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64 Les deux hommes de main au visage dur m'attachèrent les mains derrière le dos avec des menottes en ylon avant de nous sortir de la cellule, Stephenson et moi.

Publié le 06/01/2014

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64 Les deux hommes de main au visage dur m'attachèrent les mains derrière le dos avec des menottes en ylon avant de nous sortir de la cellule, Stephenson et moi. Nous avons emprunté un couloir humide surmonté d'une voûte centenaire. Il s'ouvrait de part et d'autre sur ne série de portes dont les gonds et les serrures étaient semblables à ceux de la cellule que nous venions de uitter. Je soupçonnais que c'était l'endroit où Navarro avait enfermé les savants qu'il avait kidnappés au cours es mois et des années. Mais je ne vis aucun d'entre eux. L'endroit était silencieux et l'on y ressentait une ntique solennité - ce qui, eu égard à l'usage qu'on en faisait, semblait assez pervers. Au bout du couloir, on nous fit monter un escalier qui donnait lui-même sur un autre corridor, long et étroit. elui-ci en revanche était surmonté d'un toit plat au-dessus d'une rangée de fenêtres à claire-voie. La lumière u soleil inondait les murs de stuc beige. La chaleur et l'odeur de l'air renforcèrent immédiatement mes oupçons. Il semblait bien que nous étions sur le territoire de Navarro. Pas très loin de la mer, sans doute. Ce ui ne m'était pas très utile. Même si c'était vrai, je ne voyais pas ce que j'aurais fait d'une telle information. Nous avons traversé une pièce où semblait exposé je ne sais quel mécanisme antique, peut-être des eules du siècle dernier. Je me dis que nous nous trouvions dans une ancienne usine, ou un établissement gricole ou industriel, ce qui voulait dire que Navarro, quel que fût cet endroit, vivait au grand jour, au milieu de ens qui ignoraient sa véritable identité. On nous fit passer une porte au cadre d'acier, qui donnait sur une salle à double hauteur sous plafond. Des etites fenêtres étaient percées à quatre mètres du sol. Les murs étaient couverts de rayonnages vides et éfraîchis évoquant une vieille bibliothèque. L'homme que j'avais aperçu au refuge, dans le noir - et à l'envers , était assis dans l'unique fauteuil placé au milieu de la pièce. Raoul Navarro, sans l'ombre d'un doute. El Brujo. J'avais enfin l'occasion de contempler le barbare sans âme qui était à l'origine de tous nos ennuis, et je ravai dans ma mémoire le moindre de ses traits. Qui sait ? Même si je ne parvenais pas à l'arrêter dans cette vie, peut-être aurais-je, un jour d'une prochaine existence (si tout ce qu'ils disaient était vrai), l'occasion de me mesurer à lui. Il portait des vêtements décontractés mais coûteux, et il respirait la propreté - aux antipodes de l'état où je me trouvais moi-même. Avant de lever les yeux sur nous, il lisait un livre. En y regardant attentivement, je vis qu'il s'agissait du journal que j'avais vu dans le labo de McKinnon, cinq ans plus tôt. Il avait suivi mon regard. -- Vous vous souvenez de ça, hein ? Je me rappelais que nous l'avions emporté, cette nuit-là. Je me rappelais aussi comment il l'avait repris à Corliss. Mais j'avais des questions bien plus pressantes à poser : -- Où sont Alex et Tess ? fis-je en me portant vers lui. Un des hommes de main me rattrapa et me tordit méchamment l'épaule. La douleur me paralysa. -- Ils vont bien, répondit froidement Navarro. Pourquoi ça n'irait pas ? J'ai besoin d'eux. Vous feriez mieux de vous inquiéter de votre sort, l'ami. C'est vous, ici, qui n'avez aucune valeur. Il regarda de nouveau le journal. -- C'est drôle de voir comme