30 Du seuil de la chambre d'Alex, Tess le regardait jouer par terre près de son lit avec ses figurines.

30 Du seuil de la chambre d'Alex, Tess le regardait jouer par terre près de son lit avec ses figurines. Ils étaient déjà descendus au buffet petit-déjeuner puis étaient remontés à la suite, où ils attendaient Julia, ui était en route. Alex avait passé une grande partie de la journée de la veille à l'hôtel et Tess pensait qu'il allait le sortir pour lui changer les idées. Julia avait suggéré de l'emmener à Balboa Park, qui se trouvait à proximité. Il y avait là-bas de quoi le distraire : le zoo, le musée de l'Air et de l'Espace, le musée d'Histoire naturelle, et bien d'autres choses encore. L'idée avait ravi Alex qui, comme on pouvait s'y attendre, avait choisi le zoo. Tess était impatiente de l'y conduire. Elle espérait que les animaux et les spectacles détourneraient son esprit de ce qui s'était passé et l'aiderait à retrouver son sourire, fût-ce pour un moment seulement. Elle ne parvenait pas à chasser le dessin de sa tête et se reprochait d'en faire une obsession. C'était plus ort qu'elle. Comme elle détournait les yeux, son regard tomba sur la table du salon et la pile de dessins qu'Alex avait aits la veille. Elle eut une idée. Une idée à laquelle elle aurait dû résister, mais elle en fut incapable. Tess alla dans sa chambre prendre le dessin rapporté de la maison de Michelle, retourna dans le salon et rit sur la table deux des dessins de la pile. Elle glissa le plus ancien sous les deux nouveaux et rejoignit Alex ans sa chambre. Assise sur le lit près de lui, elle lui montra les dessins. -- Ils sont super, Alex. Ils me plaisent beaucoup. Tu les as faits avec Julia, n'est-ce pas ? Il hocha la tête, mais resta concentré sur la bataille d'extraterrestres qu'il mettait en scène. Tess regarda le premier dessin, un personnage à la poitrine en forme de dragée accompagné d'une norme créature marine, dauphin ou baleine. SeaWorld, manifestement. Le personnage avait des cheveux runs et tenait dans sa main un petit bonhomme, semblable à celui du dessin qui l'intriguait. -- C'est toi et le dauphin à SeaWorld ? L'enfant ne répondit pas. -- Alex, dis-moi... c'est toi et l'un des dauphins ? Cette fois, il jeta un coup d'oeil dépourvu d'intérêt au dessin et secoua la tête. -- Ce n'est pas toi ? dit Tess, déçue. Il secoua de nouveau la tête et répondit, sans la regarder : -- C'est pas un dauphin. C'est Shamu. Elle ressentit un pincement d'excitation. -- Ah, alors, c'est toi et une baleine ? Il acquiesça. Le dessin suivant montrait Alex et sa représentation de dauphin en train de sauter. Mais il demeurait longé dans son monde imaginaire et Tess avait du mal à attirer son attention. Elle se sentait coupable 'essayer de le faire parler - d'autant plus coupable, compte tenu de ce qu'elle allait lui infliger - mais elle se entait aussi contrainte de le faire. Le petit démon de la curiosité l'exigeait. -- Alex, j'ai trouvé un autre dessin hier chez toi et j'ai une question à te poser. Je peux ? Il ne répondit pas. -- C'est celui-là, dit-elle en lui montrant la feuille. C'est bien toi qui l'as fait ? Et là, c'est toi, non ? Avec Ben ans la main ? Cette fois, l'enfant accorda un regard furtif au dessin. Tess s'était préparée et elle observa attentivement on visage pour lire sa réaction. Il parut aussitôt mal à l'aise, mais elle ne put s'empêcher de demander : -- Qui st avec toi ? Le petit garçon resta muet. -- Qui est-ce, Alex ? J'aimerais vraiment le savoir. Il ne se tourna pas vers elle. -- Alex ? Silence. Tess décida d'essayer autre chose : -- Dis-moi, est-ce que ta maman t'a aussi posé des questions sur ce dessin ? Cette fois, elle obtint une réaction. Un lent hochement de tête réticent. -- Et qu'est-ce que tu as répondu ? De mauvaise grâce, et sans regarder Tess, il marmonna : -- On en a parlé un petit peu. -- De quoi vous avez parlé ? -- Maman aussi, elle voulait savoir qui c'était. -- Qu'est-ce que tu lui as dit ? -- Que je savais pas. Il paraissait sincère. -- C'est tout ce que tu as dit à ta maman ? Que tu ne savais pas ? -- Oui, persista-t-il. C'est ce que je leur ai dit. « Leur ait dit ». Pas « lui ai dit ». -- Alex... A qui d'autre tu as parlé du dessin ? Pas de réponse. -- Alex ? Tu as dit que tu ne savais pas à ta maman et à quelqu'un d'autre. Qui était-ce ? A qui d'autre tu s parlé du dessin ? Après avoir hésité, il lâcha : -- A Jim. Tess sentit un picotement parcourir sa nuque. -- Qui est-ce, Jim ? Alex plissa le front, répondit : -- Le copain de maman. Tess fut déroutée. Reilly lui avait parlé d'un Tom, pas d'un Jim. -- Tu l'as vu où, Jim ? -- A son bureau, avec maman. Il a un aquarium. Il m'a laissé donner à manger aux poissons. -- Pourquoi ta maman t'a posé des questions sur ce dessin ? Qu'est-ce qu'il a de spécial ? -- Rien. L'esprit de la jeune femme partait dans toutes sortes de directions, dont aucune ne lui apparaissait lairement. Elle décida de revenir une dernière fois à sa première question et indiqua le personnage avec le ouet dans la main. -- Mais là, c'est bien toi ? Alex coula un regard oblique au dessin, acquiesça d'un signe de tête hésitant. -- D'accord, donc... Là, c'est qui ? demanda-t-elle avec douceur en désignant l'autre personnage. Répèteoi ce que tu as dit à Jim, j'aimerais vraiment le savoir. Qui est-ce ? Après un silence, et toujours sans regarder Tess, le garçonnet répondit : -- C'est personne. Tess sentait qu'il cachait quelque chose. Elle sentait aussi qu'il avait peur. Ce qui confirmait ce qu'elle soupçonnait : c'était important. Qui était Jim et pourquoi Michelle avait-elle conduit Alex dans le bureau de cet homme ? Elle ne voulut pas continuer à interroger Alex, elle se reprochait déjà de l'avoir bousculé. Mais elle n'avait ersonne d'autre à qui poser ses questions. Elle ne connaissait pas les amis de Michelle, elle ignorait si l'ex de ean avait des parents dont elle avait été proche, et même si c'était le cas, elle n'était pas sûre que Michelle eur en aurait parlé. Il n'y avait qu'un endroit où elle pouvait peut-être obtenir un début de réponse. -- Tu vas à quelle école, Alex ? 31 Il fallait absolument trouver Gourou. Le problème, c'était qu'il n'avait apparemment pas envie qu'on le trouve. Entre Karen et les fichiers de l'ATF, nous avions une bio à peu près correcte, quoique incomplète, de 'individu. Pennebaker et Walker - Gourou et Wook -, deux gars du coin qui s'étaient retrouvés à Camp endleton, où ils avaient rejoint les rangs de la 1re division de Marines. Ils avaient tous deux servi en Irak en 003 et 2004, d'abord contre la Garde républicaine irakienne puis contre des rebelles plus combatifs et plus angereux, un mélange de miliciens locaux et de mercenaires étrangers qui se détestaient mutuellement et ont le seul lien était leur haine commune des troupes américaines et britanniques en Irak. Fait plus important, ennebaker et Walker s'étaient battus côte à côte à Falloujah, pendant l'opération Phantom Fury, une semaine e combats de rues sanglants et sordides qui avait profondément marqué tous ceux qui y avaient participé. Ils vaient tous deux réussi à rentrer en Californie avec leurs quatre membres intacts et de bons états de service, ais selon tous les témoignages, c'étaient des hommes changés et désillusionnés qui avaient quitté l'Irak. Des ommes aigris et en colère, selon Karen. Ils avaient démissionné de l'armée dès qu'ils avaient débarqué sur le ol des Etats-Unis et avaient regagné le comté de San Diego. Peu de temps après, ils fondaient les Aigles de abylone. C'était Pennebaker, semblait-il, qui avait trouvé le nom du club. Deux ou trois camarades de guerre s'étaient joints à eux, ainsi que le jeune frère de Pennebaker, Marty, ui glandait depuis un moment et subsistait tant bien que mal. Les deux visages de la galerie de photos du lub-house qui ne correspondaient pas à un des cadavres retrouvés sur place, c'étaient eux, les frères ennebaker. Un an après la création du club, suite à une bagarre avec une bande de motards rivale, Marty 'était vidé de son sang dans une ruelle. Pennebaker avait pété les plombs. Il avait retrouvé le type qui avait aigné son frère et l'avait illico transformé en bouillie. Puis il avait surpris tout le monde en se livrant à la police. Au procès, deux éléments avaient joué en sa faveur. Le motard qu'il avait tué était une ordure reconnue, vec un casier long comme un rouleau d'essuie-tout. En outre, l'histoire de Pennebaker avait touché les jurés, à ne époque où l'opinion estimait que le gouvernement ne s'occupait pas des anciens combattants avec 'attention qu'ils méritaient. Gourou avait été condamné à sept ans de prison pour homicide involontaire. Il en vait purgé quatre seulement, à Ironwood, avant d'être libéré pour bonne conduite. Au printemps dernier. Depuis, il avait disparu. L'ATF n'avait pas la moindre idée de ce qu'il était devenu. Selon Karen, il était sorti de prison avec une ouvelle façon de voir les choses et ne voulait plus avoir rien à faire avec le club. Toujours selon Karen, il avait encontré Walker une fois et il avait mis les bouts. Plus de traces. Rien. Il avait disparu des écrans radar. Je tenais plus encore à le retrouver. Il pouvait nous aider à mettre la main sur le Mexicain en nous révélant our qui Walker et lui avaient travaillé autrefois. Et le fait qu'il ait soudain tout plaqué aiguisait ma curiosité. ennebaker s'évapore et il arrive toutes sortes d'ennuis à ses anciens copains motards. Ça pouvait être une oïncidence. Il y en a vraiment, parfois. Je ne le saurais qu'après l'avoir retrouvé.