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29 Ce fut à nouveau sous un ciel d'un bleu parfait que je me rendis en voiture à La Mesa pour interroger Karen Walker.

Publié le 06/01/2014

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29 Ce fut à nouveau sous un ciel d'un bleu parfait que je me rendis en voiture à La Mesa pour interroger Karen Walker. Nous avions arrangé un rendez-vous là-bas, dans les locaux tout neufs de la police, sur University Avenue, parce que c'était plus près du club-house des Aigles et de l'endroit où elle vivait. J'estimais qu'après ce qu'elle enait de subir, ce serait plus courtois que de lui imposer le long trajet jusqu'aux bureaux fédéraux de illaverde. Elle arriva à l'heure - c'est à mettre à son crédit - et, quoiqu'elle eût l'air secouée et à cran, elle emblait tenir à peu près le coup. Elle ne s'était pas non plus fait accompagner par un avocat. Je l'accueillis avec Villaverde et Jesse Munro, spécialement descendu de L.A. ce matin-là. Après mon épart, la veille, David avait téléphoné à Corliss pour le mettre au courant et celui-ci avait proposé d'envoyer unro pour que nous puissions avoir un accès direct aux ressources de la DEA maintenant que l'enquête renait de l'ampleur. Nous nous trouvions dans une salle de réunion du premier étage, un lieu qui m'avait paru lus propice qu'une des salles d'interrogatoire exiguës et sans fenêtres du rez-de-chaussée, où des inspecteurs taient occupés à cuisiner les aspirants du club. Les fichiers de l'ATF indiquaient que Walker et elle s'étaient mariés en 2003, peu avant qu'il soit envoyé en Irak. Ils avaient deux gosses, un garçon de huit ans et une fille de trois ans. Karen tenait une onglerie à La Mesa. Elle avait un casier, une peine légère pour coups et blessures, ce qui ne cadrait pas vraiment avec la femme posée que j'avais devant moi, mais la réinsertion des anciens détenus n'est pas nécessairement quelque chose de vain. Nous étions à peine assis qu'elle demanda si nous avions retrouvé Scrape ou non. Les médias avaient arlé du meurtre du shérif adjoint, mais nous ne leur avions pas communiqué la raison de sa présence à 'entrepôt. Karen avait visiblement fait le rapport, étant donné le lieu de la fusillade, et je décidai que lui confier es détails que la presse ignorait contribuerait à établir une certaine confiance entre nous. -- Ils l'ont embarqué, dis-je. Ils ont descendu l'adjoint et emmené Scrape. Nous ne savons pas où ils sont t nous n'avons aucune piste là-dessus non plus. Son regard, qui se porta tour à tour sur chacun de nous, était empreint de perplexité et de gêne. J'y décelai outefois de la peur. -- Vous avez rien de rien ? -- C'est pour ça que vous êtes ici, madame Walker... -- Karen, coupa-t-elle sans sourire. Je pris une inspiration, hochai la tête. -- OK, Karen. Voilà la situation : votre mari et ses copains faisaient un boulot pour quelqu'un. Je ne parle as de motos customisées, je parle d'enlèvements à main armée qui remontent à déjà quelques mois. De usillades qui ont causé la mort de plusieurs personnes. Mais ce n'est pas pour ça que nous sommes ici aintenant. Nous n'essayons pas de vous impliquer dans ces affaires. Nous sommes ici à cause de ce qui s'est passé au club-house. Parce qu'il faut retrouver les types qui ont fait ça et les coller en prison. D'accord ? J'attendis qu'elle m'adresse un petit hochement de tête pour continuer : -- Vous avez vu de quoi ils sont capables. Nous ne savons pas qui ils sont ni ce qu'ils cherchent exactement, mais apparemment ils ne l'ont pas encore trouvé. Et tant qu'ils seront en liberté, tous ceux qui sont liés au club de près ou de loin seront en danger. Vous plus que n'importe qui d'autre, Karen. Je m'interrompis pour la laisser assimiler l'avertissement. Soyons clairs, je n'essayais pas de lui mettre la pression. Je pensais sincèrement qu'elle était en danger. Je n'aurais pu certifier pour autant que cela me causait réellement du souci, étant donné ce que la bande de son mari avait fait à Michelle et aux autres. Au fond de moi, mon attitude envers elle n'était peut-être pas