les choses ne changent jamais vraiment, même après toutes ces années... Il agita légèrement le journal. -- Ce jésuite, Eusebio de Salvatierra... il voulait emporter sa découverte en Europe et la partager avec le monde entier. Il voulait que l'on sache que la mort n'est pas la fin de tout. Mais on l'en a empêché. Il me regarda, d'un air curieux. -- Pourquoi les gens s'accordent-ils toujours le droit de dicter à autrui ce qu'il a le droit ou pas le droit de faire pour lui-même ? Je restai impassible, puis je feignis de comprendre : -- C'est une question rhétorique, ou vous attendez vraiment une réponse ? Ça ne sembla pas l'amuser. -- Eusebio a dû s'enfuir et se cacher, et il n'a jamais pu propager sa grande découverte. Il n'a plus fait rien 'autre que d'écrire dans ce journal, jusqu'à la fin de ses jours. Il sourit. -- J'ai l'intention de finir ce qu'il a commencé. -- C'est donc ça, le but ? Aider le reste de l'humanité à perdre l'esprit ? Il me jeta un regard narquois. -- Perdre l'esprit ? Est-ce que vous avez lu ça, au moins ? Je secouai la tête, soudain mal à l'aise. -- Non. C'est la DEA qui l'avait. Ils nous ont dit que c'était parfaitement inutile, qu'il n'y avait là absolument ien qui présente le moindre intérêt... -- Inutile ? répéta Navarro en souriant à nouveau. Peut-être. Mais intéressant, sûrement... très intéressant, ême. La seule chose qu'on ne dit pas, malheureusement, c'est comment fabriquer cette saloperie de rogue... -- Quelle drogue ? demanda Stephenson. Quel effet produit-elle, au fait ? -- Oh, je crois que vous devriez apprécier cela, docteur, plus que n'importe qui. Cette drogue, cette concoction miraculeuse sur laquelle sont tombés par hasard Eusebio et McKinnon... Elle permet... elle vous permet de revivre vos vies antérieures. 65 Les derniers mots de Navarro restèrent suspendus dans l'air comme les balles de revolver dans les films e la série Matrix. Stephenson et moi en restions cois. Ce qui sembla réjouir Navarro au plus haut point. -- Vous voyez ? Votre réaction, amigos, montre bien pourquoi elle va avoir un succès à tout casser, pourquoi tout le monde va vouloir l'essayer, même des gens qui ne se droguent pas d'habitude. Parce que c'est exactement ce qu'elle fait. Le voyage mental ultime. Elle vous embarque des années, des décennies, voire des siècles dans le passé... Elle vous fait vivre des moments d'existences que vous ignoriez avoir vécues. C'est comme un voyage dans le temps à l'intérieur de votre crâne, vers des endroits réels, des souvenirs, des sentiments et des gens réels... C'est comme un rêve, mais bien plus clair, plus vivant, et... et ce n'est pas imaginaire. Ce que vous ressentez est vraiment arrivé... -- Comment le savez-vous ? demandai-je. Comment savez-vous que ce n'est pas un effet de l'imagination ? -- Oh, je connais la cryptomnésie, rétorqua-t-il en se tournant vers Stephenson en quête d'une confirmation. Je connais tous les arguments contre la « régression vers la vie antérieure »... que tout ce qu'on e rappelle sous hypnose n'est rien d'autre que des choses au hasard, qu'on a lues ou vues à la télévision, u'on a entendues puis oubliées, des souvenirs perdus depuis longtemps que la thérapie par régression va hercher dans les replis de notre esprit pour les ramener à la surface. Mais ce ne sont pas des fantasmes. royez-moi. J'en ai pris. Je l'ai essayée, et plus d'une fois. Et je connais la différence entre un fantasme et la éalité. Ce que cette drogue met au jour, ce que vous ressentez... l'émotion, la richesse de l'expérience, la récision des détails, jusqu'aux odeurs... Cela dépasse l'imagination. Comme si vous y étiez. Et c'est palpable. 