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Un bon petit diable dans la chambre; il y trouva Mme Mac'Miche seule, se débattant dans son lit, gémissant, disant des phrases incohérentes, dans un véritable délire.

Publié le 11/04/2014

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Un bon petit diable dans la chambre; il y trouva Mme Mac'Miche seule, se débattant dans son lit, gémissant, disant des phrases incohérentes, dans un véritable délire. Betty était absente. Charles approcha et chercha à la calmer. Elle ouvrit des yeux effarés, le regarda, eut l'air de le reconnaître et lui fit voir ses mains vides. «On vous a ôté votre or? demanda Charles. Madame Mac'Miche:--Tout, tout. Plus rien! Ils ont tout volé. L'or, la clef, tout. Charles:--Mais qui vous a volé l'or et la clef? Madame Mac'Miche:--Charles! Ce Charles maudit, qui est l'ami des fées; ils ont tout pris! Deux grands génies noirs! Les amis de Charles! Oh! mon or! mon pauvre or!» Elle retomba sur son oreiller, recommença ses cris et ses hurlements. Charles était fort embarrassé, ne sachant que faire, ignorant qui avait enlevé les rouleaux d'or. Faute de mieux il essaya de lui donner à boire comme il l'avait déjà fait; après lui avoir préparé un verre d'eau de groseilles il le lui présenta; elle le saisit, le regarda et le lança au milieu de la chambre, en disant: «Ce n'est pas mon or! Je veux mon or!» XVIII. JULIETTE LE CONSOLE, REPENTIR DE CHARLES Charles s'assit en face du lit de la malheureuse folle et réfléchit. Il se souvint des nombreuses vengeances qu'il avait exercées contre elle, de la joie qu'il avait éprouvée en lui parlant de ses cinquante mille francs; et en observant le bouleversement que cette révélation avait opéré dans l'esprit de Mme Mac'Miche, il se souvint des représailles auxquelles il s'était livré à chaque injustice ou violence dont il avait été victime. Il se souvint des conseils sages et modérés de la bonne Juliette, et il regretta de les avoir repoussés. Le délire, l'agonie de cette méchante femme, éveillèrent des remords dans cette âme naturellement droite et bonne. Il s'accusa d'avoir provoqué ce délire en lui faisant croire à ses relations avec les fées. Il se repentit et il pleura. Après avoir pleuré, il pria; agenouillé près du lit de cette femme dont la bouche vociférait des imprécations, il pria pour elle, pour lui-même; il implora le pardon du bon Dieu pour elle et pour lui. Quand Marianne vint savoir des nouvelles de sa cousine Mac'Miche, elle trouva Charles priant et pleurant encore. Surprise et effrayée, elle le releva. «Qu'as-tu, mon Charlot? Est-elle morte? Où est Betty? (Mme Mac'Miche était étendue pâle et sans mouvement; son délire avait cessé.) Charles:--Elle vit encore mais elle dit des choses horribles! Elle demande son or, elle crie au voleur, elle blasphème contre le bon Dieu. Et je priais pour elle... et pour moi qui ai contribué à la mettre dans ce terrible état. Je ne sais où est Betty. Quand je suis entré, ma pauvre cousine était seule et en délire. Marianne:--Pauvre Charlot! Tu as bon coeur! C'est bien d'avoir prié pour elle! Tu avais été si malheureux chez elle! Charles:-Mais je l'ai tant fait enrager de moitié avec Betty! Je crains d'avoir contribué à sa maladie. XVIII. JULIETTE LE CONSOLE, REPENTIR DE CHARLES 71 Un bon petit diable Marianne:--Si tu as contribué à sa maladie, tu vas contribuer à sa guérison par les soins que tu lui donneras. Où comptais-tu aller en sortant d'ici? Charles:--Chez Juliette, qui est seule depuis longtemps, et que je devais rejoindre dans une demi-heure. Marianne:--Eh bien, mon ami, pour commencer ton expiation, avant de rentrer, va chercher le médecin; tu lui diras que je l'attends ici; et tu lui expliqueras l'état dans lequel tu as trouvé ta cousine. Charles:--Oui, Marianne, j'y cours... Pauvre femme, dit-il en jetant un dernier regard sur Mme Mac'Miche, comme elle est affreuse! Quel rire méchant elle a! Tenez, elle ouvre les yeux! Voyez comme elle les roule! Marianne:--Il est certain qu'elle a le regard... d'un diable, pour dire les choses telles qu'elles sont... Oui, tu as raison... Pauvre femme!... Que Dieu daigne la prendre en pitié! Je la crois bien malade; et peut-être après le médecin faudra-t-il le prêtre.» Charles courut sans reprendre haleine jusque chez le médecin, auquel il expliqua la position alarmée de Mme Mac'Miche et l'attente de sa cousine Marianne. Le médecin hocha la tête, et dit qu'il la considérait comme perdue par suite de l'exaltation où la mettait la restitution des cinquante mille francs opérée par le juge de paix; il promit d'y retourner dès que son souper serait fini. Charles se retira fort triste et se reprochant amèrement d'avoir provoqué cette restitution par sa lettre à M. Blackday. En rentrant, il ouvrit lentement la porte, et vint prendre place près de Juliette. «C'est toi enfin, mon bon Charles! dit Juliette dès qu'il eut ouvert la porte. Comme tu as été longtemps absent! Que s'est-il donc passé? Tu es triste, tu ne me dis rien. Charles:--Je suis triste, il est vrai, Juliette; ma pauvre cousine est bien mal, et j'ai des remords d'avoir contribué à sa maladie par les peurs que je lui ai faites, les contrariétés que je lui ai fait supporter, et par-dessus tout par la part que j'ai prise dans la démarche du juge, il lui a enlevé ce qu'elle avait à moi. Le médecin dit que c'est ça qui lui a donné le délire, la fièvre, ce qui la tuera peut-être! Et c'est moi qui aurai causé sa mort. J'ai bien prié le bon Dieu pour elle et pour moi, Juliette! Juliette:--Oh! Charles, que je suis heureuse de t'entendre parler ainsi! Quel bien me fait ce retour sérieux à de bons sentiments! Je l'avais tant demandé pour toi au bon Dieu!... Tu pleures, mon bon Charles? Que Dieu bénisse ces larmes et celui qui les répand.» Charles pleurait en effet; il se jeta au cou de Juliette, qui mêla ses larmes aux siennes; et il pleura quelque temps encore pendant que son coeur priait et se repentait. Juliette:--Charles, prends mon Imitation de Jésus-Christ, et lis-en un chapitre; cela nous fera du bien à tous les deux.» Charles obéit et lut avec un accent ému un chapitre de ce livre admirable. Quand il eut fini, il se sentit remis de son trouble. Juliette était calme. «Sais-tu, lui dit-elle, que lors même que tu n'aurais rien dit, rien demandé de la fortune que t'a laissée ton père, Marianne en avait déjà parlé au juge; et pendant que tu étais dans ton affreux Fairy's Hall, ils en avaient parlé sérieusement: Marianne avait remis au juge le reçu de Mme Mac'Miche, et M. Blackday s'était croisé avec une lettre du juge qui lui demandait des renseignements sur les sommes qui t'appartenaient et que retenait XVIII. JULIETTE LE CONSOLE, REPENTIR DE CHARLES 72