aussi ambivalente que je le pensais. Elle ne m'inspirait pas une aversion viscérale et cependant, même si j'ignorais ce qu'elle savait au juste des activités de son mari, je présumais qu'elle était en partie au courant. Mais je savais par expérience que les conjoints de criminels violents sont souvent aussi des victimes, à leur façon. -- Nous avons besoin de savoir pour qui les Aigles travaillaient et ce qu'ils faisaient, conclus-je. Son regard passa de nouveau d'un visage à l'autre, comme si elle était tiraillée dans des directions opposées. Le seul fait d'être dans ce bâtiment la mettait mal à l'aise, je le savais. J'avais vu son casier, elle avait fait de la prison. Ce n'était pas une fan des forces de l'ordre. Elle tira de son sac un paquet de Winston, en prit une, se mit à la tapoter contre la table. Elle portait de grosses bagues en argent à ses doigts soigneusement manucurés. Je remarquai aussi qu'elle avait aux poignets des tatouages qui disparaissaient sous ses manches. -- Vous voulez qu'on coince ceux qui ont fait ça à votre mari, n'est-ce pas, Karen ? -- Bien sûr, rétorqua-t-elle. -- Alors, aidez-nous. Le tapotement s'accéléra puis elle poussa un long soupir, détourna son regard avant de le ramener sur moi. -- Je veux l'immunité, déclara-t-elle. -- L'immunité ? Contre quoi ? -- Pas de poursuites. Ecoutez, je connais la musique. Supposons que je sache quelque chose et que je vous le dise, je deviens complice. Au mieux. Je veux vraiment que vous chopiez les pourris, les malades qui ont ait ça à Wook, mais je suis pas chaude pour retourner en cabane. Elle se tut, me regarda, passa aux autres et revint à moi. Elle tentait de prendre une attitude d'indifférence t de défi mais j'avais suffisamment vu de gens dans sa situation pour savoir que, derrière cette façade de nana e motard à la redresse, elle était terrifiée. Ce qu'elle demandait n'en était pas moins logique, de son point de ue. Malgré ma rogne contre son mari et sa bande, je ne pouvais pas être sûr qu'elle était au courant de tout, ni ue nous parviendrions à la faire condamner. L'important, c'était qu'elle pouvait nous aider à trouver qui était errière tout ça, et mettre fin à cette spirale morbide. Arrêter celui qui avait lancé la bande sur Michelle valait ien de passer un marché qui éviterait à Karen de retourner en prison. Je coulai un regard à Villaverde. Connaissant le casier de Karen, nous avions anticipé sa demande. Nous vions aussi estimé que nous ne pouvions pas nous permettre de la refuser. -- D'accord, lui dis-je. Elle parut surprise, comme si elle ne savait pas comment prendre ma réponse. -- Quoi ? Comme ça ? Vous avez pas autorité pour décider. Vous devez pas d'abord avoir l'accord du rocureur ? -- C'est fait. Nous en avons discuté avec les services du procureur du comté de San Diego. Ils sont artants. Le comté de L.A. ne posera pas de problème non plus. Du menton, j'indiquai Munro, qui confirma d'un petit hochement de tête. -- On est en train de taper le papier en ce moment même, repris-je. Ce n'est pas vous qu'on veut, Karen. Vous avez ma parole d'agent fédéral que rien de ce que vous direz ici ne sera utilisé contre vous. Mais si on veut serrer ces types, il faut agir, et vite. Ils sont peut-être en train de se faire la belle. Si vous savez quoi que ce soit sur eux, c'est le moment de parler. Je vis les muscles de sa mâchoire se contracter. -- Faut combien de temps pour que le papier arrive ici ? -- Pas très longtemps, répondis-je. Mais trop peut-être pour choper ces types. Elle eut un autre soupir, plissa les yeux, se renversa en arrière et regarda par la fenêtre, puis se tourna de nouveau vers nous. Elle hocha plusieurs fois la tête, comme pour se convaincre qu'elle prenait la bonne décision. -- Ils travaillaient pour une raclure de Mex. Je connais pas son nom. Wook l'appelait juste « le métèque ». Mes synapses s'allumèrent. C'était parti. -- Qu'est-ce qu'ils faisaient pour lui ? -- Ça a commencé il y a six, sept mois. Il les a embauchés pour kidnapper deux mecs... -- Les chercheurs du labo proche de Santa Barbara ? intervint Munro. Elle acquiesça. -- J'en ai plus entendu parler pendant un moment. Ça valait mieux, vu comment ça s'était terminé. Et puis, a quelques semaines, Wook a eu d'autres boulots. Encore des enlèvements. -- Qui, cette fois ? demandai-je. -- J'en sais rien. Franchement. Le premier, c'était pas ici non plus. -- C'était où ? -- Plus haut sur la côte. Pas loin de San Francisco, je crois. Vous savez, Wook me disait pas tout. Des ois, même, il me disait rien, pas tout de suite, en tout cas. Il m'en parlait après, surtout si ça avait mal tourné et ue ça le foutait en boule. Je me demandai ce que faisait Wook quand il se foutait en boule. -- Vous ne savez rien d'autre sur ceux qu'ils ont enlevés ? insistai-je. -- Non. Sauf que c'était encore une tronche. Et puis, quelques jours après, ils se sont occupés de uelqu'un d'autre, et là ça a encore foiré. Je sentis mes muscles se raidir, le sang me monter à la tête. C'était de Michelle qu'elle parlait. -- Qui était-ce ? -- Je sais pas. Mais d'après ce que j'ai entendu, ça devait être une femme. Je scrutais les pores de son visage, cherchant à savoir dans quelle mesure elle disait la vérité, mais mpossible d'avoir une certitude, dans un sens ou dans l'autre. Je n'avais pas besoin cependant d'entendre le este de cette histoire, pas pour le moment du moins, et je lui posai une question plus pertinente : -- Ce Mexicain, qu'est-ce que vous savez de lui ? Elle écarta les mains. -- Rien, répondit-elle d'une voix moins forte. Wook ne m'a rien dit d'autre, je le jure. Ça ne collait toujours pas. -- Donc, votre mari et ses gars ont rencontré cet homme il y a six, sept mois, et juste comme ça, ils ont ccepté de faire un boulot extrêmement risqué pour lui ? Ça ne paraît pas très prudent, non ? -- D'après Wook, ils avaient déjà bossé ensemble. Des années plus tôt. -- Où ? Karen soupira, comme si elle s'en voulait de devoir tout déballer. -- Y a de ça quatre ou cinq ans, Wook et les gars assuraient la sécurité des livraisons de ce côté-ci de la frontière pour un baron de la drogue mex. Le nouveau, c'était un des anciens lieutenants de ce baron. Wook se souvenait pas de lui, mais ce mec était au courant de trucs que seul quelqu'un qui aurait été là à l'époque pouvait savoir. -- Quoi, par exemple ? Elle me fixa longuement, de plus en plus nerveuse. -- Le baron mexicain soupçonnait un de ses gars de travailler pour un cartel concurrent. Pour lui piquer son territoire. Wook était là, ce jour-là. Gourou aussi. -- Gourou ? -- Gary. Gary Pennebaker. Wook et lui ont fondé les Aigles à leur retour d'Irak. Je pensai aux deux visages qui ne faisaient pas partie des morts, sur les photos accrochées au mur du lub-house. -- Bref, ils étaient là tous les deux, et le Mexicain se met à taillader le gars pour le faire parler. Je connais as les détails, mais c'était moche. Façon Hannibal Lecter. Wook disait que le Mex était un vrai tordu. Gourou a dégueulé devant tout le monde, Wook pouvait plus s'arrêter de rigoler... L'expression de Karen s'assombrit, sous l'effet de la gêne, supposai-je, d'avoir été mariée à un citoyen aussi éminent. Ou plus probablement en pensant à ce qui lui était arrivé par la suite... -- Pour en revenir au nouveau, il était forcément présent ce jour-là, vu la façon dont il racontait cette istoire. C'était un des gros bras du baron. Ça a suffi pour les convaincre d'accepter le boulot. Elle nous avait déjà dit qu'elle ne connaissait pas le nom du nouveau, mais je tentai un autre biais : -- Wook a mentionné le nom du baron ? Elle secoua tristement la tête. -- Et Pennebaker ? Comment se fait-il qu'il n'ait pas été au club-house ? Villaverde consultait déjà le dossier de l'ATF sur les Aigles. -- Apparemment, il a quitté le club après un séjour en prison. Il leva les yeux vers Karen pour obtenir confirmation. -- Exact, dit-elle. J'étais tout excité. Ce Gourou pouvait nous aider à identifier notre dingue. S'il était encore en vie. -- On peut le trouver où ? Elle haussa les épaules et répondit : -- J'en sais pas plus que vous.
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« vous ledise, jedeviens complice.