'est assez précis pour vous donner envie de faire des recherches. Des souvenirs, des noms et des endroits récis. C'est ce que j'ai fait. J'ai creusé. -- Vous avez fait des recherches sur les vies antérieures que vous avez revécues sous l'emprise de la rogue ? demanda Stephenson. La fierté éclaira le visage de Navarro. -- Bien sûr. Il toisa Stephenson, comme pour le défier de poser la question suivante. Ce que fit le psy, sans attendre : -- Et alors ? -- J'ai découvert qui j'ai été. Où et quand j'ai vécu. J'ai fait des découvertes... étonnantes. La révolution... a lutte contre les rurales. Et avant cela, ici même, dans cet endroit... Il écarta les bras, nous montra les murs qui nous entouraient. -- Cette hacienda. Pourquoi croyez-vous que je l'ai achetée ? Pourquoi croyez-vous que j'ai choisi cet endroit ? J'étais ici, fit-il en souriant. Dans ce lieu précis, il y a cent ans. Je travaillais comme esclave dans les hamps alentour, récoltant le cactus henequen pour le compte de Don Francisco Mendoza, le hacendado. Je peux vous expliquer comment fonctionnait la déchiqueteuse que vous avez vue en arrivant, tout à l'heure. Je peux même vous dire quel bruit elle faisait. Et je peux vous assurer que je ne savais rien de cet endroit, ni de Mendoza ni du henequen avant d'essayer la potion magique de McKinnon. Absolument rien. Est-ce que vous pouvez m'expliquer comment cela aurait été possible, sans cette drogue ? A l'écouter, j'étais étourdi. Si tout cela était vrai, ça changerait toutes les règles du jeu, à tous points de vue. Mais nous n'en étions pas là. Cet homme était un psychopathe, et il ne lui coûterait pas de mentir. Pour un vrai sceptique comme moi, il faudrait plus que le discours d'un narco cinglé pour me convaincre que toute cette histoire était vraie. Mais si c'était vrai... les conséquences étaient inimaginables. Je jetai un coup d'oeil vers Stephenson. Il était très concentré, visiblement impressionné par ce qu'il entendait. J'étais mal à l'aise. Navarro agitait devant lui le gros lot qu'il avait attendu toute sa vie. La preuve de la réincarnation. La justification de l'oeuvre d'une vie. Je me demandai si mon compagnon de cellule n'était pas sur le point de rejoindre le côté sombre. -- Vrai ou faux, dis-je, il ne va pas être facile de le prouver. Navarro haussa les épaules. -- Quand des milliers de personnes commenceront à en prendre, ils se poseront des questions sur ce qu'ils ont vu, ils feront des recherches et je parie qu'ils trouveront assez de preuves pour comprendre que ce qu'ils ont vu a vraiment eu lieu. Le spectacle sera sûrement très drôle. Et même s'il est impossible de le prouver, même si certains continueront d'affirmer obstinément que ça n'existe que dans notre imagination... peu importe. Ce ne sera rien que plus qu'un foutu trip. Sans doute meilleur que ce qu'offre n'importe quel autre cachet. Je comprenais la logique de son discours. Qu'elle permette ou non aux consommateurs de plonger dans leurs vies antérieures - en supposant que ce soit possible -, il serait de toute façon difficile d'y résister. Stephenson me surprit. Il n'était pas aussi emballé que je l'avais cru. -- Fondamentalement, c'est donc une sorte d'alcaloïde psychoactif ?
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« — Quelle drogue ?demanda Stephenson.

Queleffetproduit-elle, aufait ? — Oh, jecrois quevous devriez apprécier cela,docteur, plusquen’importe qui.Cette drogue, cette concoction miraculeuse surlaquelle sonttombés parhasard Eusebio etMcKinnon… Ellepermet… ellevous permet derevivre vosvies antérieures.. »

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