse auxAnglais surlecontinent queleur tête depont deCalais.

Voici donc àquoi onenarrive danstousleslivres dechez nous : lepays aenfin sonvrai roi,légitime etvictorieux ; l’occupant estchassé, laFrance estsauvée.

Vraiment ? 1 Dans quelques anciensouvrages historiques etnombre demauvais romans,quandonévoque l’éviction d’Isabelle etcette interdiction faite aux femmes derégner surletrône deFrance, onseréfère àla « loi salique ».

Enfait, cetexte remontant prétendument auxFrancs nesera invoqué queplus tard, sousCharles V.

2 Tous nesont pasdans cecas.

Lespassionnés decette période lirontavecdélice l’excellente sommequel’historien GeorgesMinoisluia consacré : sa Guerre deCent Ans (Perrin, 2008)estsans doute lemeilleur ouvragesurlaquestion, vif,exhaustif, etdénué detout parti prischauvin.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles