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8 -- Mich, reste avec moi, OK ?

Publié le 06/01/2014

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8 -- Mich, reste avec moi, OK ? Tiens bon. Toutes sortes de gros jurons défilaient dans ma tête. Je saisis fébrilement mon portable, tout en continuant à rouler. Au moment où j'appuyais sur le bouton vert pour recomposer le dernier numéro appelé, Michelle releva la tête. Elle avait les yeux mi-clos, la bouche tordue par la douleur, et la pellicule de sueur sur son visage s'était transformée en longues coulées. La poitrine à présent inondée de sang, elle avait passé son bras droit autour 'Alex, terrifié, et le serrait contre elle. Ses yeux s'agrandirent et fixèrent les miens. Elle commença à dire uelque chose mais dut s'interrompre quand elle toussa et cracha du sang. Ma gorge se serra. -- Tiens bon, chérie, répétai-je. -- Reilly ? fit la voix de Villaverde dans le téléphone. -- David, je suis avec Michelle, elle est blessée, on a besoin d'aide. Je suis dans une voiture avec elle et on gosse... J'inspectai les environs, cherchant des repères à lui donner. -- ... sur le front de mer, on roule vers l'ouest. -- Vous êtes poursuivis ? Je regardai dans le rétroviseur, ne vis pas trace de l'équipe de tueurs. -- Non. Mais il faut que je l'amène à l'hôpital, vite ! J'entendis Villaverde s'adresser à un de ses hommes puis il revint en ligne. -- OK, vous devez être dans Harbor Drive, ce qui veut dire que l'hôpital le plus proche pour vous... Il s'interrompit pour réfléchir. -- Presse-toi, bon Dieu ! explosai-je. Elle perd son sang ! Quelque chose attira alors mon attention, dans le ciel, à ma gauche. Un avion de ligne s'apprêtant à tterrir. -- On laisse tomber l'hôpital. Je suis près de l'aéroport. Mon regard balaya la route et, comme je l'escomptais, un grand panneau suspendu indiquait une sortie, our le Terminal 2, en l'occurrence. -- Fais envoyer une ambulance devant le Terminal 2 ! Je suis dans une Ford bleue... -- Ne quitte pas. David lança l'ordre de joindre le service d'aide médicale urgente de l'aéroport avant de revenir à moi : -- Et vos agresseurs ? -- J'en ai buté un sur le parking, il restera peut-être encore quelque chose de lui quand tes gars arriveront, ais les autres se seront envolés. -- D'accord, je te tiens au courant. Et bonne chance pour Michelle. Je lançai le téléphone sur le siège d'à côté et accélérai. En doublant plusieurs voitures moins rapides, je odifiai la position du rétroviseur pour voir le visage de Michelle. -- On y est presque, Mich. Tu m'entends ? On y est presque. Elle luttait pour garder les yeux ouverts. Oppressé, je glissai la Ford entre une suite de taches floues avant de quitter la route à six voies et de 'engager dans la rampe courbe menant au terminal. Une minute plus tard, je me garai le long du trottoir près 'un flic de la circulation ébahi. Je descendis de voiture et inspectai la rampe dans les deux sens pour voir si les secours arrivaient. Pas race de l'ambulance. -- Une ambulance est en route ! lançai-je au flic en ouvrant la portière arrière de la Ford. Essayez de avoir où elle est, c'est une urgence ! Lorsque je me penchai à l'intérieur de la voiture, ce que je découvris me glaça. Michelle ne bougeait plus, a respiration était réduite à un faible sifflement. Du sang mêlé de salive coulait de sa bouche et la banquette tait trempée. Doucement, je relevai son tee-shirt pour regarder la blessure. Juste sous le sein gauche, il y avait une revasse sombre d'où s'échappait un sang épais. Je plaquai ma main dessus, pressai pour arrêter l'hémorragie n redoutant la souffrance que j'allais faire subir à Michelle. Comme je m'y attendais, elle tressaillit. De mon utre main, je caressai sa joue pâle et moite, sans être sûr qu'elle le sentirait. Mon regard quitta sa figure pour escendre jusqu'à Alex, blotti sous le bras de sa mère, le visage baissé, les yeux fermés. Il tremblait iolemment. Je tendis vers lui une main hésitante, arrêtai mon geste avant de le toucher. -- Ça va aller, lui dis-je du ton exaspérant que nous prenons pour débiter ce genre de platitudes. Elle va 'en sortir. Il demeura un moment immobile, recroquevillé sur lui-même, puis m'adressa un infime hochement de tête vant de retomber dans son isolement. Le sang chaud de Michelle continuait à couler entre mes doigts. Une sirène se rapprocha. -- Les voilà, Mich, tu entends ? L'ambulance arrive. Ses paupières se relevèrent à demi, son regard se noua au mien. Ses traits se crispèrent quand elle tenta e parler mais elle ne parvint qu'à tousser et cracher du sang. Je me penchai de nouveau vers elle. -- Ne dis rien, chérie. Accroche-toi, tu seras bientôt dans l'ambulance. Elle fit un nouvel effort mais les mots moururent dans sa gorge. La sirène se faisait plus forte. -- Oui, mon coeur ? Elle ouvrit grand les yeux, comme au prix d'un effort surhumain, et murmura d'une voix sifflante : -- Alex... Veille... veille sur lui... -- Bien sûr. Hé, je ne vais nulle part, ajoutai-je avec un sourire qui se voulait rassurant. On reste avec toi, ous les deux. L'ambulance s'arrêta derrière nous. Quelques secondes plus tard, les infirmiers examinaient Michelle. Mes ripes se tordirent quand je vis leur expression devant son visage blême, la quantité de sang tachant la anquette. Tandis que des curieux de plus en plus nombreux faisaient cercle autour de la voiture, j'aidai les eux hommes à soulever Michelle et à l'étendre sur une civière, gardai Alex près de moi et m'arrangeai pour u'il ne puisse pas voir sa mère pendant que les infirmiers s'occupaient d'elle. Ce que je captais des mots qu'ils échangeaient n'avait rien de rassurant. -- Elle a une grave hémorragie interne, m'expliqua finalement l'un d'eux en enfonçant une deuxième ntraveineuse dans le bras de Michelle. Je ne peux pas vous dire quel organe est touché mais on ne peut rien aire ici, il faut l'opérer. A ce moment, des bips retentirent et un des infirmiers lâcha : -- On la perd... Le premier lança une réanimation cardiorespiratoire tandis que son collègue scrutait l'intérieur de la bouche e Michelle pour l'intuber. Je reculai d'un pas, les observai en silence. Tout mon corps tressaillait chaque fois ue Michelle se convulsait sous leurs compressions. Je maintenais Alex tourné vers moi pour qu'il ne puisse as voir ce qui se passait, espérant de toutes mes forces qu'ils parviendraient à la sauver, tout en sachant au ond de moi que c'était impossible. Impuissant, incapable d'intervenir pour refaire de Michelle la femme ascinante et vibrante de vie qu'elle était, je sentais un flot de rage monter entre mes tempes et presser à les aire craquer. Puis les bips cessèrent, firent place à un morne bruit continu. Celui qui devait être l'interne se tourna vers moi et hocha la tête, avec un regard sombre qui pénétra au lus profond de moi, déchiquetant tout sur son passage. 9 -- Comment est-ce qu'ils l'ont retrouvée ? Nous étions au « ranch », en l'occurrence les locaux du FBI à San Diego, un bâtiment trapu de verre et de éton à trois kilomètres à l'est de Montgomery Field. Villaverde et moi nous trouvions dans son bureau du euxième et dernier étage. J'avais passé un long moment à expliquer à deux inspecteurs de la Criminelle ce qui 'était passé, à leur décrire les tueurs de mon mieux. Je me sentais à la fois épuisé et furieux, la tête lourde et mbrouillée, comme si on avait injecté de la mélasse sous mon crâne. -- Ils l'ont peut-être suivie depuis chez elle, suggéra David, appuyé au bord de son bureau. Grand et mince, le teint basané, des cheveux d'un noir de jais rabattus en arrière, on aurait dit une pub mbulante pour le FBI. J'imaginais que les bureaucrates l'adoraient et pour être juste, d'après ce que j'avais vu usque-là, c'était un type franc et efficace. -- Elle m'a assuré que non, répondis-je, plus sèchement que je n'aurais dû. Michelle aurait repéré une ilature. Après ce qui s'était passé, elle s'attendait à être suivie. -- Et son téléphone ? -- Elle a enlevé la batterie après m'avoir appelé. -- Elle a peut-être téléphoné de l'hôtel à quelqu'un d'autre. Ma tête oscilla de gauche à droite. -- Sûrement pas. C'était une pro. Elle n'aurait jamais couru ce risque, pas après ce qu'elle venait de subir. Villaverde haussa les épaules. -- On le saura bientôt. Si elle a appelé quelqu'un, ce sera sur le relevé téléphonique de sa chambre. Une autre possibilité s'accrochait à moi. -- Il y a combien d'hôtels et de motels autour de l'aéroport, d'après toi ? -- J'en sais rien. Pas tant que ça. Pourquoi ? Tu penses qu'ils l'ont retrouvée en en faisant le tour ? -- Quand elle m'a téléphoné du centre commercial, elle m'a dit qu'elle chercherait à se planquer près de 'aéroport. S'ils ont intercepté cet appel... il leur suffisait de chercher une femme et un gosse sans bagages et ans carte de crédit. Ils ont peut-être eu un coup de pot. -- Si ça s'est passé comme ça, on retrouvera une trace sur son portable. Il décrocha le téléphone de son bureau, appuya sur deux touches. -- Je demande au labo de vérifier. Pendant que Villaverde donnait son coup de fil, je regardai par la baie vitrée, silencieux et bouillonnant de age. Le soleil s'était couché depuis longtemps, la nuit avait pris les commandes, lugubre et oppressante. Les ampadaires du parking presque désert projetaient une faible lueur. Il n'y avait pas de lune dans le ciel, pas de umière au bout du tunnel angoissant que cette journée était devenue. C'était comme si la nature elle-même onspirait pour aviver mon sentiment de perte. -- Je ne comprends pas, fis-je, exaspéré. D'après Michelle, ils n'étaient pas venus pour la tuer : un des ypes l'a eue un bon moment dans sa ligne de mire mais n'a pas tiré. -- L'un d'eux a peut-être fait une connerie, avança mon collègue en raccrochant. Tu l'as dit toi-même : ça linguait de partout. Il marqua un temps, l'air incertain, ajouta : -- La balle qui a tué Michelle t'était peut-être destinée. Mon estomac s'emplit d'acide. C'était une question que je m'étais posée, tout comme je m'étais interrogé près coup sur chacun de mes actes, sur chaque décision que j'avais prise après l'appel de Michelle. -- Ouais, c'est réconfortant, grommelai-je, tentant de chasser ma colère et mes remords pour me oncentrer sur ce qu'il fallait faire. OK, qu'est-ce qu'on a, à part le portable de Michelle ? Les vidéos des améras de surveillance de l'hôtel, les balles retrouvées chez elle et à l'hôtel... Quoi d'autre ? Des empreintes igitales ? Du sang des agresseurs ? -- On a pas mal d'ADN sur quoi travailler, répondit Villaverde. Recueilli dans la maison et dans le bazar ue vous avez laissé sur le parking. Je ne sais pas ce qu'on peut tirer des vidéos, mais les gars du labo tapent e qu'ils ont dans les fichiers de recherches criminelles. -- Les voisins ? -- Les flics de la Crim les interrogent depuis que Michelle a appelé le 911, mais je ne compte pas trop làessus. Qu'est-ce que ça peut leur donner ? L'immatriculation de la camionnette ? Je me rappelais avoir vu le véhicule des agresseurs sur le parking de l'hôtel, mais dans le feu de l'action je 'avais pas relevé le numéro. Sans intérêt, d'ailleurs. La camionnette avait probablement été volée ou louée ous une fausse identité. -- J'ai besoin que tu ailles jeter un oeil au trombinoscope, dit Villaverde, se référant aux photos nthropométriques informatisées. Une corvée qui ne m'enchantait pas. J'acquiesçai de la tête en m'efforçant de me rappeler ce que j'avais perçu des visages de ces hommes et ce que leur comportement m'avait appris sur eux. Ils étaient coriaces, écidés, savaient travailler en équipe. -- Ils ont deux gars hors circuit, grièvement blessés ou plus probablement morts.