Aumieux.

Jeveux vraiment quevous chopiez lespourris, lesmalades quiont fait çaàWook, maisjesuis paschaude pourretourner encabane. Elle setut, meregarda, passaauxautres etrevint àmoi.

Elletentait deprendre uneattitude d’indifférence et de défi mais j’avais suffisamment vude gens danssasituation poursavoir que,derrière cettefaçade denana de motard àla redresse, elleétait terrifiée.

Cequ’elle demandait n’enétaitpasmoins logique, deson point de vue.

Malgré marogne contre sonmari etsa bande, jene pouvais pasêtre sûrqu’elle étaitaucourant detout, ni que nous parviendrions àla faire condamner.

L’important,c’étaitqu’elle pouvait nousaider àtrouver quiétait derrière toutça,etmettre finàcette spirale morbide.

Arrêterceluiquiavait lancé labande surMichelle valait bien depasser unmarché quiéviterait àKaren deretourner enprison. Je coulai unregard àVillaverde.

Connaissant lecasier deKaren, nousavions anticipé sademande.

Nous avions aussiestimé quenous nepouvions pasnous permettre delarefuser. — D’accord, luidis-je. Elle parut surprise, commesielle nesavait pascomment prendremaréponse. — Quoi ?Comme ça?Vous avezpasautorité pourdécider.

Vousdevez pasd’abord avoirl’accord du procureur ? — C’est fait.Nous enavons discuté aveclesservices duprocureur ducomté deSan Diego.

Ilssont partants.

Lecomté deL.A.

neposera pasdeproblème nonplus. Du menton, j’indiquai Munro,quiconfirma d’unpetithochement detête. — On estentrain detaper lepapier encemoment même,repris-je.

Cen’est pasvous qu’on veut,Karen. Vous avezmaparole d’agent fédéralqueriendeceque vous direz icine sera utilisé contre vous.Maission veut serrer cestypes, ilfaut agir, etvite.

Ilssont peut-être entrain desefaire labelle.

Sivous savez quoiquece soit sureux, c’est lemoment deparler. Je vis les muscles desamâchoire secontracter. — Faut combien detemps pourquelepapier arriveici? — Pas trèslongtemps, répondis-je.

Maistroppeut-être pourchoper cestypes. Elle eutunautre soupir, plissalesyeux, serenversa enarrière etregarda parlafenêtre, puissetourna de nouveau versnous.

Ellehocha plusieurs foislatête, comme pourseconvaincre qu’elleprenait labonne décision.

—Ilstravaillaient pouruneraclure deMex.

Jeconnais passonnom.

Wook l’appelait juste«le métèque ». Mes synapses s’allumèrent.

C’étaitparti. — Qu’est-ce qu’ilsfaisaient pourlui? — Ça acommencé ily a six, sept mois.

Illes aembauchés pourkidnapper deuxmecs… — Les chercheurs dulabo proche deSanta Barbara ?intervint Munro. Elle acquiesça. — J’en aiplus entendu parlerpendant unmoment.

Çavalait mieux, vucomment ças’était terminé.

Etpuis, y a quelques semaines, Wookaeu d’autres boulots.Encoredesenlèvements. — Qui, cette fois?demandai-je. — J’en saisrien.

Franchement.

Lepremier, c’étaitpasicinon plus. — C’était où? — Plus haut surlacôte.

PasloindeSan Francisco, jecrois.

Voussavez, Wookmedisait pastout.

Des fois, même, ilme disait rien,pastout desuite, entout cas.

Ilm’en parlait après, surtout siça avait maltourné et que çalefoutait enboule. Je me demandai ceque faisait Wookquand ilse foutait enboule. — Vous nesavez riend’autre surceux qu’ils ontenlevés ?insistai-je. — Non.

Saufquec’était encore unetronche.

Etpuis, quelques joursaprès, ilsse sont occupés de quelqu’un d’autre,etlàça aencore foiré. Je sentis mesmuscles seraidir, lesang memonter àla tête.

C’était deMichelle qu’elleparlait. — Qui était-ce ? — Je sais pas.

Mais d’après ceque j’aientendu, çadevait êtreunefemme. Je scrutais lespores deson visage, cherchant àsavoir dansquelle mesure elledisait lavérité, mais impossible d’avoirunecertitude, dansunsens oudans l’autre.

Jen’avais pasbesoin cependant d’entendre le reste decette histoire, paspour lemoment dumoins, etjelui posai unequestion pluspertinente : — Ce Mexicain, qu’est-cequevous savez delui? Elle écarta lesmains. — Rien, répondit-elle d’unevoixmoins forte.Wook nem’a rien ditd’autre, jelejure. Ça necollait toujours pas. — Donc, votremarietses gars ontrencontré cethomme ily a six, sept mois, etjuste comme ça,ilsont accepté defaire unboulot extrêmement risquépourlui?Ça neparaît pastrès prudent, non? — D’après Wook,ilsavaient déjàbossé ensemble.

Desannées plustôt. — Où ? Karen soupira, commesielle s’en voulait dedevoir toutdéballer.. »

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