« Marianne:—Si tu as contribué à sa maladie, tu vas contribuer à sa guérison par les soins que tu lui donneras. Où comptais-tu aller en sortant d'ici? Charles:—Chez Juliette, qui est seule depuis longtemps, et que je devais rejoindre dans une demi-heure. Marianne:—Eh bien, mon ami, pour commencer ton expiation, avant de rentrer, va chercher le médecin; tu lui diras que je l'attends ici; et tu lui expliqueras l'état dans lequel tu as trouvé ta cousine. Charles:—Oui, Marianne, j'y cours...

Pauvre femme, dit-il en jetant un dernier regard sur Mme Mac'Miche, comme elle est affreuse! Quel rire méchant elle a! Tenez, elle ouvre les yeux! Voyez comme elle les roule! Marianne:—Il est certain qu'elle a le regard...

d'un diable, pour dire les choses telles qu'elles sont...

Oui, tu as raison...

Pauvre femme!...

Que Dieu daigne la prendre en pitié! Je la crois bien malade; et peut-être après le médecin faudra-t-il le prêtre.» Charles courut sans reprendre haleine jusque chez le médecin, auquel il expliqua la position alarmée de Mme Mac'Miche et l'attente de sa cousine Marianne. Le médecin hocha la tête, et dit qu'il la considérait comme perdue par suite de l'exaltation où la mettait la restitution des cinquante mille francs opérée par le juge de paix; il promit d'y retourner dès que son souper serait fini. Charles se retira fort triste et se reprochant amèrement d'avoir provoqué cette restitution par sa lettre à M. Blackday.

En rentrant, il ouvrit lentement la porte, et vint prendre place près de Juliette. «C'est toi enfin, mon bon Charles! dit Juliette dès qu'il eut ouvert la porte.

Comme tu as été longtemps absent! Que s'est-il donc passé? Tu es triste, tu ne me dis rien. Charles:—Je suis triste, il est vrai, Juliette; ma pauvre cousine est bien mal, et j'ai des remords d'avoir contribué à sa maladie par les peurs que je lui ai faites, les contrariétés que je lui ai fait supporter, et par-dessus tout par la part que j'ai prise dans la démarche du juge, il lui a enlevé ce qu'elle avait à moi.

Le médecin dit que c'est ça qui lui a donné le délire, la fièvre, ce qui la tuera peut-être! Et c'est moi qui aurai causé sa mort.

J'ai bien prié le bon Dieu pour elle et pour moi, Juliette! Juliette:—Oh! Charles, que je suis heureuse de t'entendre parler ainsi! Quel bien me fait ce retour sérieux à de bons sentiments! Je l'avais tant demandé pour toi au bon Dieu!...

Tu pleures, mon bon Charles? Que Dieu bénisse ces larmes et celui qui les répand.» Charles pleurait en effet; il se jeta au cou de Juliette, qui mêla ses larmes aux siennes; et il pleura quelque temps encore pendant que son coeur priait et se repentait. Juliette:—Charles, prends mon Imitation de Jésus-Christ, et lis-en un chapitre; cela nous fera du bien à tous les deux.» Charles obéit et lut avec un accent ému un chapitre de ce livre admirable.

Quand il eut fini, il se sentit remis de son trouble.

Juliette était calme. «Sais-tu, lui dit-elle, que lors même que tu n'aurais rien dit, rien demandé de la fortune que t'a laissée ton père, Marianne en avait déjà parlé au juge; et pendant que tu étais dans ton affreux Fairy's Hall, ils en avaient parlé sérieusement: Marianne avait remis au juge le reçu de Mme Mac'Miche, et M.

Blackday s'était croisé avec une lettre du juge qui lui demandait des renseignements sur les sommes qui t'appartenaient et que retenait Un bon petit diable XVIII.

JULIETTE LE CONSOLE, REPENTIR DE CHARLES 72. »

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