« Ses paupières serelevèrent àdemi, sonregard senoua aumien.

Sestraits secrispèrent quandelletenta de parler maiselleneparvint qu’àtousser etcracher dusang.

Jeme penchai denouveau verselle. — Ne disrien, chérie.

Accroche-toi, tuseras bientôt dansl’ambulance. Elle fitun nouvel effortmaislesmots moururent danssagorge.

Lasirène sefaisait plusforte. — Oui, mon cœur ? Elle ouvrit grand lesyeux, comme auprix d’un effort surhumain, etmurmura d’unevoixsifflante : — Alex… Veille… veillesurlui… — Bien sûr.Hé,jene vais nulle part,ajoutai-je avecunsourire quisevoulait rassurant.

Onreste avectoi, tous lesdeux. L’ambulance s’arrêtaderrière nous.Quelques secondesplustard, lesinfirmiers examinaient Michelle.Mes tripes setordirent quandjevis leur expression devantsonvisage blême, laquantité desang tachant la banquette.

Tandisquedescurieux deplus enplus nombreux faisaientcercleautour delavoiture, j’aidailes deux hommes àsoulever Michelleetàl’étendre surune civière, gardaiAlexprès demoi etm’arrangeai pour qu’il nepuisse pasvoirsamère pendant quelesinfirmiers s’occupaient d’elle. Ce que jecaptais desmots qu’ils échangeaient n’avaitrienderassurant. — Elle aune grave hémorragie interne,m’expliqua finalementl’und’eux enenfonçant unedeuxième intraveineuse danslebras deMichelle.

Jene peux pasvous direquel organe esttouché maisonnepeut rien faire ici,ilfaut l’opérer. A ce moment, desbips retentirent etun des infirmiers lâcha: — On laperd… Le premier lançauneréanimation cardiorespiratoire tandisquesoncollègue scrutaitl’intérieur delabouche de Michelle pourl’intuber.

Jereculai d’unpas,lesobservai ensilence.

Toutmon corps tressaillait chaquefois que Michelle seconvulsait sousleurs compressions.

Jemaintenais Alextourné versmoipour qu’ilnepuisse pas voircequi sepassait, espérant detoutes mesforces qu’ilsparviendraient àla sauver, toutensachant au fond demoi que c’était impossible.

Impuissant, incapabled’intervenir pourrefaire deMichelle lafemme fascinante etvibrante devie qu’elle était,jesentais unflot derage monter entremestempes etpresser àles faire craquer.

Puislesbips cessèrent, firentplace àun morne bruitcontinu. Celui quidevait êtrel’interne setourna versmoiethocha latête, avec unregard sombre quipénétra au plus profond demoi, déchiquetant toutsurson passage.. »

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