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14 A moins de cinq kilomètres au nord, un jet Embraer Legacy se posait à l'aérodrome Montgomery.

Publié le 06/01/2014

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14 A moins de cinq kilomètres au nord, un jet Embraer Legacy se posait à l'aérodrome Montgomery. Il avait décollé cinq heures plus tôt de l'aéroport international de Merida, au Yucatán, et transportait quatre personnes, ous des hommes. L'agent des services d'immigration qui monta à bord du petit appareil vérifia l'identité des passagers et leur onna dans la foulée l'autorisation de débarquer. Il n'avait aucune raison de les soumettre à une inspection plus poussée : la compagnie charter avait une excellente réputation et il avait rencontré plusieurs fois les membres de l'équipage. Les passagers, tous mexicains, élégamment vêtus et soignés de leur personne, parlaient avec retenue. Les documents de vol de l'avion étaient irréprochables et les passeports des quatre hommes portaient les cachets de plusieurs pays d'Europe et d'Extrême-Orient. Tout cela donnait l'impression d'un monde huppé avec, plus important encore, une intangible et désarmante aura d'intégrité. Peu après le départ de l'agent, les quatre hommes descendirent de l'avion et montèrent dans deux limousines Lincoln avec chauffeur. Des lits confortables les attendaient dans une luxueuse villa de six chambres u bord de l'océan, qu'on avait louée pour eux dans une rue tranquille de Del Mar. Ils avaient besoin d'une bonne nuit de sommeil. Ils avaient du pain sur la planche. Lundi 15 Après avoir laissé Tess, Alex et Julia à l'hôtel, je retrouvai Villaverde à son bureau. Notre rendez-vous avec orliss était fixé à dix heures et demie, ce qui nous éviterait la brutale heure de pointe matinale de Los Angeles t nous permettrait de savourer à la place ses délicieux bouchons de milieu de matinée. Tess était impatiente 'aller chez Michelle prendre ce qu'il fallait pour tenter de réconforter Alex, et Villaverde s'était arrangé pour que es policiers de San Diego l'y conduisent en voiture et veillent sur elle pendant notre absence. La première partie de notre trajet se révéla assez aisée, une longue ligne droite jusqu'à la route inter-Etats, vec le soleil derrière nous, l'océan à notre gauche, des dunes et des collines ondulantes sur notre droite endant trois bons quarts d'heure. Puis ce fut San Clemente, dont le cadre enchanteur nous aida à affronter nsuite les aspects moins séduisants de la colonisation humaine et le chaudron d'asphalte chaotique qu'est le entre de L.A. Une fois passés devant l'immeuble, nous tournâmes pour prendre la rampe conduisant au parking outerrain. Devant l'entrée du bâtiment se dressaient quatre sculptures métalliques de cinq mètres de haut, ilhouettes masculines découpées dans de la tôle et s'inclinant l'une vers l'autre pour former un groupe serré. lles étaient criblées de centaines de petits trous ronds, comme si elles avaient été mitraillées par un gang en lein délire. Je n'étais pas sûr que ce soit la meilleure image à présenter devant un bâtiment fédéral mais je n'ai amais prétendu comprendre l'art moderne, et le symbolisme qui m'échappait était probablement beaucoup plus rofond et sophistiqué que tout ce que je pouvais espérer saisir. Au dix-neuvième étage, on nous fit entrer dans le bureau de Corliss et j'éprouvai deux petits chocs. Le premier fut de le revoir après toutes ces années. Je savais ce qu'il avait traversé, bien sûr - c'était arrivé près mon départ du Mexique, mais l'histoire, avec ses détails sanglants, avait fait sensation au FBI -, et ependant je fus étonné qu'il ait autant vieilli. Non, il n'était pas vieilli, usé plutôt. Le Hank Corliss que j'avais onnu était un enfant de salaud coriace, têtu et généralement désagréable, avec des neurones affûtés en batterie derrière des yeux pleins d'énergie auxquels aucune astuce n'échappait. L'homme qui nous accueillit était le reflet dans un miroir ancien du Corliss que je me rappelais. Un visage émacié, une peau ridée et grise, des coffres noirs sous les yeux. Son pas était lent et ma grand-mère octogénaire avait une poignée de main autrement plus vigoureuse. Le second choc fut de découvrir Jesse Munro à son côté. Deux revenants, deux vestiges d'un chapitre déplaisant de ma vie. Munro, en revanche, n'avait pas du tout vieilli. Je savais qu'il passait beaucoup de temps en salle de gym pour tenter de préserver son image de beau mec. Il était resté semblable au souvenir que j'avais de lui. Une épaisse chevelure blonde plaquée en arrière par du gel, le teint bronzé, une chemise non boutonnée sur un tee-shirt blanc à col en V qui découvrait le haut de ses pectoraux et quelques anneaux d'une lourde chaîne en or. Et toujours ce grand sourire satisfait, mielleux, qui n'était jamais loin de la surface. Corliss nous indiqua la partie salon de la pièce située de l'autre côté de son bureau et, m'examinant comme si j'étais là pour un entretien d'embauche, attaqua : -- J'ai entendu dire que vous abattez du bon boulot, à New York. Votre retour là-bas vous a fait beaucoup de bien, apparemment. Le sourire ironique qui étira ses lèvres me confirma le message sous-jacent de sa remarque. Je n'avais d'ailleurs pas pensé une seule seconde qu'il avait oublié les propos extrêmement vifs que nous avions échangés au Mexique. A l'époque, j'étais furax qu'on m'ait ordonné d'éliminer - d'exécuter, à vrai dire - un citoyen américain désarmé, Wade McKinnon, dont je savais uniquement qu'il était un génie de la chimie et qu'il mettait au point, sous la menace, une sorte de superdrogue pour un narco du nom de Navarro. Munro était avec moi cette nuit-là et il avait commis des actes encore plus condamnables pendant cette malheureuse mission, des choses qu'on n'aurait dû pardonner à personne. A notre retour, alors que Munro n'éprouvait aucun remords, je n'arrivais pas à oublier mon acte. Cela me torturait tellement que je finis par décider que je devais faire quelque chose pour réparer : essayer de retrouver des membres de la famille de McKinnon, les mettre au courant, me laver de ce crime, obtenir une sorte d'absolution ou affronter le mépris ou la haine que je pensais mériter. De leur côté, Corliss et le reste des pontes n'avaient pas ce genre de scrupules et se fichaient totalement de mes démons intérieurs. Mais surtout, ils ne voulaient pas que je me répande en jérémiades à tous les coins de rue. Ils avaient donc agité une carotte devant moi : un transfert au bureau de New York, avec un poste important à la division antiterroriste à la clé, affectation prestigieuse par laquelle ils pensaient me circonvenir. Après m'être torturé l'esprit pendant des jours, j'avais fini par accepter - ce n'est pas ce que j'ai fait de plus glorieux, je l'admets - et nous nous retrouvions dans ce bureau, cinq ans plus tard, avec le fantôme de Corliss, qui ne semblait même plus capable d'avoir l'air content de lui. Je faillis répliquer que cela nous avait fait beaucoup de bien à tous les deux, mais compte tenu de ce qu'il avait enduré après mon départ, c'eût été vraiment nul. J'optai plutôt pour un moyen terme qui pouvait passer pour une offrande de paix : -- Une vraie partie de plaisir. Il m'observa, comme s'il ne savait pas trop quoi répondre à ça, puis remua dans son fauteuil et en vint au fait : -- Je suis profondément désolé pour Martinez. Elle avait fait du bon boulot pour nous, même si son départ

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